Enjeux politiques : Moïse Katumbi empêché de tenir un meeting à Kolwezi

Mercredi 24 Juillet 2019 - 13:45

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La mairie du chef-lieu de la province de Lualaba a évoqué des raisons liées à la sécurisation et à la paix sociale pour interdire l'activité politique, redoutant d’éventuels débordements.

La tournée dénommée « safari » que projette d’effectuer Moïse Katumbi sur toute l’étendue du pays destinée à remercier la population pour l’avoir soutenu durant sa période d’exil n’a toujours pas commencé. L’ex-gouverneur du Katanga, par ailleurs coordonnateur actuel de la présidence tournante de Lamuka, a maille à partir avec les différentes autorités provinciales censées accueillir sa délégation dans son itinérance. Ces dernières ne lui facilitent pas la tâche et trouvent des prétextes souvent cousus du fil blanc pour justifier leur refus de le voir atterrir dans leurs entités.

Le dernier cas en date est la fin de non recevoir ayant sanctionné la demande d’autorisation du meeting introduite, le 19 juillet, par Lamuka, à l’occasion de l’arrivée de Moïse Katumbi à Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba. La mairie a évoqué des raisons liées à la sécurisation  et à la paix sociale pour interdire cette activité et, par ricochet, empêcher l’ex-gouverneur du Katanga de joindre la ville de Kolwezi. Le maire est allé plus loin en interdisant, via un communiqué, la tenue dans sa juridiction « de toute manifestation ou rencontre politique organisée par n'importe quel parti ou regroupement politique et ce, jusqu'à nouvel ordre ».  

En somme, c’est un véritable coup de force que voulait tenter Moïse Katumbi lorsqu’on sait que la province de Lualaba est aujourd’hui dirigée par Richard Muyej, un des inconditionnels de Joseph Kabila. Les rapports entre ce dernier et le leader d’Ensemble pour le changement étant au plus bas, l’attitude de l’autorité urbaine de Kalemie trouve là une explication pour le moins plausible quoique qualifiée d’arbitraire par une certaine opinion.

D’après l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), Moïse Katumbi, en tant que citoyen congolais, est libre de se rendre partout dans le pays sans la moindre restriction. Le président de cette ONG, Me Georges Kapiamba, évoque les dispositions de l’article 26 de la Constitution qui consacrent le principe d’information ou de la déclaration préalable, lesquelles dispositions annulent celui de l’autorisation préalable prévu par décret-loi n°196 du 29 janvier 1999, portant réglementation des manifestations et réunions publiques.

Pour s’y être conformé, il estime que le maire de Kolwezi n’avait aucune raison d’interdire à Moïse Katumbi de tenir son meeting. Acaj stigmatise Richard Mujey qui serait, d'après elle, derrière ce coup fourré. "Le gouverneur de la province de Lualaba doit abandonner sa politique de limitation arbitraire et systématique de l’exercice des libertés de circulation, de manifestation et réunion publiques qu’il pratique depuis plusieurs années", dit l'ONG dans un communiqué.   

Notons que Moïse Katumbi n’est pas au bout de ses peines depuis son retour d’exil le 20 mai dernier. Par deux fois, il n’avait pas pu rejoindre la ville de Goma (Nord-Kivu) où il tenait à débuter sa tournée. En cause, la non-autorisation de vol et survol de son jet par les autorités du pays. Après le chef-lieu du Nord-Kivu, il entendait se rendre à Bukavu, Beni, Butembo, Bunia, Kisangani, Kindu, Mbandaka et enfin Kinshasa. Un calendrier perturbé.  Entre-temps, aucun nouveau programme n’a été publié. Affaire à suivre.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Moise Katumbi

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