Dialogue inclusif : une lettre ouverte de Firmin Yangambi à Edem Kodjo

Jeudi 14 Avril 2016 - 18:28

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Dans sa démarche, ce prisonnier dit vouloir porter à la connaissance du facilitateur désigné pour ces pourparlers le cas des personnes en détention dans les prisons de la RDC dans des conditions de violations systématiques et délibérés des droits fondamentaux de la personne humaine.

Dans ce document daté du 12 avril et signé par le président de la Fondation Paix sur terre / RD Congo, Firmin Yangambi Libote, l’auteur rappelle à Edem Kodjo que sa mission en RDC, outre les questions liées à une crise politique annoncée et entretenue, comprend également la question de la protection et de la promotion des droits humains. « Aussi est-il de votre devoir envers le peuple congolais qui vous suit attentivement et la communauté internationale qui vous a fait confiance de faciliter la libération sans condition de tous ces êtres humains victimes d’une mécanique de gouvernance inadmissible pour un État moderne et une société civilisée. Il devrait s’agir d’un préalable à tout dialogue en guise de bonne foi de la partie concernée », a-t-il souligné.

Pour Firmin Yangambi, en effet, il est inacceptable que le dialogue qu'Edem Kodjo a la responsabilité de faciliter «ne règle pas la question des prisonniers politiques et autres détenus déshumanisés pendant plus ou moins deux décennies ». « Au fait, un dialogue inclusif, excluant malicieusement des acteurs politiques et des  activistes des mouvements citoyens emprisonnés pour des motifs politiques ne serait-il pas à la fois une arnaque et une imposture? », a-t-il demandé.

Écrire l’histoire de la RDC

Le président de la Fondation Paix sur terre / RD Congo a, par conséquent, exhorté le facilitateur nommé par l’Union africaine, « à contribuer à écrire l’histoire de la paix, de la cohésion et de la justice pour un Congo qui en a grandement besoin aujourd'hui ». « Le rendez-vous de l’histoire est inévitable. Mieux vaut le prendre du côté de la vérité et de la justice », a insisté Firmin Yangambi.

Dans ce plaidoyer, Firmin Yangambi a notamment dénoncé les décisions de la juridiction d’exception, l’ex-cour d’ordre militaire, qui ont également été condamnées par la communauté nationale et internationale. « Des Congolais ont été condamnés entre 1997 et 2003 à des « peines iniques » pour la plupart (peines capitales et réclusion criminelle à perpétuité) par « une cynique juridiction dénommée in illo tempore Cour d’ordre militaire », a-t-il écrit.

Le président de la Fondation Paix sur terre / RD Congo a également regretté que, bien que la loi portant amnistie pour faits de guerre, faits insurrectionnels et infractions d’opinion ait été promulguée par le président de la République depuis le 14 février 2014, des Congolais qui remplissent les conditions de fait et de droit bénéficiaires de ladite loi soient toujours privés de liberté alors même qu’ils aient tous satisfait aux exigences de forme et de procédure fixées par l’arrêté du ministre de la Justice et des Droits humains en vue de la libération. « À l'instar des victimes de la sinistre Cour d’ordre militaire, les bénéficiaires de cette amnistie croupissent toujours en prison plus de deux ans après l’entrée en vigueur de la loi, notamment une trentaine dans la prison centrale de Makala à Kinshasa », a souligné Firmin Yangambi, qui a noté que certains sont morts en prison pour diverses raisons directement ou indirectement imputables au gouvernement de la République qui a préféré garder des personnes légalement amnistiées en otage.

Firmin Yangambi a aussi relevé que des activistes des droits humains, des acteurs des mouvements citoyens et des opposants qui ont juste usé des leurs droits politiques et des leurs libertés publiques pour le triomphe du droit, enlevés et déportés parfois, croupissent certains dans des prisons et d’autres dans des cellules clandestines de tortures des services de renseignements.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Firmin Yangambi

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