Dialogue : le parti Conadé appelle Edem Kodjo à se retirer

Samedi 20 Août 2016 - 15:25

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Dans une lettre-interpellation signée le 18 août de la main de son président, Moïse Moni Della, ce parti politique de l’opposition, qui rappelle au Togolais ses échecs dans ses différentes interventions dans des conflits dans des pays africains, vient de faire part de son adhésion à la position du Rassemblement de l’opposition relative à la récusation du Togolais en qualité de facilitateur du dialogue politique attendu en RDC.

Dans une lettre ouverte écrite au facilitateur désigné par l’Union européenne pour la dialogue attendu en RDC, Edem Kodjo, le parti politique Conservateurs de la nature et démocrates, Conadé, lui a rappelé que l’initiative du dialogue tire sa source aux deux événements malheureux qui ont perturbé la quiétude de tout un peuple, jusqu’à provoquer mort d’hommes en RDC. IL s’agit, selon cette formation politique, de la rébellion du M23 dans l’est du pays et le « hold-up électoral orchestré par le pouvoir en place qui a privé la victoire au président Tshisekedi et, par ricochet, à tous ceux qui aspirent au changement en RDC ».  La communauté internationale par l’entremise des accords d’Addis-Abeba ainsi que les résolutions 2098-2277du Conseil de sécurité des Nations unies appelant au dialogue et au respect du délai constitutionnel, a souligné Conadé, s’est accordée pour une convocation du dialogue politique dont l’objectif principal est de créer la cohésion nationale susceptible de juguler la crise de légitimité à répétition en RDC et de permettre au peuple congolais d’accéder à un régime stable avec un leadership fort.

La position du Rassemblement

Conadé note, à l’attention du facilitateur, que fidèle à la position du Rassemblement, il n’était pas prêt à accepter toutes manœuvres dilatoires d’où qu’elles viennent afin de mettre en moule la lutte menée par le peuple de voir le passage civilisé au pouvoir entre le président sortant et entrant en RDC. Ce qui l’amène à se poser des questions sur le respect des résolutions qui seront prises à l’issue du dialogue attendu au pays. « Notre parti se demande si le président Joseph Kabila qui ne respecte pas la Constitution respectera les accords qui seront issus de ce dialogue», s’est dit cette formation politique qui a appelé l’Union africaine (UA) à cesser d’être assimilée au syndicat des dictateurs africains qui arrivent au pouvoir d’une manière anti-démocratique et qui n’ont aucune considération à l’endroit de leur peuple. Ils utilisent l’UA, a regretté cette formation politique, pour se soutenir en se cramponnant au pouvoir.

Tout en restant prudent et vigilant, le Conadé dit réitérer la position du Rassemblement à travers ses préalables de sa participation au dialogue qui tournent autour de la libération des détenus politiques, l’ouverture des médias de l’opposition fermés, de l’arrêt des poursuites judiciaires à l’endroit de son candidat à la présidence de la République, Moïse Katumbi. Mais, pour ce parti, le dialogue serait hors sujet étant donné que « les mesures de décrispation du climat politique exigées par l’opposition à Joseph Kabila ne sont pas prises en compte et qu’au contraire celui-ci plonge curieusement dans les dérives totalitaires et arbitraires ».

Question de confiance

Rappelant à Edem Kodjo son passé, ce parti note qu’il ne s’agissait pas, en RDC, d’un problème de sciences, d’expérience, de compétence ou de valeurs que le Conadé lui reconnaisse mais plutôt d’un problème de confiance sans laquelle il lui serait impossible d’imposer sa médiation. « Il serait souhaitable d’en tenir compte et vous éviterait de porter le chapeau des dégâts collatéraux qui découleraient de l’explosion de cette crise », a insisté ce parti politique, qui justifie également sa position par le fait qu’il se rappelle de sa mauvaise gestion de la crise entre le Maroc et le Sahara occidental sous sa présidence de l’OUA qui a coûté le retrait du Maroc de l’organisation. « En outre, dans votre parcours de facilitateur dans plusieurs pays africains, vous avez toujours démontré votre incapacité à décrisper les crises politiques. Nous citerons le cas du Burundi où vous n’avez pas réussi à mettre au tour d’une table les deux camps protagonistes. Ce qui nous pousse à vous demander de tirer toutes les conséquences qui en découlent et vous prie d’avoir l’élégance de vous retirer pour la bonne et simple raison que votre attitude est, à notre avis, dépourvue de neutralité tant souhaitée par l’ensemble de la classe politique », a conclu le Conadé, qui a noté qu’en gestion des conflits, le principe démontre que dès lors qu’une partie retire sa confiance au médiateur, il n’est pas honorable que celui-ci s’y accroche de peur de donner l’impression d’être corrompu par un camp au conflit.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Moïse Moni Della

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