Danse traditionnelle : Chao s’estime heureux malgré son handicap

Jeudi 30 Janvier 2020 - 20:45

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Yokas Bokenengué Léandre Gabriel, dit Chao, est artiste-danseur et  chorégraphe. Estropié, il fait également des costumes et le maquillage de scène. Arrivé dans la danse par conviction, il est l’un des piliers de Kingoli Akoua, un groupe de musique traditionnelle basé à Brazzaville.

Privé de sa deuxième jambe en 1982 à la suite d'un accident sur une barge au port ATC Brazzaville, Chao a débuté sa carrière musicale juste après l’opération qui lui a causé le handicap dont il porte encore des stigmates. Depuis le lit de l’hôpital, il disait  : « Je dois faire la danse.» Il fera ses premiers pas vers la fin des années 90 par Ebouka et simultanément avec le groupe Empire etumba pona ba weyi de Mossaka présidé par son père.  Après cette épreuve, plus rien ne pouvait se passer comme avant. « J’avais honte parce que je marchais avec les béquilles. Il est arrivé une année où les amis se sont mis à se moquer de moi dans le bon sens. Ils voulaient que je laisse les béquilles pendant que je dansais », a-t-il expliqué.

Lors d’une production de Kingoli, à la surprise du public, il lâchait ainsi pour la première fois les béquilles devant un monde émerveillé. Et depuis là, c’était parti. Grâce au groupe Kingoli Akoua, il a effectué plusieurs voyages en  Libye et à l’intérieur du pays. Il a bénéficié dans le cadre de la danse tradi-contemporaine de trois voyages en France le 29 mars au 5 juin 2010 ; le deuxième du 11 octobre au 11 novembre de la même année et le troisième du 2 avril au 2 juillet 2011. 

Lorsqu’il est arrivé en France, Chao a été consulté par un médecin à Villiers Saint-Denis, en banlieue parisienne. Il a payé tous les frais mais l'artiste n'a pas pu pas se faire porter sa prothèse parce que le séjour était arrivé déjà à la fin. Il était  obligé d’attendre la prochaine occasion pour entrer en possession de cet objet indispensable à ses mouvements. Depuis quelques mois, l’autre pied lui fait mal et perd parfois de sensibilité au niveau des nerfs, un autre mal le gagne aussi au niveau des reins. Une situation qui lui cause des insomnies. 

Chao multiplie des tours à l’ambassade de France pour chercher le visa mais en vain alors que les convocations ne font que venir du centre hospitalier qui va le traiter. La prothèse est finie. Il butte donc à l’obtention du visa pour la France alors qu’il s’y est déjà rendu plus d’une fois. Il a reçu quatre refus. «Le médecin m’a envoyé tous les documents attestant que je suis attendu en France pour le port de la prothèse. Mais on m’a flanqué quatre refus comme si, une fois arrivé en France, je vais fuir. Sans même me donner d’explications », a-t-il confié avant d’ajouter : « Je garde toujours espoir. J’ai pris un avocat sur la place de Paris plus précisément à Château Rouge, Me Bayonne ». Notons que Chao était en 1987, membre de la chorale Angelus de Fatima avec les Roga-Roga, Espé Bass… Il est actuellement à la direction technique du groupe Kingoli Akoua et, au-delà de son handicap, l’homme s’estime heureux.                                                                                                                                                                                                                                                                  

Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

L'artiste Chao

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