Développement industriel : vers la fin des importations du ciment au Congo

Samedi 25 Novembre 2017 - 12:45

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Longtemps dépendant d'un produit qui venait aussi bien des pays d’Afrique, d’Europe que d’Asie, le Congo qui vient de se doter d’une quatrième cimenterie atteint aujourd’hui une production annuelle de 2,550 millions de tonnes pour des besoins estimés à 1,200 million de tonnes l’an.

La capacité dont dispose le pays à ce jour offre une disponibilité et une accessibilité en ciment capables de mettre un terme aux importations (près de 5 000 tonnes par mois) de ce produit de base en matière de construction d’infrastructures et des habitats.

« Nous espérons que l’entrée en production de notre usine contribuera à réduire et éventuellement à mettre un terme aux importations de ciment au Congo et dans les autres pays environnants », a souligné le président de Dangote Cement, Aliko Dangote, lors de l’inauguration, le 23 novembre, de cette cimenterie par le président de la République, Denis Sassou N’Guesso.

La montée en gamme de l’industrie du ciment, avec à ce jour cinq cimenteries, soit quatre actuellement opérationnelles (Sonocc, Forspak, Cimaf et Dangote Cement), en attendant l’entrée en production de Diamont Cement à Mindouli, dans le département du Pool, témoigne de l’élan d’industrialisation voulu par les autorités congolaises engagées dans un processus de diversification de l’économie qui reposait à plus de 80% sur le pétrole.

« Après le pétrole et le bois, voici venue l’ère des importations industrielles appelées à s’inscrire dans la durée », a, en substance, déclaré le ministre d' Etat en charge de l'industrie, Gilbert Ondongo, ajoutant qu’avec « l’entrée en production de la cimenterie Dangote, le Congo sera illico presto pays exportateur de ciment. A pleine capacité, sa production nationale s’élèvera à trois millions deux cent mille tonnes, soit un surplus exportable de deux millions de tonnes l’an ».   

De l’avis des industriels de ce secteur dont les investissements se chiffrent à plusieurs centaines de milliards de FCFA, l’augmentation de la production cimentière permet ainsi de stimuler, à l’heure où le pays fait face à une crise financière, l’économie congolaise tout en préservant les devises qui étaient consacrées aux importations. Mais également de faire baisser et stabiliser le prix de cette matière première car le sac de ciment de 50 kilos, vendu jadis à plus de 5000 F CFA, coûte actuellement 4000 FCFA, voire un peu moins.

Cette capacité devra permettre au pays de réduire tout à la fois le taux d’importation des matériaux de construction, notamment le ciment, mais aussi de faire baisser le prix d’achat de cette matière première.

Par ailleurs, conscient des investissements que représente l’industrie cimentière, le gouvernement s’active à tout mettre en œuvre pour préserver ses acquis à l’heure où la diversification de l’économie congolaise s’avère une porte de sortie face à la crise pétrolière.

Comme approche de solution, le souhait longtemps exprimé par ces industriels est la création, par le gouvernement, d’un cadre légal permettant au secteur industriel local d’accompagner toutes les stratégies de développement du pays, de créer de nombreux emplois et de contribuer à la richesse nationale. Des actions, estimaient-ils, qui contribueront à la mise en place d’un système de prévention des fraudes et de régulation des importations de ciment au niveau des différentes administrations concernées, à savoir les douanes, les finances, le commerce et l’industrie.

Véritable niche d’emplois pour les jeunes, la construction de toutes ces usines de ciment contribue ainsi à lutter contre le chômage. Avec des ambitions de créer quelque mille deux cents emplois directs et indirects pour le cimentier Cimaf, l’usine de Dangote a, quant à elle, démarré ses activités avec cinq cents emplois directs contre deux cent cinquante indirects.

La Bouenza conforte sa vocation de bassin industriel

Disposant à ce jour de quatre grandes industries fonctionnelles, notamment de deux cimenteries (Sonocc et Dangote Cement), Saris Congo et Eco Oil Energy qui œuvrent dans l’agro-industrie, le département de la Bouenza renoue avec sa vocation industrielle qui l’a caractérisé dans les années antérieures avec l’existence de Huilka, Cidolou, Socorem, les minerais de Mfouati et Bongo-Songho ainsi que l’industrie de production du foufou de Mantsoumba, pour ne citer que ces sociétés.

L’élan enclenché par les cimentiers ouvre ainsi la voie à d’autres initiatives en gestation, à l’instar du projet d’exploitation du cuivre et celui de production des noix d’acajou amorcés par des partenaires chinois et dont les coûts des investissements dépassent le cap de quatre-vingts millions de dollars américains.  Leur mise en œuvre effective devrait redorer la cartographie industrielle de ce département. Cependant, le développement industriel appelle à une réelle volonté des gouvernants d’ouvrir davantage le Congo aux investisseurs étrangers, à travers l’amélioration du climat des affaires.

 

 

 

Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

Une vue de la cimenterie Dangote de Yamba; la marque Dangote Cement/ Adiac (Guy-Gervais Kitina)

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