Electricité : Inga III continue de susciter des remous

Mercredi 30 Octobre 2019 - 14:45

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Deux organisations non gouvernementales dénoncent l’opacité du projet et le fait que l’électricité à produire est « d’ores et déjà réservée à l’exportation et aux industries minières ».

 

Dans un rapport publié le 28 octobre, l’ONG Resource Matters et le Groupe d’études sur le Congo présentent quelques principaux écueils à une meilleure distribution de l’électricité attendue du projet Inga III à la population congolaise. Ces organisations redoutent le risque, pour cette population, de ne pas bénéficier de l’électricité de ce projet.

Selon le document dont radiookapi.net a fait écho, en effet, la quasi-totalité de l’électricité à produire est d’ores et déjà réservée à l’exportation et aux industries minières. Resource Matters et le Groupe d’études sur le Congo ont  indiqué que le contrat du plus gros site hydroélectrique au monde « a été négocié à huis clos », relevant: « Depuis 2015, l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga (ADPI), une structure placée sous tutelle de la présidence de la République, gère seule le dossier ». Les deux organisations rappellent qu’en octobre 2018, l’ADPI a signé un « accord de développement exclusif » avec le groupement Chine d’Inga et le Groupe ProInga (majoritairement espagnol), sans le rendu public.

En plus de l’opacité de ce contrat, la répartition de l’électricité d’Inga III constitue l'autre écueil relevé par ce rapport. Le document fait savoir que ce projet de près de quatorze milliards de dollars américains vise à générer au moins dix gigawatts dont la moitié, soit cinq gigawatts, a d’office été promise à l’Afrique du Sud alors qu’il était question de réserver trois gigawatts à la République démocratique du Congo, avec un risque réel d’en accorder une grande partie aux industries minières installées dans le pays, plutôt qu’aux habitants.

Resource Matters et le Groupe d’études sur le Congo indiquent, par ailleurs, que cette exigence de réserver au pays trois gigawatts sur dix n’a pas été retenue dans l’accord conclu entre l’ADPI et les consortiums. Ce qui les amène, dans leurs recommandations, à exhorter  le président de la République, Félix Tshisekedi, qui a promis d’améliorer l’accès à l’électricité pour la population, à « recadrer Inga III dans une stratégie globale sur les meilleures pistes d’électrification de la RDC ».

La présidence rassure

Du côté de la présidence de la République, le coordonnateur de la commission quinquennat du chef de l’Etat, Nicolas Kazadi, en réaction à ce rapport, pense que « ce n’est pas honnête de vouloir opposer le projet Inga III à la population, au motif qu’elle n’en serait pas bénéficiaire ». Pour lui, la moitié de la production prévue d’Inga III a été déjà promise à l’Afrique du Sud parce qu'« un projet d’une telle ampleur qui est financé par des privés majoritairement, pour le mener à bout, pour mobiliser le financement, il faut que la perspective du marché soit solide et crédible ». Raison pour laquelle, a-t-il affirmé, il fallait qu’il y ait un client final sûr et dans la première étape, l’Afrique du Sud a garanti l’achat de cinq mille mégawatts, c’est-à-dire près de la moitié de la production prévue.

Nicolas Kazadi, qui note que l’amélioration à court et à moyen terme de la déserte de la population en électricité ne se fera pas par ce projet parce qu'il est de long terme, rassure que les Congolais seront également servis, à partir de la part réservée à la Société nationale d’électricité. Il est rappelé que certaines ONG congolaises, membres de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi de la réforme de l’action publique, ont toujours relevé des points négatifs par rapport à ce projet. Cette plate-forme d’ONG conseille carrément un moratoire à propos.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Une vue du barrage d'Inga

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