Diplomatie : Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire

Vendredi 20 Décembre 2019 - 13:47

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Comme le veut la tradition, le président français fêtera Noël avec des soldats français déployés à l’étranger. Cette année, ce sera en Côte d’Ivoire, un pays avec lequel Paris veut resserrer les liens dans la lutte contre le terrorisme.

Loin des tensions sociales qui agitent la France, le chef de l’Etat respectera une coutume désormais bien ancrée : il partagera le dîner de Noël, préparé par le chef de l’Elysée, Guillaume Gomez, avec un millier de soldats sur la base militaire de Port-Bouët, près de l’aéroport d’Abidjan, où il va atterrir ce 20 décembre en fin d’après-midi.

Après le Niger en 2017 et le Tchad en 2018, il rend visite aux Forces françaises en Côte d’Ivoire, le deuxième contingent de troupes prépositionnées en Afrique après celui de Djibouti. Ces forces servent actuellement d’appui aux troupes luttant contre les groupes djihadistes au Sahel. Le chef de l’Etat français s’entretiendra avec des militaires ayant participé à l’opération dans laquelle sont morts treize soldats en novembre au Mali.

La situation au Sahel, qui inquiète fortement Paris, sera l’un des fils rouges de ce déplacement : Emmanuel Macron fera une courte étape, le 22 décembre, au Niger, pour en parler avec le président Mahamadou Issoufou, avant le sommet prévu en France, le 13 janvier, avec les dirigeants de cinq pays sahéliens.

Le 23 décembre à Abidjan, le président français et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, relanceront le chantier, en panne, de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme.

Côté ivoirien, on salue « l’implication forte de la France pour aider les pays africains à faire face au terrorisme », a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Sidi Touré.

Le pays demeure sous la menace djihadiste, trois ans après l’attaque qui avait fait dix-neuf morts dans la station balnéaire de Grand-Bassam.

« La Côte d’Ivoire est un partenaire fondamental de la France en Afrique », affirme l’Elysée, car « aujourd’hui, l’équilibre de l’économie sahélienne et des mouvements de population (en Afrique de l’ouest) repose très largement sur la stabilité politique et économique » de ce pays.

La visite d’Emmanuel Macron intervient dans un contexte politique tendu en Côte d’Ivoire, à dix mois de la prochaine présidentielle, et près de dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait trois mille morts.

La France meilleure alliée de la Côte d’Ivoire

Le pays a longtemps été le meilleur allié de la France en Afrique, pendant le règne (1960-1993) de Félix Houphouët-Boigny, le « père de l’indépendance ».

Mais les relations entre Paris et son ex-colonie sont devenues orageuses sous la présidence de Laurent Gbagbo (2000-2011) - marquée par l’éclatement d’une rébellion et une intervention militaire française - avec le développement d’un sentiment antifrançais au sein d’une partie de la population.

Pour soigner ces blessures, Alassane Ouattara et Emmanuel Macron présideront, le 22 décembre, une cérémonie en hommage aux neuf soldats français tués en 2004 à Bouaké, la deuxième ville du pays.

« Il y a eu des hauts et des bas dans la relation franco-ivoirienne, mais aujourd’hui elle est au beau fixe », a assuré Sidi Touré.

Toujours en Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron tentera de faire vivre « l’esprit » de son discours de 2017 à Ouagadougou, où il avait redessiné la relation de Paris avec le continent, assurant qu’il n’y avait « plus de politique africaine de la France ».

Ayant fait de la jeunesse et du sport des priorités de cette diplomatie, il se rendra à Koumassi, une commune populaire d’Abidjan, pour inaugurer des infrastructures sportives, en compagnie du footballeur Didier Drogba, ex-idole de l’Olympique de Marseille et de Chelsea.

La jeunesse sera aussi au rendez-vous d’un débat avec trois cents étudiants dans le domaine de la santé, pour évoquer la lutte contre le sida et les pandémies.

Deux ans après une première visite à Abidjan au cours de laquelle il avait posé la première pierre du métro, le président français et son homologue ivoirien finaliseront le financement de cet énorme chantier de 1,5 milliard d’euros qui doit débuter en 2020.

Une douzaine d’autres accords devrait être discutée pour « renforcer le partenariat économique » avec la Côte d’Ivoire, où vivent quelque vingt-deux mille Français, dont la moitié de binationaux, selon l’Elysée.

Au cours des discussions, le président ivoirien pourrait soulever la question de la réforme du franc CFA, demandée par de nombreux économistes africains, et à laquelle le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui sera présent à Abidjan, s’est dit ouvert.

Parallèlement, les pays d’Afrique de l’ouest seront en sommet, le 21 décembre au Nigeria, pour réfléchir à une monnaie commune sur le modèle de l’euro, déjà actée sur le principe.

 

Nestor N'Gampoula et AFP

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