Enjeux de l’heure : le FCC réfléchit à son avenir dans la coalition au pouvoir

Mardi 26 Novembre 2019 - 18:02

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Kisantu, dans la province de Kongo central, abrite, depuis le 26 novembre, la première retraite politique d’évaluation de la plate-forme soutenant l'ancien chef de l'Etat, Joseph Kabila.

Presque toutes les têtes couronnées de la « Kabilie » se retrouvent au Kongo central pour réfléchir à l’avenir de la coalition au pouvoir, mais aussi pour poser les bases des élections de 2023. Une rencontre hautement stratégique pour la famille politique de Joseph Kabila, déterminée à tirer son épingle du jeu dans une coalition où elle tient à dicter la cadence à son partenaire, le Cap pour le changement (Cach). Henri Mova avait déjà donné le ton, lorsque devant des militants réunis dernièrement à l’occasion de la présentation du nouveau président de la Ligue des jeunes du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, allégua que c’est bien le Front commun pour le Congo (FCC) qui tenait le gouvernail de la coalition au pouvoir. Ce responsable du FCC poussa l’outrecuidance jusqu’à soutenir que l’échec d’Emmanuel Shadary à la présidentielle de décembre 2018 procédait d’une stratégie concoctée au sein de son regroupement politique.  

C’est dans ce contexte de provocation sur fond d’escalade verbale que s’est ouverte cette retraite politique de Kisantu, qui va permettre au FCC non seulement de recadrer son partenaire Cach, mais aussi de se fixer de nouvelles orientations en rapport avec la marche de la coalition. « En tant qu’acteur majeur de cette coalition, au regard de son poids politique, le FCC doit veiller à la préservation à cet acquis historique, en œuvrant avec lucidité pour l’adhésion totale de ses membres à cette nouvelle dispensation politique et en promouvant les relations harmonieuses entre les deux partenaires. Dans cette optique, l’encadrement des militants de nos partis et la création des passerelles interactives avec d’autres partis du Cach pourrait participer de la volonté de consolider les relations entre les deux blocs », a déclaré le coordonateur du FCC à l’ouverture de ces assises de quatre jours.  Et Néhémie Mwilanya d’ajouter que son regroupement politique « restera exigeant vis-à-vis de son partenaire quant à l’accomplissement de bonne foi de sa part de contrat ». Une façon de mettre le Cach, d’ores et déjà, en garde contre toute velléité de dérapage ou encore de toute tentative d’atteinte à la lettre et à l’esprit des principes fondamentaux régissant la coalition.

Relevant les contours de cette rencontre, Félix Kabange Numbi, un autre cadre du FCC, a indiqué qu’elle répond à deux exigences majeures, à savoir évaluer la marche de la plate-forme depuis sa création jusqu’à ce jour et jeter les jalons de 2023 en balisant la voie à un triomphe électoral voulu certain. S’exprimant à l’issue de la première journée inaugurale, Lambert Mende a, quant à lui, lancé un appel à l’apaisement aux deux partenaires de la coalition dont les rapports sont actuellement au plus bas niveau. « Il faut de l'apaisement, mais le pays vaut mieux, vaut bien que nous puissions apaiser les discours parce que notre amour propre est beaucoup moins à tenir en compte que l'intérêt national », a déclaré le président du parti politique Convention des Congolais unis.

Un "deal" qui ne tient que par la volonté des dirigeants

Pour rappel, les rapports entre FCC et Cach se sont dégradés à la suite de la polémique née de la récente destruction gratuite à Kolwezi, des affiches du président de la République, Félix Tshisekedi, et de son prédécesseur, Joseph Kabila. N’ayant pas digéré cet acte barbare, Jean-Marc Kabund, le chef de la délégation du Cach, avait annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des discussions avec le FCC pour outrage au chef de l’État. Ce « tshisekediste » pur sang est allé plus loin en menaçant de faire voler en éclat le FCC via les combattants de l’Union pour la démocratie et le progrès social qui seraient prêts à exécuter son mot d’ordre. Et d’ajouter qu'il ne « voulait pas que demain certaines personnes apprennent à nager sur le fleuve Congo ». Des propos mal digérés par le camp Kabila qui, en retour, sollicita la démission de Jean Marc Kabund en tant que premier vice-président de l'Assemblée nationale. Puis s’en sont suivies des passes d’armes avec, à la clé, des pics que les uns et les autres se lancent régulièrement sur fond d’invectives.  

En décidant de construire une coalition pour gérer le pays ensemble, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila avaient certainement minimisé l’influence que leurs partisans pouvaient exercer sur leur « deal » qui, en somme, ne tient plus que par leur propre vouloir. Il est temps que l’un et l'autre puisse ramener ses inconditionnels à la raison pour l’intérêt de la République.

Alain Diasso

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