Enjeux politiques : le 19 décembre ne sera pas apocalyptique

Samedi 29 Octobre 2016 - 17:41

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Par ailleurs, le Rassemblement qui continue de croire à un nouveau « dialogue sincère et véritable » ainsi qu’à la capacité de dépassement des Congolais, appelle à la médiation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) entre ses membres et les participants au dialogue national « pour un consensus». 

Alors qu’il y a peu, le discours développé par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement était celui de la négation de toutes les initiatives du chef de l’État dans le sens de parvenir à un apaisement social via le dialogue entre congolais, ce regroupement politique paraît de moins en moins tranchant dans ses prises de position. L’issue du sommet de Luanda, qui entériné l’accord politique de la Cité de l’Union africaine validant le report des élections jusqu’à 2018 et le maintient au pouvoir de Joseph Kabila durant la période transitoire, aura vite fait d’estomper les ardeurs du Rassemblement. La marge de manœuvre de cette opposition dite radicale s’est donc trouvée sensiblement réduite, sa dernière carte étant la rue avec tout ce que cela pourrait entraîner en termes de dérapages, de pillages, de destruction et de viol dans un pays qui peine encore à prendre son envol sur le plan économique.

Les leaders politiques du Rassemblement qui, au départ, avaient fait de la date du 19 décembre coïncidant avec la fin du mandat constitutionnel de Joseph Kabila une date fatidique d’où devrait partir la nouvelle donne politique avec le départ de ce dernier ont finalement mis un peu d’eau dans leur vin en prônant un nouveau consensus politique. Pendant que le sommet de Luanda a tiré un trait définitif sur le dialogue en écartant toute perspective d’un deuxième round des négociations; au Rassemblement, on continue de croire que rien n’est encore perdu. Dans une déclaration faite le 28 octobre à Kinshasa, les membres de cette plate-forme ont considéré que les Congolais sont capables de dépassement pour privilégier le consensus. « Notre souhait est de faire de la date du 19 décembre une date normale comme les autres dates de l’année. Et que ça ne soit pas une date fatidique », a déclaré Prince William Mishiki, un des membres du comité des sages de ce regroupement politique cristallisé autour d’Étienne Tshisekedi. Cette prise de position du Rassemblement qui redoute un bain de sang dans le pays se fonde sur ses appréhensions à ne plus avoir le contrôle ni de la situation pouvant dégénérer à tout moment à cette échéance, ni de ses militants à l’image de ce qui s’est passé les 19 et 20 septembre dernier. Ce qui explique ce que certains considèrent déjà comme un rétropédale dans le chef du Rassemblement qui, jusqu’hier, était partisan du départ de Joseph Kabila par des voies peu orthodoxes de la subversion et du soulèvement populaire.

Croyant toujours aux vertus d’un « dialogue sincère et véritable », le Rassemblement appelle à la médiation de la Cénco entre ses membres et les participants au dialogue national « pour un consensus ». Une position qui rejoint celle de l’Église catholique qui a toujours souhaité que les deux grands blocs nés du processus du dialogue, en l’occurrence les signataires et les non signataires de l'accord politique, puissent se retrouver autour d’une table pour forger un nouveau consensus autour des idées majeures. Pour rappel, le dialogue national inauguré le 1er septembre dernier a pris fin le 18 octobre avec, à la clé, la signature d’un accord politique qui propose l’organisation de la présidentielle en avril 2018.

Alain Diasso

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