Denis Sassou N’Guesso : « la révolution numérique est, pour notre continent, un réel espoir »

Mercredi 22 Juillet 2015 - 0:00

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C’est l’une des phrases les plus importantes prononcées par le chef de l’Etat congolais à l’ouverture, mardi 21 juillet à Brazzaville, de la 4ème édition du Forum Forbes Afrique qu’organise le magazine francophone éponyme. Cette année; l'évènement est consacré à la révolution numérique sur le continent. 

Devant les présidents ivoirien Alassane Ouattara et ghanéen John Dramani Mahama ainsi que de nombreuses influentes personnalités africaines et internationales issues des mondes économique et politique, Denis Sassou N’Guesso a donné le ton à ce forum organisé sur « La révolution numérique : accélérateur de la croissance africaine. » 

« Ce thème nous place au cœur des principaux défis auxquels est confrontée l’Afrique dans son processus de développement », a souligné le président congolais en ouvrant les assises. Malgré un retard considérable qui se traduit par un faible taux de pénétration de l’internet, estimé à seulement 18% contre 78% pour l’Europe occidentale, et le manque d’infrastructures viables, l’Afrique est le continent où la révolution numérique se vit avec effervescence. Avec plus de 700 millions d’abonnés mobiles - plus que les Etats-Unis et l’Europe - un taux de connexion qui explose et des revenus issus d’Internet qui représentent déjà 3,7% du PIB du continent africain -plus de trois fois la part qu’ils représentent dans les économies développées-, le réseau tisse rapidement sa toile.

L’internet et le téléphone mobile font sûrement office de locomotive de cette révolution et c’est grâce à ces outils que les sociétés vivent ce changement. Pourtant, a rappelé Denis Sassou N’Guesso, pour que cette révolution soit effective, il faut que les Etats africains résolvent plusieurs questions dont celle, fondamentale, des infrastructures.  

Aucun développement, en effet, n’est imaginable sans le numérique, rappelait déjà d’entrée de jeu Sylvain Lekaka, président du Conseil d’administration de Forbes Afrique. « Si l’épine dorsale de l’économie africaine est la matière première, mais son développement dépend du développement numérique », a-t-il précisé.

Des initiatives africaines insuffisantes

De grands défis restent à relever, notamment en matière d’infrastructures. Mais les progrès d’Internet en Afrique constituent d’ores et déjà un formidable moteur de croissance inclusive pour le continent. Il faut donc les capitaliser car le numérique pourrait booster la croissance en améliorant, par exemple, l’accès aux services bancaires à travers le mobile banking et l’e-commerce. Pour Abdoulaye Bio Tchané, Président du Conseil d’administration du Fonds africain de garantie et ancien ministre de l’Economie et des finances du Benin, tout est possible si l’Afrique dénoue les questions d’infrastructures, d’éducation, de formation et de sécurité car la cybercriminalité peut ruiner les économies africaines. « En Afrique du Sud, les cyber crimes ont fait perdre à l’économie  573 millions de dollars », précise-t-il.

Des initiatives encourageantes sont visibles dans la plupart des pays à l’image du Kenya et du Rwanda qui ont construit des programmes entiers de développement numérique. Au Congo, a souligné Denis Sassou N’Guesso, la révolution numérique se construit à travers une cyberstratégie nationale qui récolte déjà les fruits. On observe 30% du taux de pénétration internet contre un peu  moins il y a 6 ans. La  connexion à la fibre optique est effective depuis 2012. 1500 Km de fibre ont déjà  été implémentés depuis Pointe-Noire au Nord du Pays, a rappelé Thierry Moungalla, ministre des Postes et Télécommunications, qui intervenait au premier panel axé sur les infrastructures.

La Cote d’Ivoire a fait de l’économie numérique sa priorité, a démontré pour sa part le président Alassane Ouattara dont le pays vit effectivement l’e-gouvernement avec, à titre d’exemple, des conseils de ministres qui se tiennent tantôt à distance. « Nous voulons faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent d’ici à 2020 et sans internet on ne peut pas y arriver », a souligné le président ivoirien.

Des thématiques tout aussi importantes ont été développées par des personnalités et experts de plusieurs pays, démontrant la part du numérique comme vecteur de croissance  inclusive pour l’Afrique. Le ministre des Télécommunications de la RDC, Thomas Luhaka, le Dr Kamal Bhattacharya, vice-président d’IBM reseach Afrique, Daniel Cohen, professeur d’économie et Co-fondateur de l’Ecole d’Economie de Paris l’ont bien démontré.

Autres interventions ayant renseigné l'auditoire, celles de Shimon Peres, 9ème président de l’Etat d’Israël, José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne de 2004 à 2014, Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008 ou encore Tony Elumelu, le PDG de Heirs Holdings qui ont souligné l’importance de favoriser "la digitalisation de l’Afrique" mais aussi  l’importance de l’innovation et de l’investissement dans ce domaine.

En plaçant le numérique au cœur de son programme, en regroupant les volontés politiques et privées autour de ce sujet, le Forum économique Forbes Afrique 2015 poursuit son ambition : contribuer à construire les conditions de la confiance et de l’innovation, pour accélérer l’émergence du continent. 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

1- Denis Sassou N'Guesso a l'ouverture du Forum Forbes Afrique 2015 2-les Interventions lors du panel 2

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