Dialogue: la gestion de la primature divise

Mardi 11 Octobre 2016 - 17:52

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L’un des derniers points sur lequel achoppent les discussions concerne le poste de Premier ministre du gouvernement d’union nationale post dialogue que l’opposition réclame à cor et à cri.    

On en est encore à tourner en rond à la Cité de l’Union africaine. Des réunions informelles se succèdent pour tenter de dénouer le nœud gordien qui, pour l’heure, plombe le dialogue entamé, tambours battant, depuis le 1er septembre. L’accord tant attendu, qui devrait rebooster le processus électoral et donner plus d’éclairage quant à la manière de gérer l’après 19 décembre consacrant la fin du mandat constitutionnel de Joseph Kabila, se fait toujours désirer. Des indiscrétions laissent entendre que l’un des derniers points sur lequel achoppent les discussions concerne la primature. S’il est acquis que le pays va inéluctablement basculer dans une période transitoire après le constat de la non-organisation des élections dans le délai constitutionnel, quitte à en déterminer la durée, c’est la gestion de la primature qui, cette fois-ci, pose problème.

L’opposition pro-dialogue continue de faire une fixation à la limite de l'obsession en conditionnant sa signature de l‘accord en gestation par l’obtention du poste de Premier ministre censée lui revenir. Même s’il n’en parle pas souvent, préférant mettre plus d’emphase sur la date précise des élections et de la passation de pouvoir, ainsi que sur les garanties du respect de la Constitution et de la non-représentation de Joseph Kabila pour un troisième mandat, Vital Kamerhe sait qu’il est bien positionné pour prendre la primature. Au nombre des opposants ayant pris part au dialogue, l’élu de Bukavu (troisième avec 1,6 million d’électeurs lors de la présidentielle de 2011) est l’un des rares à justifier d’un poids politique certain avec un parti politique relativement bien représenté au Parlement. L’opposition, qui considère que le gouvernement actuel a échoué dans sa mission de conduire le peuple congolais aux élections cette année, estime qu’il doit rendre le tablier et lui laisser la latitude de conduire la transition jusqu’à la tenue prochaine des élections.

Une perspective que la majorité est loin d’imaginer, elle qui s’en tient à la Constitution. Cette dernière accorde, en effet, le poste de Premier ministre à la majorité au pouvoir. « En réclamant le fauteuil de Premier ministre, l’opposition veut nous amener à violer la Constitution », laisse entendre le sénateur Mulaïla Thenga, cadre de la majorité. À moins, dit-il, que l’opposition au dialogue accepte de rallier le camp présidentiel pour constituer la nouvelle majorité qui va régenter le pays. Toute démarche contraire qui irait dans le sens d’accorder la primature à l‘opposition serait, de son point de vue, anticonstitutionnelle.

 Toutefois, il nous revient qu’aux dernières nouvelles, la majorité aurait évolué dans sa perception de l’enjeu en acceptant finalement le principe de donner le poste de Premier ministre à l’opposition. Treize des dix-sept membres du bureau politique de la MP ont, en effet, estimé qu’il était normal de céder la primature à un opposant et l’autorité morale, à en croire des sources, n’y aurait vu aucun inconvénient. Si cela est le prix à payer pour décanter l’impasse politique actuelle et permettre au dialogue d’avancer vers la conclusion rapide d’un accord, la majorité paraît être prête à assumer une telle option.     

Alain Diasso

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