Croissance partagée : pour la mise en place d'une vraie industrie de transformation en Afrique

Mardi 1 Mai 2018 - 13:00

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Le président de Croissance Peace, Ludovic Emanuely, a organisé, le 26 avril, à l'Assemblée nationale, la 3e conférence internationale sur la croissance partagée avec l’Afrique, en présence du député Guillaume Gouffier-Cha, de la commission de la défense. Le thème de la rencontre était "L’industrialisation de l’Afrique". 

Guillaume Gouffier-Cha a rappelé le noble projet que constitue la croissance partagée, ses idées innovantes et le partage de la langue française en Afrique subsharienne. Il a appelé à conserver la relation de confiance avec l'Afrique et s'est montré favorable à des changements sur le développement partagé entre le continent noir et la France, par le transfert de connaissances, de produits et la transparence.

Le député a également rappelé les défis que l'Afrique doit relever, climatique, social, l'accès aux soins universels, la démocratie et le respect des droits humains, le terrorisme, l'égalité entre les hommes et les femmes - notamment l'accès des femmes à l'éducation, la lutte contre la mutilation sexuelle, l'accès à l'emploi.

Pour Ludovic Emauuely, "il est urgent de trouver des solutions pour que l'Afrique et la France croissent ensemble". Il a invité à mettre en exergue le bon sens africain, insistant surtout sur la priorité que constituent ces 4T : "Transparence des technologies, Transformation (des produits en Afrique), Transfert inter-afrique, puis international, et Transparence.
L'ancien Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, a partagé avec l'assistance sa vision de l'industrialisation de l'Afrique, continent le plus déficitaire d'industries dans le monde, "le dernier continent à s'industrialiser", soulignant les causes endogènes et exogènes. Il a cependant noté certaines avancées qui donnent à espérer, notamment les défis politiques relevés par l'ex-Organisation de l'unité africaine, devenue l'Union africaine, la fin de la lutte contre l'apartheid et la fin de la guerre froide. 

"Entre-temps, nous avons nourri les industries du septentrion, au détriment de nos propres développements", a déclaré Lansana Kouyaté, appelant à la mise en place d'une vraie industrie de transformation en Afrique, "aux produits toalement achévés, ayant des avantages sur la distribution, l'emploi, la qualité et la quantité...", citant l'exemple des produits comme le cacao et le diamant exportés bruts. L'ancien Premier ministre guinéen a relevé la part de responsabilité de l'Europe dans sa coopération avec l'Afrique et demandé au tranfert des industries du septentrion (agriculture, énergie, services...), sachant la place essentielle qu’occupe l’industrialisation pour le développement du continent. Il a invité au rééquilibrage des rapports commerciaux entre les deux continents. 

Pour le ministre malien de l'Economie et des finances, Boubou Cissé, il est difficile d'avoir "un partage industriel"  à un niveau continental, compte tenu de l'hétérogénéité des pays et également du fait que l'industrialisation est d'abord privée, locale. Puis, il a souligné la "nuisibilité" des Accords de partenariat économique au développement de l'Afrique, surtout "pas d'industrialisation sans capitaine d'industrie locale"
Boubou Cissé voit la pertinence du système d'industrialisation locale, dès lors qu'il y a refus de "clonage". Il regrette que les industries minières étrangères ne créent pas d'emplois en Afrique, s'appuyant sur le cas de son pays le Mali, producteur d'or. Le ministre malien de l'Economie et des finances a vanté la transformation structurelle du Rwanda et de l'Île Maurice - à l'image des pays est asiatiques-, "leur dynamique d'innovation, sans calque et sans peur de la compétition".  Des initiatives locales abondent pour transformer structurellement le continent. Boubou Cissé a critiqué "les pays africains qui continuent à faire du copier-coller" car, selon lui, "les recettes standards n'ont aucun intérêt".

Le recteur  de l'académie de Paris, Gilles Becou, est revenu sur la transformation de connaissance et ses trois priorités, en matière de développement intégré et commun: "la mobilisation dans le développement scientifique, culturel, avec une réciprocité partagée; le programme d'accueil des étudiants étrangers; la mise en place des lycées technologiques et l'enseignement professionnel; le numérique (eau, l'environnement, l'énergie, l'hôtellerie et la restauration )". Il a plaidé pour la prolifération des savoirs, la professionnalisation, la solidarité internationale en matière de santé car, pour lui, il n' y a pas de démocratisation sans accès aux soins. 

 

Noël Ndong

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