Diosso : veuves et orphelins édifiés sur leurs droits

Lundi 2 Juillet 2018 - 19:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La cité royale de Mâ-Loango, dans le département du Kouilou, a célébré le 30 juin  en différé  la Journée internationale de la veuve et de l’orphelin organisée par le Groupe de réflexion contre les violences fondées sur le genre que dirige, Jessica Mamoni Goma, procureure de la République près du tribunal pour enfants dans l’objectif d’instruire les veuves et les orphelins de cette contrée sur leurs droits et les informer des voies de recours

L'activité a été organisée par le Groupe de réflexion contre les violences fondées sur le genre que dirige Jessica Mamoni Goma, procureure de la République près le tribunal pour enfants. L’objectif était d’instruire les veuves et les orphelins de Diosso sur leurs droits et les informer des voies de recours possibles.

La cérémonie a donné lieu à une causerie-débat animée par les femmes juristes du Tribunal de grande instance de Pointe-Noire et de la Cour d'appel en vue de recueillir les témoignages des femmes sur le veuvage en milieu rural et sur la succession  après le décès de l’époux. L’activité s'est déroulée à l’esplanade du musée Mâ-Loango, à près de 100 m de la résidence royale. Tout a commencé par un cérémonial de sollicitation des lieux auprès des ancêtres.

 Le nouveau chef du village de Diosso a souhaité la bienvenue à ses hôtes avant la présentation de la situation du veuvage en milieu rural par le conservateur adjoint du musée de Ma-Loango, M. Taty. D’après lui, les veuves subissent des exactions à la suite du décès de leurs époux. Certainement par ignorance de leurs droits, la majorité pense que pendant la veillée, tout se passe bien même quand elle dort sur une natte, a droit à un seul repas, se déplace avec un couteau, ne regarde pas un homme.  Tout le calvaire commence après l’enterrement :  la veuve est abandonnée avec ses enfants par la belle-famille, parfois expulsée de la maison laissée par son ex-époux par les cousins, sœurs ou frères, la parcelle est vendue, pas de pension ni de capital décès. Elle est forcée à se remarier avec le cadet ou cousin de son defunt mari. Des témoignages poignants exprimés en public qui ont soulagé tant soit peu la peine des veuves et des orphélins par l'annonce des voies de recours.

 Satisfaite des échanges avec ces femmes et orphelins du milieu rural, Jessica Mamoni Goma a indiqué que les objectifs sont atteints. « Notre premier objectif était de se rapprocher de la population rurale et, ensuite, de passer un message, leur montrer que même si on est en zone rurale, les lois qui s’appliquent  pour les femmes qui sont en zone urbaine s’appliquent aussi pour celles qui sont en zone rurale. Nous sommes contentes, parce qu’on a pu leur expliquer cela », s’est réjouie la présidente du groupe de réflexion, qui a toutefois souligné la nécessité d’une seconde rencontre. « Nous sommes convaincus qu’au regard des questions posées, tout n’a pas été forcement bien compris mais nous comptons revenir, parce que l’objectif est de poursuivre cet intérêt qui a été manifesté aujourd’hui. On a vu que les femmes, les enfants et même les hommes veulent connaître leur droits », a-t-elle ajouté.

Compte tenu de l’intérêt manifesté par la population, ce groupe de réflexion entend créer une cellule pour favoriser sa compréhension sur ses droits et la possibilité de saisir les juridictions compétentes pour les réclamer en cas d’abus. « Nous envisageons créer une cellule qui pourra être comme un lien privilégié entre nous et la population. C’est la première chose, parce que tout le monde n’a pas la possibilité de venir jusqu’à Pointe-Noire. Nous allons tout faire pour continuer à défendre cet intérêt », a-t-elle poursuivi.

La vulgarisation des textes s’impose  

L’oratrice a indiqué que si la loi concernant la protection de l’enfant attend les textes d’application, les textes qui protègent la veuve et l’orphelin sont vieux. « C’est le premier aspect et le deuxième aspect, nous avons des textes qui ne sont pas connus. Donc, entre autres objectifs que nous avons, c’est de vulgariser ces textes et penser à leur application pour montrer que ces mêmes lois sont applicables en ville que dans les zones rurales », a-t-elle martelé.

De son côté, le premier président de la Cour d’appel de Pointe-Noire, Sylvie Tchignioumba, a appelé les femmes de Diosso à se lever pour mettre fin aux exactions que subissent les veuves et les orphelins, en mettant en application les textes qui les protègent.

Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

La photo de famille des membres de l'association et les veuves de Diosso (Adiac)

Notification: 

Non