Culture : Pierre Claver Mabiala, homme de l’ombre et de lumières

Vendredi 3 Janvier 2020 - 16:55

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Pierre Claver Mabiala est de ceux pour qui l’art relève de la conscience du monde, du rapprochement des populations. Il est cet homme de culture infatigable, appliqué généreusement à faire briller les autres.

 

Aussi discret et humble qu’il soit, Pierre Claver Mabiala est un homme de l’ombre que la lumière des projecteurs traque pourtant sans cesse.  Il faudrait noircir des dizaines et des dizaines de pages pour écrire le parcours de cet homme de culture, né à Pointe Noire un mois de juillet en 1973. Dès ses 13 ans, l’âge auquel il se forme au théâtre, jusqu’à cette fin d’année 2019, son itinéraire relève plus d’un roman d’aventures couronné de succès au pays des arts et autres coins du globe que d’un simple article de presse et c’est à s’y perdre dans toutes les « casquettes » qu’il porte avec élégance depuis plusieurs décennies. 

Comédien au théâtre, acteur au cinéma, metteur en scène, danseur, manager culturel, formateur, directeur depuis 2005 de l’incontournable Festival international des musiques et des arts de Pointe Noire Ndji Ndji, fondateur et directeur de l’Espace culturel Yaro au quartier Loandjili, producteur de spectacles, fait chevalier des arts et des lettres de la République Française à la case De Gaulle à Brazzaville en juillet dernier, élu quatre mois plus tard à Abidjan président d'Arterial Network, réseau regroupant divers et nombreux acteurs culturels originaires de tout le continent africain, de toutes ces casquettes  - dont certaines peut être ici oubliées - on ne sait plus laquelle lui sied le mieux.

« Malgré la crise, le bilan est positif »

Ses voyages incessants aux quatre coins du globe ont fait de lui un citoyen du monde, yeux aiguisés sur toutes les cultures, idées façonnées au delà des frontières, passion et professionnalisme soudés d’un seul bloc. Et chacun d’admirer la pertinence de chacun de ses propos, tant l’art est maîtrisé sur le bout de ses doigts, ancré au fond du cœur.  Alors que s’achèvent les fêtes de l’année 2019, où Pierre Claver Mabiala aura proposé le 27 décembre au public de l’Espace Yaro de chanter et danser aux sons des merveilles du passé avec l’artiste Justin Obela et où il aura  joué le rôle de Polonius dans le superbe et grandiose spectacle Hamlet Fabrik lors du festival Mantsina sur scène, Pierre Claver Mabiala tire un bilan de la culture congolaise pour l’année qui vient de s’écouler : «  Malgré la crise qui affecte le mécénat et le sponsoring depuis quelques années, déboussolant ainsi l’accompagnement et le soutien aux artistes et affaiblissant toute la chaîne de valeur de l’industrie culturelle, les artistes ont su maintenir une dynamique de la vie artistique Que cela soit pour la musique, le cinéma, le théâtre, les arts plastiques ou le slam.  Au niveau des évènements culturels, les festivals se sont tenus malgré la rareté des financements, cela a permis aux créateurs de s’exprimer et d’échanger avec ceux venus d’autres pays. Sur le plan international, la culture congolaise a aussi fait entendre sa voix car nos artistes de toutes les disciplines ont été présents sur les scènes et espaces internationaux : Que ce soit par exemple pour la Biennale de Bamako et Dak’Art pour les arts plastiques, le parlement du rire à Abidjan pour les comédiens.  Festivals et salles en Afrique comme en Europe ont accueilli des artistes et productions congolaises. Certains acteurs majeurs de la culture au Congo ont même été distingués à l’international, sans compter que la diaspora congolaise s’est également illustrée avec beaucoup de dynamisme. Le bilan est donc positif et l’aurait été sans doute encore plus si la partition de l’état avait été bien jouée, ne serait-ce qu’en tenant une édition du Fespam par exemple ».

« Plusieurs défis à relever »

Regard posé sur le calendrier 2020, Pierre Claver Mabiala a, d’un point de vue personnel, déjà un planning surchargé qui ne semble pas l’effrayer : « En tant qu’Espace Yaro, nous allons poursuivre notre développement à travers nos multiples projets comme le  Festival N’sangu Ndji Ndji , le projet  Pointe Noire, ville carrefour des arts en Afrique centrale afin d’accueillir plus d’artistes et projets de la sous-région sur la scène internationale et procéder à l’ouverture de l’Institut Koré des arts et métiers. Nous avons également le partenariat avec le Centre dramatique national de Rouen en France, la collaboration permanente avec l’Institut français de Pointe Noire, la Fondation Festival sur le Niger, au Mali. Autant d’actions culturelles pour nous rapprocher des populations. J’ai également plusieurs défis à relever avec notamment le leadership au niveau d’Arterial Network, dont je suis le président, qu’il faut consolider », ajoute-t-il. S’il existe, entre ombres et lumières,  un homme de culture en cette République du Congo,  Pierre Claver Mabiala est assurément celui là.

 

 

 

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Pierre Claver Mabiala

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