Electricité : pas d’engagement clair à court terme de l’Etat

Lundi 26 Août 2019 - 20:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Forum sur l’énergie électrique en RDC s’est clôturé finalement le 22 août sans « éclaircir » davantage le paysage énergétique du pays resté très sombre en dépit d’une libéralisation du secteur en 2014. Il n’a pas répondu à certaines inquiétudes sur les prochaines actions de l’Etat RD-congolais dans ce secteur et l’établissement d’un calendrier cohérent des étapes restantes de la réforme de l’électricité. Les sempiternelles recommandations, du reste, controversées et sans grandes innovations ont rappelé cruellement le niveau d’inertie depuis près de cinq ans.

Matadi, la première ville portuaire de la RDC et la capitale du Kongo central, est sorti d’un sommeil de deux ans pour accueillir son premier événement de l’ère Tshisekedi. L’objectif du forum axé sur l’énergie électrique est de dresser un état des lieux général du secteur de l’électricité en RDC, et d’évaluer sa gestion et son impact sur l’industrie et le développement rural. En somme, les enjeux sont restés les mêmes si l’on compare ces assises aux forums antérieurs sur le secteur de l’électricité en RDC. Cette fois, les organisateurs ont tenu à établir une certaine ligne de démarcation en parlant du premier forum sur l’énergie électrique. Une incise qui vaut son pesant d’or car certains parlementaires interrogés sur place par la rédaction notent avec satisfaction la forte implication de l’actuel président de la République : « C’est la première fois qu’un chef de l’Etat en exercice va aussi loin dans ses engagements. Nous attendons de voir ce qu’il veut faire, mais l’on comprend qu’il veut être jugé en fonction de sa vision à lui ».  

Félix-Antoine Tshisekedi aurait-il cherché à baliser le terrain pour des actions futures d’envergure dans le secteur de l’électricité ? La question reste posée. En effet, le forum a produit des recommandations plutôt intéressantes. Certaines parmi elles, notamment celle relative à la restructuration profonde de la Société nationale de l’électricité (Snél), ont suscité des vives réactions de la salle. Cette résolution et le reste de la liste présentée lors de la séance de clôture ne seraient pas passés au débat à la grande plénière, ont affirmé certains participants. Pour d’autres, cette réforme de la Snél ne peut être abordée dans un tel cadre sans les études préalables. Pour eux, la question de la restructuration de la Snél ne peut trouver des réponses appropriées que dans le seul cadre du Parlement qui édicte les lois.

Réagissant à ce tollé, le conseiller de Félix-Antoine Tshisekedi, Michel Eboma, a rappelé que les recommandations seront examinées, le cas échéant, par le gouvernement de la République, le ministère de l’Énergie et le président de la République : « Le forum a un caractère scientifique. C’est l’une des nombreuses recommandations. Nous cherchons tous l’amélioration du taux d’accès à l’électricité ». Pour rappel, la recommandation lue lors de la séance de clôture parlait d’une segmentation et d’une réorganisation de la Snél en trois entités indépendantes. Par ailleurs, beaucoup de participants n’ont pas vu de bon œil non plus une autre recommandation sur la nécessité de confier à un opérateur neutre la gestion du réseau public de transport de l’électricité. Par rapport à ces « malentendus », il est prévu une dernière réunion du comité d’organisation le 27 août pour clarifier certaines questions. 

De ce qui précède, il est clair que l’impasse électrique en RDC ne peut être réglée sans passer par une décision définitive sur le sort de la Snél. Le Copirep, l’organe technique du gouvernement chargé de la réforme de la Snél, a admis l’absence de redressement réel de la société nationale a ce stade, mais les résultats sont encourageants dans les domaines de la production et du transport, a-t-il poursuivi. Ces résultats sont fragilisés par le déséquilibre financier structurel de la société. Et puis, a-t-il renchéri, aucun redressement n’est envisageable tant que les tarifs seront inférieurs aux prix de revient. Quant à la phase de restructuration proprement dite, elle ne devrait intervenir qu’après des études préalables pour définir les meilleures options possibles, les conditions de mise en œuvre, les possibilités de PPP et un plan d’optimisation du personnel. Pour l’heure, il n’est donc pas question de poursuivre le plan de redressement en appliquant scrupuleusement la Loi prévoyant le désengagement de l’Etat. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non