Dialogue: le premier couac !

Mardi 13 Septembre 2016 - 17:30

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Alors qu’on s’attendait à ce que le dialogue amorce cette semaine son dernier virage devant le conduire à l’adoption  des résolutions après examen en commissions thématiques des matières inscrites à l'ordre du jour, l’opposition a créé la sensation en suspendant lundi sa participation à ce forum.

C’était à la plénière du 12 septembre en commission thématique Élection que l’incident s’est produit laissant pantois tous ceux qui ont adhéré au dialogue. Vital Kamerhe qui passe pour le chef de file de l’opposition en sa qualité de co-modérateur et ses amis ont quitté la salle en guise de protestation contre la position de la majorité en rapport avec la séquence des scrutins à venir. Pour le camp présidentiel, en effet, les élections locales couplées aux provinciales devront être organisées prioritairement avant la présidentielle une fois la révision du fichier électoral terminée. « C’est pour des raisons d’équité et de justice électorale », argumentent les membres de la majorité pour justifier leur choix. Ils expliquent qu’il s’agit là des arriérés électoraux de 2006 qu’il faudrait impérativement liquider pour recadrer le processus électoral et, surtout, pour insuffler le développement à la base au regard de la physionomie actuelle de la Territoriale résultant du dernier découpage.

Une option qui ne passe pas dans le chef de l’opposition qui privilégie plutôt la présidentielle et ce, pour diverses raisons. D’abord, parce que c'est le seul scrutin dont la date butoir est fixée dans la Constitution, ensuite parce que la résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’ONU avait donné la priorité aux législatives et surtout à la présidentielle. La majorité s’en défend : la résolution 2277 n’est qu’une simple recommandation non assortie d’un caractère obligatoire. Et d’ajouter que les questions électorales relevant de la souveraineté d’un pays, il faudra continuer à discuter pour trouver un compromis politique. À l’opposition, l’on ne s’explique pas la volte-face de la majorité dont les délégués avaient promis, à la suite du groupe de soutien et de la facilitation, de respecter cette résolution onusienne à travers la feuille de route consensuelle qui sous-tend le dialogue.

Le fait pour la majorité de chercher à marcher à contre-courant de la résolution 2277 de l’ONU et de la Constitution autour desquelles sont censés graviter ces assises n’est pas du goût de l‘opposition qui a vite fait de se retirer de la commission thématique. « Nous avons compris qu’on veut nous amener dans un chemin sans issue et nous avons donc décidé de suspendre notre participation », a déclaré à la presse Vital Kamerhe qu’entouraient ses pairs de l‘opposition, tous visiblement décidés de ne pas servir de marchepied à la majorité dans son dessein inavoué de conservation du pouvoir. Sans nier la constitutionnalité des élections locales censées booster le développement à la base, l’opposition estime cependant que la primauté de la présidentielle (de loin la moins coûteuse avec une seule circonscription électorale qu’est le territoire national) s’impose pour autant qu’elle est à l’origine de la crise actuelle qui découle de sa non-organisation dans le délai constitutionnel.

Ainsi donc, pense-t-on à l’opposition, il faudrait penser résoudre prioritairement cette problématique qui permettra ensuite de recadrer le processus électoral avec la tenue plus tard des locales et des provinciales. L’option de la majorité de prioriser les locales est perçue comme un piège par l’opposition qui y voit une manière de rallonger le mandat du chef de l’État surtout lorsqu’on connaît la capacité des acteurs politiques congolais à tergiverser et à tirer les choses en longueur.  Cet incident est un coup qui risque d’hypothéquer la suite des travaux quand bien même la majorité tend à le relativiser y voyant plutôt une technique de négociation utilisée par l'opposition juste pour tenter d’imposer son tempo dans un dialogue où elle se sait perdante.

Une équation pour la facilitation obligée de sortir le grand jeu pour tenter de ramener Vital Kamerhe et ses amis à la table de négociation. À quel prix ? pourrait-on s’interroger lorsqu’on sait que la tendance dans le chef de l’opposition est justement d’obtenir une concession de taille de la part de la majorité sur cette question spécifique liée à la séquence des scrutins. D’où les nouvelles consultations qu’amorce Edem Kodjo sur fond des pourparlers engagés avec les parties prenantes ainsi qu’avec le groupe international de soutien en vue de tenter un rapprochement des vues. Il s’agit, pour la facilitation, de créer les conditions propices pour la reprise des travaux actuellement à l’arrêt.

Alain Diasso

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