Élection des gouverneurs : les listes de la Céni font polémique

Mardi 1 Mars 2016 - 17:55

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Au-delà du débat juridique qui a cours actuellement sur cette question, le dernier acte se jouera devant les Cours d’appel, seules habilitées à « publier les listes définitives des candidats».

L’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces issues du découpage continue de hanter la classe politique sur fond des discussions sur la dernière décision de la Céni écartant certains candidats indépendants. La centrale électorale avait-elle raison de prendre une telle mesure qui procède d’une revendication de la hiérarchie de la majorité présidentielle (MP) ? Le débat juridique continue de faire rage dans les milieux politiques où chacun y va de ses arguments pour réfuter ou soutenir cette mesure de la Céni.

Pour beaucoup, la Céni s’est totalement discréditée en donnant la preuve de son inféodation à la famille politique proche du chef de l’État de qui elle recevrait des ordres. Car, laisse-t-on entendre, en invalidant vingt et une candidatures des personnalités présentées comme indépendantes au nom d’une certaine injonction de la majorité présidentielle, la Céni compromet la suite du processus électoral en sacrifiant son indépendance sur l’autel des directives de la MP. « Ce que la Céni a fait là, c’est une abomination juridique. C’est comme si on était dans une espèce de jungle juridico-politique », a, pour sa part, déclaré le député Henri Thomas Lokondo sur la radio onusienne tout en déplorant le comportement de cette institution d’appui à la démocratie. En fait, les explications de la Céni justifiant sa décision ne semblent pas convaincre l’opposition qui la juge plutôt subjective sur fond de règlement de compte des cadres de la MP ayant rejoint le G7.   

Les pourfendeurs de la décision de la Céni recourent notamment à l’article 21 de la loi électorale qui énumère de façon limitative les six conditions pour lesquelles la Céni peut déclarer irrecevables les candidatures d’un parti politique, d’un regroupement politique ou d’un indépendant. Et, argue-t-on, le cas de figure que présente cette situation ne renvoie à aucune des dispositions de cet article. Ce qui a fait dire au député Henri Thomas Lokondo que la sanction que viennent d’écoper les vingt et un candidats ayant renié leurs partis ou regroupements politiques, de la part de la Céni, n’est pas juridique mais plutôt politique.

À la suite du député Henri Thomas Lokondo, d’autres acteurs politiques à l‘instar de Christophe Lutundula (ancien vice-président de l'Assemblée nationale et membre du G7) ont réagi à l’invalidation par la Céni de certains candidats gouverneurs. « La Céni démontre qu’elle n’offre aucune garantie d’indépendance et d’impartialité aux compétiteurs électoraux », a-t-il déclaré. À l’opposé, Lambert Mende, membre du bureau politique de la majorité et porte-parole du gouvernement, a noté qu’il s’agit là d’un cas d’indiscipline des partis politiques. « (…) Ce n'est pas parce que leurs candidatures avaient été rejetées en interne que ces candidats avaient le droit de se présenter comme indépendants », a-t-il indiqué tout en fustigeant la démarche des candidats incriminés qui n’ont pas fait acte de démission dans leurs partis politiques avant d’envisager postuler.  

Les dés sont déjà jetés. Pour la Céni, il n’y a pas lieu de revenir sur une décision quasi consommée en attendant l’issue des recours introduits par certains. À la fin, 76 candidats gouverneurs et vice-gouverneurs seulement dont les candidatures ont été jugées recevables sur les 135 reçues au départ vont concourir le 26 mars au niveau des différentes assemblées provinciales des nouvelles provinces. Au-delà du débat juridique qui a cours actuellement sur cette question, le dernier acte se jouera devant les Cours d’appel, seules habilitées à «publier les listes définitives des candidats. D’aucuns pensent que ces organes judiciaires pourront alors reconsidérer les listes de la Céni et réhabiliter certains candidats dans leurs droits».       

Alain Diasso

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