Dialogue : la facilitation marque le pas !

Mardi 3 Mai 2016 - 17:31

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Cinq mois se sont écoulés depuis que le chef de l‘État a signé l’ordonnance instituant le dialogue politique sans que des signaux rassurants ne présagent une tenue imminente de ce forum national.  

Où en est-on avec le dialogue politique dont la tenue avait été déclarée imminente ? Cette question vaut la peine d’être posée au regard des atermoiements qui caractérisent, à l’heure qu’il est, la dynamique enclenchée depuis la désignation, par l’Union africaine, du facilitateur à la crise congolaise. Plutôt que de s’accélérer, le processus a tendance à marquer curieusement le pas. Edem Kodjo sur qui reposent désormais tous les espoirs eu égard à sa mission de fédérer un grand nombre d’acteurs politiques congolais autour de l’idée du dialogue dans une perspective d’inclusivité, paraît être bloqué à l’heure qu’il est. L’ancien premier ministre togolais ne donne plus de la voix. Il est devenu aphone depuis qu’il s’est buté à l’obstination de l’UDPS de voir le dialogue se tenir conformément aux exigences contenues dans sa feuille de route du 15 février 2015 qui fait du respect de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba un des préalables.

Bien plus, le parti d’Étienne Tshisekedi tient au strict respect de la résolution 2277 du Conseil de sécurité de l‘ONU s’inscrivant dans la logique du respect des délais constitutionnels. Des exigences, somme toute, contraignantes et qui demandent beaucoup de tacts de la part du facilitateur. Ce dernier a tout intérêt à avoir dans son giron l’UDPS afin de légitimer tant soit peu un dialogue qui n’aurait de sens qu’avec l’implication des grands partis politiques de l’opposition. Comme si cela ne suffisait pas, le parti du « lider maximo » revendique à lui seul le quota de l’opposition au dialogue brandissant la portée historique de son combat pour l’avènement de la démocratie en RDC. L’UDPS veut s’ériger en censeur dans la confection des listes des délégués de l’opposition au comité préparatoire de ces assises en s’interposant notamment dans le choix des personnes à désigner. Une prétention plutôt mal perçue par d’autres partis et regroupements politiques de l‘opposition qui y voient une sorte de diktat mal orienté.

À la Nouvelle classe politique et sociale ainsi qu’à l’opposition citoyenne, on fait fi des ce qu’on qualifie d’intimidations de la part de l’UDPS. Ces deux plates-formes politiques tiennent mordicus à participer à toutes les étapes du dialogue à commencer par le comité préparatoire. Une situation qui, naturellement, est de nature à compliquer la tâche au facilitateur appelé à jouer la carte d’apaisement dans un contexte de reniement et de remise en cause récurrentes des listes établies exacerbé par le dédoublement de quelques partis politiques. Entre-temps, la requête introduite par la majorité à la Cour constitutionnelle pour l’interprétation de l’article 70 de la Constitution tend à rajouter à la confusion en ce sens qu’il s’agit là d’une matière qui pouvait être discutée au dialogue mais qui, hélas, est en passe d’être vidée de sa substance avant même l’amorce des discussions. Cette initiative, à en croire certains analystes, ne favorise pas l’intégration des autres forces politiques de plus en plus méfiantes à intégrer la dynamique du dialogue. Au-delà, il y a tous ces dérapages visant la traque des opposants à mettre à l’actif de la coalition au pouvoir qui ne sont pas de nature à favoriser la décrispation du climat politique dont on a besoin pour gagner le pari de la cohésion nationale que requiert le dialogue.

Face à toutes ces équations insolubles, le facilitateur ne sait plus où donner la tête. De retour à Kinshasa après un déplacement à Addis-Abeba où il est allé faire un rapport à la présidente de la Commission de l’Union africaine sur ses consultations politiques en RDC, Edem Kodjo n’est plus - comme autrefois - au devant de la scène préférant adopter un profil bas. Empêtré dans le bourbier congolais, il lui faut faire preuve d’imagination pour se tirer d’affaires, sinon….   

Alain Diasso

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