Egypte : « Les pharaons se réveillent ! »

Lundi 3 Août 2015 - 11:15

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Ce bout de phrase a été lâché le 2 aôut par Fath Abou Ahteb, le patron du groupe de presse égyptien Almasry Alyoum, échangeant avec plus de 20 journalistes africains invités à découvrir « l’Egypte d’aujourd’hui », un pays qui renaît.

 

En effet, depuis l’aéroport, on voit s’affairer des ouvriers, dans une espèce de course contre la montre. Un peu comme s’ils voulaient effacer les stigmates d’une guerre qui aurait ravagé leur pays et lui redonner une image nouvelle, une image du futur.

Au-delà de l’aéroport, l’ambiance est festive. Presque. À l’instar du spectacle que continue de présenter la fameuse place Tahrir, même à 3 heures du matin, avec ces femmes et ces hommes qui occupent les différents coins, veillant sur on ne sait quoi, mais pourtant visiblement armés contre le sommeil. L’image du jour est celle de la présence des enfants  jusqu’à ces heures. « Le Caire ne dort plus ». Décryptage : les Egyptiens sont libres et n’ont peur de rien. « Nous ne dormons pas parce que nous travaillons », commente un conducteur. Soit.

À quelques encablures de ce désormais légendaire site qu’est Tahrir, coule le fleuve Nil. Ici, le spectacle est celui d’un carnaval nautique avec de jeunes mariés qui, pour convoler en « justes noces », ont mille et un choix. Pareillement pour les touristes huppés, les vacanciers d’été. Au menu : une balade nautique et nocturne dans un luxueux bateau ; un dîner sur un bateau mouche ou une plateforme flottante ou tournante à l’image de ce restaurant situé à plus de 150 mètres sur la Tour d’Egypte ; une parade le long d’une des corniches qui ceinturent le Nil ; etc.

S’ajoutent, ces incessants feux d’artifices dont les lumières colorées et les crépitements font le bonheur des curieux et autres capteurs d’images.

«  L’Egypte revient… »

Ces mots sortis de la bouche du patron d’Almasry Alyoum résument l’état d’esprit actuel du peuple égyptien au regard de l’actualité dont il a abreuvé le monde ces dernières années. Un peuple qui a retrouvé l’espoir avec le retour de l’activité touristique, elle-même dictée par le niveau de sécurité dans le pays. « Je n’ai pas hésité de sortir de mon hôtel et de me rendre à Zamaleck (un quartier célèbre du Caire), confie un journaliste djiboutien ».

« L’Egypte revient… » est unanimement prononcé par les Cairotes qui attendent fiévreusement l’inauguration du nouveau Canal de Suez. Considérée au départ comme une rumeur, l’information s’affiche dans le programme distribué.

Une date retient l’attention : le 6 août, avec l’arrivée d’importantes personnalités étrangères à l’occasion dudit évènement.

« En attendant,  retenons que les réseaux sociaux sont nos ennemis » 

L’Agence égyptienne du partenariat pour le développement (Affaires étrangères) a concocté un alléchant programme pour les 25 journalistes qu’elle a invités (Congo, Togo, Djibouti, Côte d’Ivoire, Cameroun, Tchad, Afrique du Sud, Niger, Ghana, Nigeria, Gabon).

En commençant par la visite du journal Almasry Alyoum (Egypte aujourd’hui) qui a permis de soulever d’importants questionnements sur l’avenir de la presse classique désormais menacée par le numérique. Fath Abou Ahteb, bien que pragmatique sur comment relever les défis, affiche son inquiétude : « En 2004, quand notre journal est lancé, les tirages allaient jusqu’à 1,5 million d’exemplaires. Cela a aujourd’hui baissé, soit 700.000 exemplaires. Les réseaux sociaux faussent la politique des journaux et désorientent nos lecteurs ».

Comment faire pour que la presse classique survive dans un monde désormais numérisé ? Comment intéresser les jeunes, nés dans cette technostructure, à la presse ? Le débat de ces journalistes, sans bousculer le repos éternel des « vrais pharaons », nourrit les programmes de recherches.

Jocelyn Francis Wabout

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