Disparition de Papa Wemba : le sapologue et mécène Ahmed Yala évoque la grandeur de l’artiste

Mardi 3 Mai 2016 - 17:45

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Ahmed Yala  a évoqué  le 3 mai à Brazzaville, au cours d'une conférence de presse, la vie de Jules Shungu Wembadio dit Papa Wemba, décédé le 24 avril 2016 à Abidjan en Côte d'Ivoire.

 

D’entrée de jeu, Ahmed Yala  a rappelé qu'il avait reçu Papa Wemba le 8 mars 2016 à l’occasion de la deuxième édition du Festival international de la sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) au féminin.
Très touché, choqué, attristé, chagriné et abattu, Hamed Yala a reconnu que d’une manière implacable la mort n’est pas une fatalité, ni moins une injustice, mais plutôt la démonstration de la puissance de Dieu qui rappelle à tout être humain que « nous venons de lui et un jour nous repartirons vers lui. Fort de cet enseignement, nous avons les genoux fléchis devant l’Eternel et nous lui rendons grâce. Nous demandons à l’Eternel de pardonner Papa Wemba, de le recevoir et de lui accorder une place. Chacun de nous passera un jour. Papa Wemba reste et restera à jamais dans nos cœurs ».

Papa Wemba, poursuit Ahmed Yala, était un artiste musicien très humble, à la fois homme culturel, musicien et sapeur. C’est le plus grand sapeur de tous les temps, a-t-il renchéri. Bien que  la sape ayant été créée par les autres, souligne le sapologue,  c’est dit-il, Wemba qui l'a vulgarisée et  fait d'elle  ce qu’elle est et ce qu’elle est devenue. Il en est le roi, pour ne pas dire l’empereur. A propos de la sape par exemple, Papa Wemba disait : « J’en suis certes le manager aujourd’hui, mais je ne suis pas le créateur, ni l’inventeur.  C’est à travers le Congo -Brazzaville que j’ai appris la sape ».

Le 8 mars 2016, dernier voyage de Papa Wemba à Brazzaville ponctué de quelques témoignages

C’est à l’occasion du Festival international de la sape au féminin organisé par Ahmed Yala que Papa Wemba avait fait le déplacement de Brazzaville bien qu'encore convalescent  et sans demander un seul centime à l’organisateur. « Je puis vous dire solennellement  aujourd'hui que de ma mémoire d'artiste et d'homme  d'affaires culturelles, j’ai connu beaucoup d’artistes musiciens, mais  Papa Wemba fut le plus simple et le plus humaniste de tous les artistes que j’ai connus et que nous connaissons actuellement. La preuve en est, qu’il est venu avec son cœur à Brazzaville.»

L’organisateur retient de la présence de Papa Wemba à ce festival que, l’Eternel Dieu savait que c’était son dernier voyage à Brazzaville. Il avait ainsi permis qu’il vienne participer à cette plus grande manifestation sapologique pour accomplir une mission : faire son témoignage sur la sape. Il a déclaré publiquement au cours de ce festival que la sape a commencé à Brazzaville. Une déclaration somme toute prémonitoire, pour dire que demain il s’en irait.

C'est au cours de cette soirée que le célèbre musicien a consacré le congolais Ahmed Yala comme « le plus grand sapeur du monde en croco et en python » et le parisien Ben Moukacha (congolais de la diaspora) en qualité de créateur de la sapologie.

Une démonstration de la sape prévue le mercredi à Kinshasa

A l’occasion des obsèques de Papa Wemba, considéré comme  monument de la sape, les sapeurs sont conviés à une démonstration vestimentaire. « Cette sape exceptionnelle en noir et blanc est dédiée à Papa Wemba. Je ne saurai aller accompagner Papa Wemba  autrement que par la sape. Je suis un sapeur et on doit le prouver », a lancé, non sans humour le sapeur Hamed Yala qui a également invité tous les sapeurs du monde à faire le déplacement de Kinshasa pour rendre hommage au baobab d’Afrique.

« On n’est pas sapeur par la bouche, on est sapeur par la démonstration. Le sapeur doit fermer sa bouche et faire parler les habits. Que les sapeurs de Brazzaville se mettent en position pour célébrer l’artiste d’une manière sapologique à Kinshasa. Nous allons pour pleurer l’artiste et aussi pour saper. Parce que nous sommes le berceau de la sape. Aujourd’hui, je suis celui-là que Papa Wemba a laissé cette charge.

Ahmed Yala garde de Papa Wemba le souvenir d'un  père. «  Je peux dire que je suis éprouvé, j’ai perdu un père », a-t-il conclu.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Ahmed Yala répondant aux questions de la presse Photo 2: Papa Wemba et Ahmed Yala lors de la soirée du 8 mars 2016

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