David Bitsindou : « Si le sélectionneur vient me voir jouer, je ne le décevrais pas »

Samedi 6 Février 2016 - 11:38

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La saison reprend son cours en Finlande avec la Coupe de la Ligue. Pour leur premier match, David Bitsindou, 26 ans, et son club ont battu les Tampereen Ilves (3-1). L’occasion pour le natif de Fontenay-sous-Bois, en région parisienne, de se présenter au grand public congolais.

Les Dépêches de Brazzaville : David, vous avez repris la compétition samedi (ndlr : 30 janvier) avec ton club. Tu avais des fourmis dans les jambes ?

David Bitsidou : Oui, ça fait du bien de retrouver la compétition. On était en préparation depuis deux semaines. Avec mon club, le PS Kemi Kings, on vient d’enchaîner deux montées en deux ans. Du coup, cette Coupe de la Ligue est un bon test pour nous, sachant que le championnat reprend en avril.

LDB : Cette Coupe de la ligue finlandaise, c’est un tournoi qualificatif pour la Coupe d’Europe ou c’est un tournoi de préparation ?

D.B : C’est davantage un tournoi de chauffe, avec des règlements un peu spéciaux : par exemple, on a le droit d’aligner deux joueurs hors contrats. Seules les équipes de première division la dispute, dans un système de groupes. Et le gagnant ne remporte rien de particulier.

LDB : Avant de débuter cet entretien, tu m’expliquais que durant l’hiver, qui est long et vigoureux en Finlande, vous jouez dans des immenses bulles. Peux-tu nous expliquer ça ?

D.B : C’est assez particulier. Il s’agit d’immenses bulles gonflées avec des énormes ventilations. Quand on rentre, il y a le choc thermique, puisqu’on passe de -15 ou -20 dehors à une dizaine de degrés à l’intérieur. Ensuite, ça résonne beaucoup, puisque c’est fermé. Donc, c’est bizarre, mais on s’habitue.

LDB : Cela a aussi des incidences sur les règles du jeu…

D.B : Oui, sur les dégagements en particulier. Lorsque l’on touche le toit, qui n’est pas très haut, ça donne un coup-franc à l’adversaire. Du coup, on doit s’adapter et éviter d’abuser du jeu long. Surtout nous, les défenseurs.

LDB : Selon toi, quel est le niveau du championnat de première division finlandaise ?

D.B : Je dirais haut de tableau de National, voir Ligue 2. En Finlande, il y a des joueurs de Championship (ndlr : 2e division anglaise) ou de Ligue 1 qui viennent jouer ici, comme le Nigérian Taiwo (ndlr : ex Marseille et Milan AC). Par contre, c’est vrai que le championnat n’est pas très suivi en dehors de la Finlande, donc on manque d’exposition.

LDB : Que peut viser le PS Kemi Kings dans cette première division, après deux montées successives ?

D.B : Au début, quand on passe de la troisième à la première division en si peu de temps, on se dit que le maintien, c’est déjà bien. Mais, en même temps, le club est dans une bonne dynamique, avec des bonnes recrues. Du coup, on vise le haut du tableau, pourquoi pas le top 5 (ndlr : sur 12).

LDB : Quel a été votre calendrier depuis votre titre de champion de 2e division, le 17 octobre ?

D.B : Les joueurs finlandais, qui habitent sur place, ont repris début décembre. Pour les étrangers, il y avait une rallonge pour profiter de la famille jusqu’en janvier.

LDB : Comment gère-t-on une coupure de plusieurs mois sans compétition ?

DB : c’est vrai que deux mois et demi, c’est un peu long. En même temps, ça permet de couper mentalement et physiquement. L’an passé, on a joué de février à octobre, sans pause. Donc, ça fait du bien de couper. Après pour meubler, certains joueurs partent en prêt, surtout en Angleterre, où ils pratiquent les prêts de courte durée, d’un ou deux mois.

LDB : De ton côté, ça  été la participation au tournoi de la République, à Brazzaville, pour lequel le coach Ngoya t’avait sélectionné dans l’équipe de la diaspora. Quel bilan humain et sentimental en tires-tu?

D.B : Très fort. Je n’étais pas revenu au pays depuis l’âge de 7 ans et c’était assez énorme émotionnellement, avec beaucoup de souvenirs d’enfance qui me sont revenus à l’esprit.

LDB : Et sportivement ? ?

D.B : Bon, on était un peu déçu de nos résultats, mais on ne se connaissait pas trop, puisqu’on avait eu très peu de séances communes. côté ambiance, c’était assez incroyable avec un stade bien rempli. De belles sensations de joueur de football et une immense fierté de m’entraîner avec le maillot du Congo. Ça donne des envies pour la suite, je me dis que ça ouvre peut-être la porte pour l’équipe nationale.

LDB : ça donne des idées pour la suite ?

D.B : Sans prétention aucune, je me pense sélectionnable, puisque j’évolue désormais dans un championnat de première division. Certes, c’est la Finlande, mais on affronte des équipes qui ont des internationaux, qui jouent les barrages pour la Ligue des champions et l’Europa Ligue. Le niveau est intéressant. Maintenant, je sais qu’il faut que je le prouve sur le terrain, qu’il ne suffit pas de le décréter. Si le sélectionneur vient me voir, je ne le décevrais pas.

LDB : Lorsque l’on fait des recherches sur toi, on lit que tu es défenseur central ou latéral droit. Des deux postes, quel est celui que tu  préfères ?

D.B : Depuis que je suis tout petit, je joue défenseur central. Mais depuis mon arrivée en Finlande, il m’arrive d’évoluer au poste de latéral droit. La saison dernière, j’ai alterné, mais cette saison, le coach veut me laisser dans l’axe.

LDB : L’exercice n’est pas évident, mais comment te définirais-tu ?

D.B : Je dirais que j'ai une bonne qualité de jeu long mais j’essaye de privilégier le jeu court avec les latéraux et milieux de terrain. J'ai une bonne vision du jeu, qui me permet aussi d'anticiper les phases offensives et de couvrir mes autres défenseurs. Défensivement dans les duels, je suis solide et je parle beaucoup sur le terrain.

LDB : Tu découvres la première division sur le tard, à 26 ans, après avoir pas mal voyagé dans des divisions inférieures. Tu croyais encore au haut niveau ou tu t’étais fait une raison ?

D.B : Je ne me suis jamais découragé et j’ai toujours cru en mes qualités, avec le soutien de ma famille. Mon parcours, un peu atypique, est une motivation supplémentaire aujourd’hui : je sais comment je suis arrivé là et ça me pousse à tout faire pour aller encore plus haut.

LDB : Comment expliques-tu cette éclosion de tardive ?

D.B : Moi j’ai fait toutes mes classes en district. Et quand tu n’es pas passé par un centre de formation, c’est pas évident d’intégrer le monde professionnel. Quand tu demandes à un club de faire un essai en CFA ou en CFA 2, on regarde ton CV et on te répond que tu n’as pas d’expérience à ce niveau. Je n’avais peut-être pas le niveau ou la condition physique nécessaires, mais comme on ne m’a jamais donné ma chance, on ne pouvait pas savoir.

LDB : Quand on joue en Finlande, à quoi peut-on prétendre ensuite ? Vers où regardes-tu pour la suite de ta carrière ?

D.B : Il y a des passerelles avec l’Angleterre. Avec mon agent, c’est vers là que l’on se projette. Surtout que j’y ai déjà joué, à l'époque en division amateure. Mon objectif, c’est d’y jouer en professionnel, que ce soit Ligue Two, Ligue One ou Championship. La Premier League, ça sera peut-être un peu serré, mais je veux retourner en Angleterre.

LDB : Un retour en France est envisageable ?

D.B : Pourquoi pas ? ça serait une petite revanche pour moi, mais surtout la preuve que rien n’est impossible. Quand on travaille et qu’on ne baisse pas les bras, on peut arriver au haut niveau.

LDB : Tu connais des joueurs de la sélection congolaise ?

D.B : Je ne les connais pas personnellement, mais je suis leurs performances dans les médias, sur les réseaux sociaux et je regarde de près les résultats de la sélection. Avec une énorme envie de les rejoindre.

Propos recueillis par Camille Delourme

 

 

 

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: David Bitsindou et son club, le PS Kemi, n'ont pas manqué leur début en Coupe de la Ligue, qui sert de préparation au championnat finlandais (droits réservés) Photo 2: Avec 22 matchs joués sur 27, David Bitsindou a contribué au titre de champion de deuxième division du PS Kemi en octobre dernier (droits réservés) Photo 3: David Bitsindou a participé au tournoi de la République, en novembre dernier, et ambitionne de revenir jouer au pays...avec le maillot des Diables rouges (crédits photo Ghislain Kwamy) Photo 4: Passé par la France, la Bulgarie et l'Angleterre, le Franco-Congolais a atteint le haut niveau en Finlande. Et ne veut pas en rester là (droits réservés)

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