Enjeu électoral : le FCC ratisse large

Lundi 23 Juillet 2018 - 15:27

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Devenu depuis quelques temps l’épicentre de l’activité politique, Pullman hôtel connaît une affluence sans pareille avec la gestation de la plate-forme électorale présidentielle dont il avait servi de rampe de lancement, en abritant sa sortie officielle le 1er juillet. La méga coalition initiée par Joseph Kabila Kabange ne cesse d'attirer depuis lors du monde.

Il ne se passe plus un jour sans qu’on assiste à de nouvelles adhésions matérialisées par la signature, devenue routinière,  de la Charte constitutive du Front commun pour le Congo (FCC). Des présidents des regroupements politiques, des personnalités indépendantes ainsi que des acteurs de la société civile font preuve d’empressement pour adhérer à ce qui incarne, à leurs yeux, l’espoir d’une survie politique.

Cependant, la création du FCC aura eu le mérite de remettre à la surface le partenariat politique majorité parlementaire-Parti lumumbiste unifié (Palu) qui, visiblement, semble avoir perdu de son équilibre au regard de la position ambiguë affichée, dès lors, par les partisans d’Antoine Gizenga. Ceux-ci ont été mis devant un fait accompli car il y a quelques mois, ils avaient sollicité une requalification de cette alliance en misant sur une évaluation qui n’a jamais eu lieu. Pris de court par la création du FCC, les ouailles du patriarche ne savaient plus sur quel pied danser car tout soutien au projet présidentiel se présentait comme un désaveu à leur propre crédo. C’est sur ces entrefaites que les ministres Martin Kabwelulu des Mines et Lambert Matuku de l’Emploi, travail et prévoyance sociale ont pris, contre toute attente, la liberté de signer la Charte du FCC en tant que membres du gouvernement.

Coupant court à la polémique et à la confusion, le secrétaire général et chef du parti, Antoine Gizenga, est finalement sorti de ses gongs pour donner, via un message dit de réarmement moral daté du 10 juillet adressé à ses troupes, la position officielle de sa formation politique. « S’agissant de la signature par nos deux camarades qui nous représentent au gouvernement comme ministres, je n’ai pas trouvé d’inconvénients qu’ils restent solidaires d’une décision gouvernementale d’un gouvernement dont ils sont membres », a-t-il indiqué. Sans plus.

Ni désaveu ni adhésion au FCC est finalement la position médiane adoptée par l’octogénaire pour maintenir la cohésion de son parti qui traverse actuellement une zone de turbulence avec, à la clé, des conflits internes exacerbés par des luttes de repositionnement. Entre-temps, la direction du parti continue à ressasser son discours autonomiste en réitérant son désir d’aligner ses candidats à tous les niveaux, y compris à la présidentielle, en contradiction avec les clauses de la Charte du FCC dont l’une prévoit le soutien tous azimuts à apporter aux candidats issus des rangs de cette coalition politique. Voir le Palu assumer l’impérium du pouvoir de son vivant, tel a toujours été le leitmotiv du combat politique d’Antoine Gizenga qui, faut-il le dire, n’est pas au bout de ses caprices.   

L'idée fait son chemin

Simples lubies d’un politique imbu de lui-même ou chantage de mauvais goût ? Il y a de quoi s’interroger sur l’attitude du ministre en charge des relations avec le parlement qui continue à faire de la résistance par son refus de signer la Charte du FCC. Pendant que ses autres collègues faisaient la queue au Pullman hôtel, lui, flirtait avec ses amis du Mouvement de libération du Congo (MLC) lors de leur troisième congrès au cours duquel il avait été invité. Lisanga Bonganga fait valoir sa liberté d’action et de choix en tant qu’acteur politique et se dit libre de prendre sa décision. « S’il y a de ceux-là qui sont libres d’adhérer au FCC, qu’ils adhèrent. Ils sont tout aussi libres de ne pas y adhérer », n’arrête-il pas de marteler. « Il n’avait pas été question du FCC lors du dialogue du Centre interdiocésain piloté par la Cénco », fait-il observer, tout en écartant d’un revers de main toute éventualité de démission. Pour avoir signé l’accord de la Saint-Sylvestre et son appendice qu’est l’arrangement particulier desquels il tire sa légitimité en tant que membre du gouvernement, il n’est pas question qu’il lâche prise. « J’y suis et j’y reste », foi d’un ministre hors pair aux frasques récurrentes qui tient à être lui-même.

L’adhésion de l'Ordre national des médecins au FCC aura aussi laissé des traces au sein d’une corporation médicale qui a toujours prôné son apolitisme. En signant en catimini la Charte du FCC, le président de cette structure, le Dr Berthier Nsadi, s’est mis à dos le Syndicat national des médecins qui lui demande des explications pour autant que l’acte posé ne porte ni sur l’éthique ni sur la déontologie dont il est censé être le gardien. Passons.      

A tout prendre, le FCC est un signal fort que la famille politique du président Joseph Kabila envoie à tous ceux qui émettent encore des doutes sur sa capacité à cristalliser les espoirs des Congolais autour de ce qu'ils ont de plus cher : la passion du pays. L’idée fait son chemin. Mais tout le problème reste la fameuse et épineuse gestion des ambitions des membres qui la composent. Une tâche ardue à laquelle va s’employer le comité de stratégies présidé par Henri Mova Sakanyi, actuel vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité, obligé de gérer les égos d’une multitude disparate où chacun a son idée de la politique et de la démocratie.

Alain Diasso

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