Économie nationale : la corruption ruine les efforts de promotion de l’entrepreneuriat

Samedi 21 Novembre 2020 - 13:07

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L’Inspection générale des finances (IGF) estime que plus de 90 % des marchés publics sont affectés par le phénomène. « Le niveau de fraude et de corruption est extrêmement élevé », a alerté l’Inspecteur général, Jules Alingete. Plusieurs experts exigent une réhabilitation de la fonction de contrôle de la Cour des comptes, de l’IGF et de la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP)

Thématique phare de sa campagne en 2019, le président de la République, Antoine-Félix Tshisekedi Tshilombo, avait promis à la nation RD-congolaise une âpre lutte contre la corruption, un phénomène longtemps décrié au sein de la société mais sans une thérapie adéquate à ce jour. En effet, il s’était engagé à instruire le gouvernement à « innover dans l’accès aux marchés publics pour les jeunes, principalement les jeunes diplômés ». Cette politique devrait s’inscrire dans un cadre plus vaste du Programme national de promotion de l’entrepreneuriat pour les jeunes, un projet impliquant l’État, les provinces, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement.

Près de deux ans après, la corruption demeure le plus grand obstacle à l’accès des jeunes aux marchés publics et privés. Du côté des experts, l’on condamne aussi la sous-traitance réservée à des étrangers. L’État, a déploré l’économiste A. Kazadi, continue de s’illustrer par des actes de « générosité » improductifs pour les jeunes entrepreneurs visiblement disqualifiés de ce marché juteux. « Nous n’avons pas besoin de coffres forts ambulants mais des véritables politiques de promotion de l’entrepreneuriat », a-t-il dit.

Le 18 novembre, l’IGF a relancé le débat au cours d’une conférence de presse, du reste, très controversée. Selon l’Inspecteur général des finances, Jules Alingete, environ 98 % des marchés publics font l’objet de corruption dans notre pays. « Nous sommes toujours en danger vis-à-vis des prédateurs de nos finances publiques. Heureusement, nous bénéficions d’un grand appui du chef de l’État », a-t-il martelé. Pour sa part, A. Kazadi veut un débat sur la prépondérance des marchés de gré à gré, principale source de corruption, alors qu’il existe une loi sur les marchés publics. Entre janvier et fin septembre 2019, la période de mise en application du programme des 100 jours, ce mode de passation a représenté plus de 84 % des marchés publics effectués.

Face à l’ampleur du mal à combattre, Jules Alingete redoute que la fraude et la corruption ne puissent disparaître dans notre pays. Et il faudra bien plus que l’appui de la plus haute institution de la République pour neutraliser ce phénomène. Plusieurs voix demandent une réhabilitation totale de la fonction de contrôle tout en donnant plus de moyens à la Cour des comptes, l’IGF et la DGCMP pour lutter contre la corruption et améliorer la gouvernance des finances publiques. En somme, l’État doit être réhabilité dans son autorité et cesser d’être un marchepied pour ceux qui cherchent des gains faciles.

Comme l’a soutenu aussi A. Kazadi, nos institutions doivent finalement mettre en place un véritable arsenal de lois destiné à favoriser les jeunes et les femmes ainsi qu’à leur faciliter l’accès à des marchés publics et privés. Il appelle à une discrimination positive ou des quotas en faveur de ces catégories. Des pays comme le Kenya et le Togo ont attribué d’office plus de 20 % des marchés publics aux femmes et aux jeunes. Il s’agit, insiste-t-il, des modèles à suivre pour notre pays. Le gouvernement central devrait veiller à améliorer le climat des affaires et à mettre en place des mécanismes transparents d’octroi des marchés publics.   

Laurent Essolomwa

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