Dialogue national : 72% de Kinois non informés des résolutions prises

L’actualité en RDC et particulièrement à Kinshasa reste dominée, ces derniers temps, par la crise née de la difficulté de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à organiser les élections présidentielle et législatives dans les délais fixés par la Constitution. Ainsi, pour juguler cette crise, les politiques congolais sont allés au dialogue dont les travaux conduits par le Togolais Edem KOdjo ont été tenus à la Cité de l’Union africaine auxquels ont participé la majorité présidentielle et une partie de l’opposition ainsi que de la société civile. Ces travaux ont donné lieu à un accord politique qui a été signé par les différentes parties prenantes.

Ce dialogue voulu inclusif avait comme objectif de trouver les voies et moyens de l’apaisement pendant cette période, étant donné que les élections présidentielle et législatives n’ont pas été organisées comme le voulait la Constitution.

Plus de trois semaines après la fin de ce dialogue et la signature de l’accord qui avait sanctionné cette fin, il a semblé que la population n’avait toujours pas maîtrisé les résolutions de ce forum. Pour appréhender cette perception de la population par rapport à ce dialogue, l’Institut de sondage Les Points a mené une étude du 9 au 10 novembre auprès de la population kinoise.

Il ressort de cette étude que seulement 21% des Kinois interrogés sont au parfum des résolutions du dialogue national contre 72% qui disent ne pas connaître les contenus des résolutions de ce forum. 7 % de la population se sont abstenus, soutenant qu’ils ne maîtrisent rien de ce forum ni de ses motivations moins encore de ses conclusions.

Donner un Premier ministre et un gouvernement de transition

 L'étude a également révélé que sur les 21% des personnes qui prétendent connaître ces résolutions, 74 % ont retenu que le dialogue organisé à la Cité de l’Union africaine n’avait comme objectif que de donner au pays un Premier ministre, qui sera appelé à former un gouvernement dont la mission serait d’expédier les affaires courantes pendant cette période de transition. Cette portion de la population retient également que c’est à cette fin que ce forum a abouti par l’accord signé.

Cette manque d’information ou cette désinformation est due, a noté l’étude, au manque de communication ou à la faible communication autour de l’accord issu de ce dialogue ou ses résolutions, ainsi que sur les motivations de ce forum. À la place d’une médiatisation sur l’accord issu du dialogue de la cité de l’Union africaine ou de ses résolutions, la population affirme assister à une guéguerre des politiciens autour du choix du Premier ministre et le partage des postes ministériels au sein du gouvernement à former.

Cette étude a également démontré que seuls 16 % de la population savent que l’objectif du dialogue inclusif tenu à la Cité de l’Union africaine était de baliser la voie pour des élections apaisées. Cette portion de la population affirme avoir été informée à partir de la sensibilisation isolée menée par certains partis politiques sur ce sujet.

Il ressort de cette étude que seuls les partis de la majorité se sont livrés à l’exercice de la vulgarisation des résolutions du dialogue, contrairement aux partis de l’opposition qui sont plus préoccupés à la lutte sur le partage des postes ministériels.

Une campagne de vulgarisation très faible

L’étude note qu’à la majorité, seuls trois partis politiques et une plate-forme ont été visibles sur le terrain pour la vulgarisation des résolutions du dialogue. C’est le cas de la plate-forme dénommée « J’aime mon pays et je soutien le dialogue » du ministre Félix Kabange Numbi, qui arrive en première position avec 62%. Elle est suivie de la CNC du député Pius Mwabilu Mbaya, avec 61%, l’UCC du ministre Mende Omalanga, 54%, et le Parti de l’action du ministre Kin Kiey Mulumba, 51%.

Les interrogés ont également relevé d’autres sorties sporadiques des certaines personnalités de la majorité présidentielle sur les chaînes de télévisions et stations de radio.

Dans sa conclusion, l’étude note que la RDC a eu un dialogue dont la majorité de la population n’a aucune information, étant donné que ces travaux n’ont pas été médiatisés et les différentes parties prenantes ne communiquent pas assez ou pas du tout sur les véritables motivations de ce forum.