Épargne : un taux de bancarisation en-dessous de la barre des dix pour cent

Mardi 31 Octobre 2017 - 18:00

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La sensibilisation des épargnants se poursuit sans relâche tant à Kinshasa que dans d'autres villes du pays où les institutions financières sont de plus en plus actives depuis quelques années.

 

 

Les institutions financières cherchent, en effet, à faire accéder des millions des Congolais au circuit financier. C'est ainsi que Kinshasa a connu une ambiance assez particulière le 31 octobre, journée dédiée à l’épargne au niveau international et commémorée désormais en République démocratique du Congo (RDC). A cette occasion, plusieurs banques et institutions de micro-finance ont participé à une grande rencontre au collège Boboto, consacrée à l’épargne populaire. Le défi pour ces acteurs financiers semble plus difficile cette année à cause du contexte économique et financier morose. Toutefois, rien n’a empêché la tenue de cette activité au sein d'un établissement scolaire catholique parmi les mieux réputés de la capitale.

Recadrer le débat

Actuellement, l’on estime le taux de bancarisation dans la fourchette entre 6 et 8 % de la population active. À ce titre, il est bien l’un des plus faibles de la région. Pourtant, le secteur bancaire a connu une progression plutôt fulgurante cette dernière décennie. Au total, on compte aujourd’hui plus de dix-huit banques, même si quelques unes d'entre elles se trouvent sous gestion administrative provisoire de la Banque centrale du Congo. Malgré le nombre important d’institutions bancaires, une certaine opinion ne s'explique pas la faible pénétration bancaire. L'une des causes identifiées est le faible déploiement du système bancaire sur l'étendue du territoire national. « Nous avons dix-huit banques pour 26 provinces. C’est une moyenne brute de moins d’une banque par province », explique Richard M., un expert qui a requis l’anonymat. Selon lui, l’offre bancaire a bien évolué, mais elle reste « trop classique et peu adaptée aux réalités économiques du pays ». Enfin, il va plus loin en rajoutant une troisième contrainte majeure souvent méconnue : « la faible connaissance des produits et concepts financiers par les consommateurs représente également un vrai problème ».

Un pays sous-bancarisé ?

En partant des derniers chiffres disponibles, on arrive à l’estimation qu’au moins 8 Congolais sur 100 ont accès à un service bancaire. Pas de doute, il y a bien une épargne populaire à collecter. Dans la foulée, un autre débat voit le jour sur la viabilité des comptes, 5 millions répertoriés depuis 2016, et l’accès effectif des épargnants à tous les produits bancaires. Toutes ces contraintes poussent nombre d’études réalisées dans ce secteur à parler de la sous-bancarisation de la RDC. En effet, la bancarisation se mesure par la part des clients détenteurs des comptes et/ou desservis en services financiers, qui doit être supérieure à 50 % de la population totale résidente active.

Plusieurs autres faiblesses tant internes qu'externes participent à la sous-bancarisation du pays. Il y a principalement l’extraversion de l’économie nationale, la faible gouvernance des institutions financières, l’entrepreneuriat local peu compétitif, la faible collecte de l’épargne, l’absence d’un marché financier local, la faible capacité de refinancement et la violation régulière des normes prudentielles par les acteurs financiers. Mais cela n’a pas empêché la multiplication du volume de crédit par 40 en l’espace de 12 ans, soit entre 2001 et 2013. Toutefois, les efforts devront se poursuivre car ce volume de crédit ne peut répondre aux besoins de financement de l’économie nationale.

Défis futurs

De nombreux défis vont s’imposer au secteur bancaire et financier. D'une manière générale, on note que la stratégie traditionnelle des banques repose principalement sur un ciblage des villes compétitives du pays. Kinshasa, le Kongo central et le Katanga sont les 3 premières provinces du pays en termes d’importance des activités commerciales. Bien entendu, elles ont connu la forte concentration des institutions financières. Certaines provinces sous-bancarisées comme les deux Kivu et l’ex-province Orientale ont enregistré un retard suite au problème sécuritaire.

Face à la course onéreuse à l’ouverture des nouvelles agences viables, certaines banques ont choisi de passer désormais par des intermédiaires locaux, contribuant ainsi à l’émergence des nouveaux acteurs financiers. Dans le lot, on retrouve le métier d’agent bancaire. C'est celui qui offre aux clients des banques le service de dépôt et de retrait d’argent sur un compte. Seules les banques anciennement implantées ont réussi à mettre en place des réseaux viables.

Actuellement, on assiste à un intérêt croissant sur les micros, petites et moyennes entreprises (MPME). Les rencontres comme celle de Boboto permettent aux banques et institutions de micro-finance de nouer des contacts avec cette catégorie d'entrepreneurs estimée à plus d'un million dans la seule ville de Kinshasa. Il faut arriver à développer des produits financiers adaptés aux MPME.  Le maintien d'un dialogue permanent s'avère une nécessité surtout dans le volet conseil car la grande majorité des MPME évolue dans l'informel. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

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