Énergie : la production de gaz de l’Afrique subsaharienne dépassera celle de la Russie en 2040

Dimanche 2 Novembre 2014 - 13:30

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C'est ce qui ressort du dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), sur les marchés mondiaux. Cette projection renforcerait la stratégie de sevrage de l’Union européenne (UE) vis-à-vis du gaz russe.

Le rapport fait état d’une certaine conscience de la part des responsables européens du potentiel représenté par l’importation du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d’Afrique, en plein essor, afin de diversifier le mix énergétique européen. Selon le directeur général en charge de l’énergie à la Commission européenne (CE), Dominique Ristori, la crise ukrainienne a fait entrer la coopération entre l’Union européenne (UE) et l’Afrique dans une nouvelle ère.

Le 16 octobre dernier, la CE a publié une première analyse portant sur les conséquences d’une perturbation, voire d’une interruption complète, des livraisons de gaz russe aux pays de l’UE.

L’Angola, le Nigeria et la Tanzanie, les mastodontes du Gaz naturel en Afrique

L’Afrique subsaharienne produit quelques 175 milliards de mètres cubes par an de gaz naturel d’ici 2040. L’Angola, le Mozambique, le Nigeria, la Tanzanie en seront les premiers producteurs. La production de gaz subsaharien est passée de 7mmc/an en 1990 à seulement 58 mmc/an en 2012, d’après le rapport sur les perspectives énergétiques de l’Afrique de l’AIE du 29 octobre, publié à Bruxelles. Pour le chef économique de l’AIE, Fatith Biral, l’Afrique subsaharienne représente un potentiel énorme en GNL, et investir dans ce gaz pourrait augmenter de façon significative la diversification des importations gazières vers l’Europe, explique-t-il. Une partie de la production gazière subsaharienne pourrait-être exportée vers l’Europe. Il pense que l’Afrique subsaharienne restera un acteur clé sur les marchés pétroliers internationaux tout en émergeant en tant qu’acteur de premier plan pour ce qui est des marchés de gaz naturel.

« Nous avons une priorité claire, qui est celui  de réduire notre dépendance externe et cette approche est la bonne, notamment quand on parle du gaz, car nous avons pour ce qui est de cette source spécifique un seul fournisseur qui domine le marché », a indiqué Dominique Ristori. Le transport du GNL pourrait se faire par voie maritime.

Possible partenariat entre l’Afrique subsaharienne et l’UE

Il précise que l’UE envisagerait de travailler avec des partenaires africains sur des projets dans le but de réduire les distances et les coûts de transport de gaz vers l’UE, « conscient que l’Afrique de nombreuses sources énergétiques, mais elle n’en tire pas profit ». Il projette de développer une stratégie politique pour créer une véritable coopération et trouver de nouvelles manières afin de garantir le développement des ressources énergétiques africaines. Fatih Birol regrette que son potentiel énergétique ne soit pas suffisamment exploité. Par exemple, l’énergie solaire, or « il n’y a aucun autre continent au monde où il y a un ensoleillement aussi brillant et fort sur une durée moyenne de 320 jours par an », a-t-il rappelé.

Ces dernières années, presque 30% des découvertes de nouvelles sources de pétrole se sont faites en Afrique subsaharienne. Un tiers de baril de pétrole dans le monde est issu de la production subsaharienne. Or quelques 600 millions de personnes, soit 2/3 de la population d’Afrique subsaharienne vivent sans électricité, et   des populations non accordées à l’électricité vivent en Afrique subsaharienne.

Forte connexion des Africains à l’électricité d’ici 2040

A en croire l’AIE, près d’un milliard d’Africains seront connectés à l’électricité d’ici 2040, ceci grâce à la forte croissance que connaît la région et des projets d’une valeur estimée à 25 milliards de dollars. Cependant, quelques 530 millions d’individus, notamment parmi les communautés rurales, resteront non raccordés.

L’UE devra faire face à la concurrence asiatique, de la Chine en particulier, qui investit dans de nombreux projets pétroliers, gaziers et hydriques en Afrique subsaharienne.

En matière d’investissement, le Directeur général des affaires internationales au ministère extérieures et de la coopération à l’aide au développement de l’Italie, Luigui Marras, l’UE devra se concentrer sur « les régions instables, agir pour remédier aux lacunes qui  profitent aux forces radicales et terroristes », regrettant que une forte pression démographique en provenance des pays d’Afrique subsaharienne, qui se termine « souvent tragiquement ».

« L’Afrique a besoin d’être considérée non pas seulement comme un continent qui peut aider les Européens à diversifier leurs sources pétrolières et gazières, mais aussi comme un partenaire potentiel pour les affaires et le commerce », a-t-il ajouté.

Noël Ndong