Énergies renouvelables : un enjeu important pour l’Afrique d’ici à 2030

Jeudi 19 Novembre 2015 - 17:45

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Le nouveau rapport de l'agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) indique que le continent africain pourrait satisfaire à près d'un quart de ses besoins énergétiques d'ici à 2030, soit quatre fois plus qu’actuellement, en utilisant des énergies renouvelables propres et locales.

Le rapport intitulé « Africa 2030 : feuille de route pour l'énergie renouvelable dans l'avenir » indique qu’en 2013, les énergies vertes (éolien, solaire, hydroélectricité, biomasse, etc.) couvraient 5 % des besoins énergétiques du continent. En 2030, indique l’Irena, elles pourraient atteindre 22 %.

La croissance économique s’accélère en Afrique, mais le continent souffre d’un manque de capacités énergétiques, notamment électriques. Selon l’Irena, la production d’énergie doit au moins doubler d’ici à 2030 pour accompagner ce développement et satisfaire la demande et même tripler en matière d’électricité. Pour ce faire, explique l’Agence, les énergies renouvelables apparaissent comme l’option la plus économique dans un nombre croissant de situations.

En effet, a expliqué Adnan Z. Amin, le directeur général de l’Irena, le continent détient quelques-unes des meilleures ressources en énergie renouvelable au monde. «L'exploitation des ressources en énergies renouvelables est la seule façon pour les nations africaines d'alimenter la croissance économique, d'optimiser le développement socioéconomique et de renforcer la sécurité énergétique à faible incidence environnementale. Les technologies sont disponibles et fiables à des prix de plus en plus concurrentiels. Il incombe désormais aux gouvernements d'Afrique de créer des conditions propices à l'accélération du déploiement des énergies renouvelables, afin d'ouvrir la voie au développement durable sans entrave de l'Afrique», a indiqué le directeur de l’Agence.

 

Un potentiel de développement

 

Le rapport identifie un potentiel de développement pour les énergies renouvelables correspondant à l’équivalent de 341 millions de tonnes de charbon, partagé à 40% pour l’électricité et 50% pour de la production de chaleur basée sur la biomasse. Selon l’Irena, les énergies renouvelables pourraient ainsi représenter la moitié du secteur de production électrique d’ici 2030 en réduisant les émissions de CO2 de 310 millions de tonnes. Les prix compétitifs du solaire et de l’éolien rendent le développement de ces énergies plus rentable. L’énergie solaire peut être développée sur tout le continent, alors que la biomasse et l’hydraulique représentent un potentiel plus important dans les régions centrales et méridionales, détaille l’Irena. L’éolien est lui surtout intéressant dans le nord, l’est et le sud, tandis que la vallée du grand rift a un important potentiel géothermique. L’Irena met également l’accent sur le potentiel en matière de biomasse non traditionnelle (fours sans évacuation extérieure, etc.). Selon l’agence, le passage à des solutions de biomasse moderne (utilisation des déchets, cuisinières améliorées, etc.) pour la cuisson réduirait l’utilisation de fourneaux traditionnels inefficaces de plus de 60 %. Cela représenterait aussi une source d’économies d’au moins 20 milliards de dollars par an, notamment en frais de santé du fait de l’amélioration de la qualité de l’air dans les logements. Le rapport met également en lumière quelques grands projets phares de développement des renouvelables sur le continent.

Accélérer l’adoption des énergies renouvelables

Le rapport « Africa 2030 » recommande 14 mesures visant à accélérer l'adoption des énergies renouvelables sur le continent. Il s’agit notamment de mettre en place des politiques favorables et un cadre réglementaire destinés à stimuler les investissements ; adopter des mesures de promotion des investissements de sorte à attirer les investisseurs et en favoriser des solutions hors réseau basées sur les énergies renouvelables pour augmenter l'accès à l'énergie et réduire la pauvreté. Le rapport a été publié en marge de la conférence internationale sur l'énergie renouvelable qui s’est tenue en Afrique du Sud sur le thème «RE-energising Africa ». L'objectif de cette rencontre est d'offrir une plateforme mondiale aux gouvernements, au secteur privé et aux dirigeants de la société civile en vue de promouvoir les énergies renouvelables. Cette conférence de 2015 avait pour but de positionner l'Afrique comme une destination privilégiée d'affaires en matière d'énergies renouvelables, compte tenu de sa trajectoire de croissance actuelle et de son besoin en investissements en énergie propre et ce en faveur d'une croissance économique durable.

Quid de la RDC ?

En RDC, l’utilisation des énergies renouvelables n’est pas développée à cause notamment du manque de textes réglementant ce sous- secteur ainsi que le manque d’investissements privés dans le domaine. Pour booster l’utilisation de ces nouvelles formes d’énergie, certains experts estiment qu’il faut encourager les investissements dans les sources d’énergies renouvelables ; définir des tarifs nationaux de rachat pour l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables ; accélérer la reforme du secteur de l’énergie, depuis un système centralisé s’appuyant sur des combustibles conventionnels vers un système décentralisé incluant une gouvernance au niveau local. Pour ces experts, l’utilisation de ces énergies pourra améliorer la desserte énergétique de l’ensemble du pays qui est aujourd’hui la plus faible d’Afrique (1%). En outre, indique-t-on, les énergies nouvelles et renouvelables pourraient augmenter le taux actuel à 19% d’ici 2016.

Patrick Ndungidi

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