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Emmanuel Ngouélondélé : 600 pages autobiographiques

Lundi 27 Janvier 2014 - 0:01

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Le chiffre exact est 657. Des pages à travers lesquelles Emmanuel Ngouélondélé Mongo dévoile au menu d’un long entretien avec l’écrivain Cyriaque Magloire Mongo Dzon, son Au service du Congo, mon témoignage. Une évocation en deux tomes, dont le premier, plus volumineux, contient 390 pages ; le second, un peu moins, en compte 267. Le tout fut édité chez L’Harmattan, en novembre 2013, dans la collection « Institut de recherches et d’études africaines ».

Enfant du village ? C’est bien le cas. Emmanuel Ngouélondélé Mongo est en effet né de parents paysans vers 1937 à E’ndzien, un petit quartier de la localité de Tsampoko, dans le district de Gamboma. Il a accompagné son père en forêt à la récolte du vin de palme, s’est adonné comme les enfants de sa situation à la pêche, à la chasse et à la cueillette. À chacun son destin ! Le sien ne s’est pas arrêté à E’ndzien, sans doute le sort de plusieurs de ses amis d’enfance. Il l’a conduit loin du lieu où il est venu au monde, lui a ouvert les portes de l’ancienne administration coloniale, puis celles de l’administration postcoloniale. Dans les deux cas, il y passe une carrière bien remplie et en parle avec le sentiment d’un homme comblé.

Gendarme de formation, Emmanuel Ngouélondélé, qui est parti à la retraite avec le grade de général de brigade, a travaillé au Tchad, en France, et tout naturellement chez lui, au Congo. Ancien aide de camp et officier d’ordonnance du président Marien Ngouabi (1969- 1974), il est resté treize ans à la tête de la direction générale de la sécurité d’État (services du renseignement) sous le président Denis Sassou-N’Guesso, après une année passée sous le président Joachim Yhombi Opango. Ainsi qu’il le commente lui-même, Ngouélondélé Mongo commence à servir le pays sous les présidents Fulbert Youlou et Alphonse Massamba-Débat. Il a aussi assuré les fonctions de chef d’état-major particulier du président Pascal Lissouba.

En connaissance de cause, peut-on dire, l’auteur d’Au service du Congo, mon témoignage passe en revue sa longue présence au sein des institutions nationales et auprès des chefs d’État du Congo depuis l’indépendance. Anecdotes, détails croustillants, photos inédites meublent les 657 pages de ces deux tomes autobiographiques. On en apprend beaucoup, au passage, sur les périodes mouvementées de la jeune République du Congo vouée après quelques années d’indépendance à de récurrentes tentatives de coups d’État militaires ; on est édifié sur ses propres prises de position, puisqu’à la fin de sa carrière active de gendarme, Emmanuel Ngouélondélé Mongo en a embrassé une autre non moins passionnante, qui est cependant loin de lui avoir procuré une entière satisfaction, la carrière politique.

Ses années au Rassemblement pour la démocratie et la République (RDR) qu’il codirige avec Raymond Damase Ngolo, autre officier général des forces armées congolaises à la retraite, sa trouvaille du Cercle des républicains pour le nouvel ordre national (Cernon), la création du Parti pour l’alternance démocratique (PAD) dont il est le président, ses lettres ouvertes au président Denis Sassou-N’Guesso, ses pics contre ses amis de l’opposition, son aventure électorale à Gamboma en 2002, ses espoirs déçus, voilà la trame autour de laquelle le candidat-député, que de potentiels électeurs moquaient de ne pas distribuer suffisamment d’argent pendant sa campagne pour les législatives, livre ses plus longues confessions, et aussi ses plus intimes convictions.

Pourrait-on, peut-être, au regard de leur densité et aussi de leur richesse, considérer les deux tomes d’Au service du Congo, mon témoignage d’Emmanuel Ngouélondélé Mongo, comme les œuvres complètes d’un homme que la carrière professionnelle a placé pendant de nombreuses années au cœur du système politico-sécuritaire de son pays ? Cette position lui a permis de rencontrer ici et là nombre de personnalités de diverses origines et de diverses statures à la charge ou à la décharge desquelles repose en partie l’originalité de son « témoignage ». Pour un entretien, il faut avouer que son interlocuteur voulait en savoir davantage et l’a pressé comme on presse un citron.

Gankama N’Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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