Ecole de peinture de Poto-Poto : de réelles difficultés dans l'écoulement des oeuvres d'art

Lundi 11 Avril 2016 - 16:00

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Les peintres congolais en général et ceux de l’école de peinture de Poto-Poto en particulier, ont actuellement du mal à évacuer leurs produits. Les Dépêches de Brazzaville se sont rapprochées de ces créateurs d'art pour en savoir plus.

Sylvestre Mangouandza (président de l’association des peintres de Poto-Poto), Jacques Iloki (vice-président), Cyrille Bokotaka (peintre et président de l’international des artistes plasticiens du Congo), Antoine Sita (peintre de l’école), ont accepté d'éclairer tour à tour le public sur la situation qui prévaut au sein de cette école.

Jadis l’école de peinture de Poto-Poto recevait autant des visiteurs, mais depuis un certain temps, les visiteurs, les touristes, les clients potentiels, viennent timidement. Les rares fois qu'ils viennent, ce n’est pas pour acheter, se sont plaints les artistes. « Nous ne recevons plus des touristes, parce que dans le climat actuel, ce n’est pas l’œuvre d’art qui les préoccupe. Ils préfèrent acheter autre chose que l’œuvre d’art, parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver demain », a lancé l'un d'eux.

Cyrille Bokotaka, précise que la situation est la même partout. Les œuvres d’art ne sont plus vendues, et pour cause, le climat que connait le pays actuellement. « Nos plus grands acheteurs sont des touristes. Or, depuis l’annonce du changement de la Constitution jusqu’à l’élection présidentielle, en passant par le référendum constitutionnel, les touristes qui sont nos clients potentiels ne passent plus ici à l’école. Les touristes on le sait, achètent quand tout va bien, puisqu’en ce moment-là, ils ont besoin de se faire du plaisir. Le plaisir, ça peut-aussi être l’achat d’un souvenir, par exemple le tableau de peinture. Mais dès lors qu’il y a la tristesse, tout le monde se retient, et l’on ne peut plus acheter quoi que ce soit ».

Ainsi, ont-ils profité de demander aux Congolais de cultiver les valeurs de paix, sans laquelle rien n’est envisageable. « Nous les artistes quand il y a des troubles dans le pays, nous sommes les premiers à être touchés. La paix est une richesse commune qu’il faut préserver. Parce que quand il y a la paix, les touristes viennent de partout et chacun peut vaquer à ses activités. Mon souhait c’est qu’il y ait toujours la paix. La violence n’a jamais résolu les problèmes. Nous sommes attristés par rapport à la situation qui se passe dans le pays. Pour nous, c’était une page déjà tournée. Malheureusement, nous constatons que les mêmes choses se répètent. Cela ne peut pas nous réjouir. Nous déplorons cette violence qui ne fait que détruire et appauvrir le pays. Le pays ne peut pas se développer dans la violence, parce qu’elle n’est pas la voie du salut ».

Par ailleurs, cette situation n’empêche nullement les peintres de l’école de peinture de Poto-Poto à doubler d’ardeur. « Nous continuons à travailler et produisons même en grande quantité. Parce que nous sommes rassurés qu’après ce mauvais temps, viendra le meilleur », disent-ils.

Jacques Iloki, a pour sa part, évoqué  l’abandon des peintres par les sponsors, les mécènes et autres autorités. Il déplore le fait que depuis plusieurs mois. Les peintres congolais sont en effet attendus à Bretagne en France. Mais les moyens financiers faisant défaut, le voyage tarde à se réaliser. Ce, en dépît de multiples démarches entreprises en direction des différentes autorités. Les peintres congolais se disent toutefois optimistes et continuent d’attendre malgré tout, étant donné que l'invitation de la France reste valable jusqu’au mois de septembre prochain,

Le vice-président de l’association des peintres de Poto-Poto, a aussi fustigé le comportement des partenaires locaux qui les font travailler avec les artistes venus d’ailleurs, mais quand arrive le moment de payer les factures, ces partenaires locaux privilégient les artistes étrangers, abandonnant les locaux à leur triste sort.

 

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photos 1&2 : Cyrille Bokotaka et Jacques Iloki, tous deux peintres de l'école de peinture de Poto-Poto

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