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Entretien avec la première dame du Niger, Madame le docteur Lalla Malika Issoufou Mahamadou, présidente de la Fondation Tattali-Iyali

Dimanche 2 Mars 2014 - 22:30

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LDB : Vous êtes à la tête de la Fondation Tattali-Iyali. Quelles sont les actions développées par votre Fondation ?

La Fondation Tattali-Iyali s’investit depuis sa création dans la recherche du bien-être des populations nigériennes, en particulier des femmes et des enfants, à travers des actions concrètes. Ces actions ont porté, entre autres, sur l’appui au développement d’activités génératrices de revenus pour les femmes et la promotion de la santé maternelle et infantile à travers des appuis aux services de santé en produits et équipements pour sécuriser les accouchements. La Fondation Tattali-Iyali s’emploie également à rendre plus efficace et plus effective la gratuité des soins aux femmes enceintes et aux enfants de 0 à 5 ans. D’autres types d’appuis sont mis en œuvre dans le cadre de la prise en charge de la malnutrition et de la sous-alimentation des enfants. Les actions de la Fondation Tattali-Iyali concernent également d’autres domaines qui s’inscrivent dans son plan d’action. Il s’agit de la lutte contre le cancer, une action que nous menons en collaboration avec le ministère de la Santé et d’autres organisations internationales comme l’Alliance des ligues francophones africaines et méditerranéennes contre le cancer et la Fondation Lalla Salma du Maroc. Tout récemment encore, en novembre 2013, à travers un partenariat avec le ministère de la Santé et l’Institut de lutte contre les faux médicaments, la Fondation Tattali-Iyali a organisé une conférence internationale sur le thème de la lutte contre la contrefaçon de médicaments et la lutte contre les faux médicaments. Cette conférence, qui a vu la participation de nombreuses premières dames d’Afrique et de nombreux spécialistes et experts dans le domaine, a constitué une tribune pour un plaidoyer fort et de haut niveau auprès des plus hautes autorités de nos pays respectifs afin de déclencher un signal fort dans la lutte contre la contrefaçon et la vente illicite de médicaments. Ces efforts ont permis au Niger d’être désigné pour abriter en 2015 le sommet mondial des leaders contre le cancer. La fondation est engagée dans de nombreuses autres activités dans le domaine de la scolarisation de la jeune fille, la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, la promotion de la paix et de la mode à travers un soutien à l’organisation du Festival international de la mode africaine.

LDB : Vous êtes médecin, et vous avez choisi, entre autres, de vous occuper des fistules. Pourquoi cet intérêt ?

Par ma formation et ma vie de médecin, j’ai conscience du fardeau que portent les femmes fistuleuses. Ces femmes sont rejetées par leur mari, abandonnées par les leurs, humiliées et exclues de la société. Elles endurent des souffrances psychologiques atroces. Il s’agit pour moi d’œuvrer pour que ces femmes soient prises en charge, qu’elles soient entourées de tous les appuis psychologiques et sociaux, qu’elles retrouvent leur dignité et qu’elles puissent avoir une vie saine comme toutes les autres femmes. Elles ne méritent pas la stigmatisation dont elles sont victimes, et leurs droits à la santé et à un traitement social décent doivent être garantis.

LDB : Comment lutter contre les inégalités et les iniquités de santé en Afrique, et que peut faire la Francophonie pour leur réduction ?

Vous savez, les inégalités et les iniquités dans le domaine de l’accès à la santé d’une matière générale sont l’œuvre des sociétés. Elles sont construites et entretenues au fil des générations. Mais elles peuvent être combattues et éliminées dans les sociétés africaines. Déjà les textes de loi en matière d’accès à la santé doivent être sans discrimination et permettre un accès à toutes et à tous. Les femmes doivent être ensuite sensibilisées à leurs droits en matière de santé et dans toutes les actions de la vie sur le plan politique et économique. Je pense que l’une des voies par lesquelles nous pouvons lutter efficacement et durablement contre ces inégalités et les iniquités est la scolarisation. Il faut permettre à tous les enfants d’accéder à l’école et au savoir et disposer de compétences en vue de s’insérer dans la vie socioprofessionnelle. La Francophonie est un instrument de promotion de valeurs à travers la langue française. Et les valeurs de justice, de droit et d’équité sont inscrites dans l’esprit de la Francophonie. Elle peut donc servir de levier pour véhiculer des valeurs et imprimer de nouveaux esprits à tous les niveaux pour que la lutte contre les inégalités et les iniquités de santé en Afrique soit inscrite dans la culture, les esprits et toutes les actions de développement.

LDB : Peut-on défendre l’idée d’une couverture maladie universelle dans les pays francophones ?

Vous savez, l’espoir est permis si la volonté existe. Pourquoi pas ? Tout est question d’accords et de principes, et il suffit que les pays francophones s’en convainquent et s’engagent fermement à travers la création de cadres d’intégration et de partenariats synergiques.

LDB : Comment promouvoir la santé à l’échelle régionale et non plus nationale, notamment celle de la femme et de la jeune fille ?

La promotion de la santé au niveau régional est accessible, car tous les textes, cadres et conventions d’intégration pour la promotion et la protection de la femme existent. Il reste un travail important d’engagement et de bonne volonté de nos États, en prenant bien sûr en compte les spécificités de chaque pays. Les espaces régionaux et sous-régionaux peuvent servir d’outils de définition et de mise en œuvre des programmes conjoints de promotion de la santé en faveur de la femme et de la jeune fille.

Propos recueillis par Noël Ndong

Légendes et crédits photo : 

Madame le docteur Lalla Malika Issoufou Mahamadou, première dame du Niger et présidente de la Fondation Tattali-Iyali ©DR