Double nationalité de Moïse Katumbi : la majorité enfonce le clou

Mardi 27 Juin 2017 - 18:02

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Le ministre de la Justice a affirmé recemment que l’ex-gouverneur du Katanga détenait une nationalité italienne et qu’il ne pouvait pas, en l'état, se présenter à la présidentielle. 

L’affaire de la double nationalité de Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur du Katanga, vient d’arpenter des voies sinueuses sur fond de querelles politiciennes. majorité et opposition (précisément le G7) se livrent sur ce registre une vile polémique assortie parfois de menaces et d’injures à peine voilées. Depuis que le ministre de la justice a révélé la double nationalité de l’ancien interfédéral PPRD/Katanga qui serait, d’après lui, un sujet italien, l’incriminé fait l’objet d’un lynchage médiatique qui atteste la volonté du camp présidentiel d’en découdre avec lui.

En effet, des preuves sur l’identité italienne de l’incriminé sont brandies à tour de vent dans les médias. Il est affirmé que Moïse Katumbi Chapwe, de son vrai nom Moses Soriano D’Agnano - issu de l’union du Grec Nissim Soriano et de Virginie Mwenda (originaire de Bunkeya, territoire de Lubudi,  tribu Sanga) - disposerait de plusieurs identités. D’après le camp présidentiel qui fait de cette saga ses choux gras, les documents à la disposition de l’administration congolaise attestent que l’ex-gouverneur du Katanga aurait usé du faux pour faire valider sa candidature à la Céni afin d’obtenir un mandat de député national, de député provincial (au Katanga) ensuite et de gouverneur de province. Et il détiendrait par devers lui un passeport italien délivré le 10 juin 2011 par le ministère italien des Affaires étrangères sous le nom de d’Agnano Moïse Katumbi. Alexis Thambwe Mwamba en concluait que l’opposant ne pouvait pas, en l'état, se présenter et qu'il devait prendre les mesures nécessaires pour recouvrer totalement sa nationalité congolaise.

Impitoyable, cette offensive de la majorité via le ministre de la justice qui a mis par ailleurs en garde l’incriminé quant à son retour imminent annoncé au pays rappelant qu’il aura maille à partir avec la justice congolaise, vu qu’il se retrouvera dans la situation d’avant de quitter le pays, c’est-à-dire flanqué d’une enquête judiciaire ouverte à sa charge. En clair, Moïse Katumbi ne devrait même pas avoir le temps pour s’offrir son bain de foule habituelle, car son cortège devrait plutôt illico presto prendre la direction du Parquet général où le politicien devra être entendu, explique une source judiciaire. En fait, la couverture dont bénéficie désormais l’ex-gouverneur de la part du haut commissaire aux Nations unies, à la suite  d'une plainte déposée contre l’Etat congolais accusé de l’empêcher de regagner le pays, paraît ne pas peser.

Et pourtant, c’est sur la base du quitus de cet organe onusien que Moïse entend rentrer au pays au nom d’un principe immuable faisant obligation à un Etat de laisser revenir un citoyen candidat à une élection et d’assurer sa sécurité. La justice congolaise passera-t-elle outre cette décision du Haut Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en mettant la main sur Katumbi une fois de retour au pays ? La question reste posée lorsqu’on sait que l’intéressé n’est toujours pas éligible aux mesures de décrispation politique attendues dans le cadre de l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre. Il reste toujours poursuivi pour expropriation d’un immeuble d’un ressortissant grec et recrutement des mercenaires. Le mandat d’arrêt provisoire que le parquet général de Lubumbashi lui a infligé court toujours.

 Ses affidés, tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays, relativisent cette dimension judiciaire et entendent réserver un accueil délirant à leur leader une fois de retour au pays. Pour Olivier Kamitatu, son porte-parole, l’ex-gouverneur du Katanga ne détiendrait qu'une nationalité congolaise et qu'on cherche à fabriquer de faux documents pour le disqualifier. Il évoque notamment de fausses demandes de visa, de fausses renonciations à la nationalité italienne, etc., des documents non signés qui, selon lui, attestent la volonté de nuisance de ses pourfendeurs. En tant que congolais et à ce titre, a-t-il lâché sur une chaîne périphérique, Moïse Katumbi « exercera ses droits civiques et se présentera à l’élection présidentielle ». 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Moïse Katumbi

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