Ethiopie : l’ONU craint une crise humanitaire « à grande échelle » au Tigré

Mercredi 18 Novembre 2020 - 16:17

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Dans un communiqué publié le 17 novembre, l’ONU s’est alarmée de la « crise humanitaire à grande échelle » qui  est en train de se développer à la frontière entre le Soudan et l'Ethiopie, où des milliers de personnes fuient chaque jour les combats dans la région dissidente du Tigré.

Inquiète des risques de déstabilisation de la Corne de l'Afrique, la communauté internationale exerce une pression croissante pour que s'achève cette opération militaire lancée par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui a affirmé que la crise va entrer dans sa phase « finale ».

Selon un porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), quatre mille personnes traversent chaque jour la frontière avec le Soudan depuis le 10 novembre, soit jusqu'ici environ vingt-sept mille personnes.

« C'est un afflux comme on n'en a pas vu ces deux dernières décennies dans cette partie du pays. Cette masse de gens est rapidement en train de submerger la capacité des organisations humanitaires sur le terrain », a souligné Babar Baloch, porte-parole du HCR à Genève.

Le gouvernement éthiopien a mené des frappes aériennes à travers le Tigré, visant officiellement des objectifs militaires. Au sol, les combats, qui ont fait plusieurs centaines de morts, se sont concentrés à l'ouest mais des offensives ont été signalées au nord et au sud. Dans le camp d'Oum Raquba, rouvert en urgence à l'est du Soudan, à quatre-vingts kilomètres de la frontière avec l'Ethiopie, errent déjà plusieurs milliers de réfugiés éthiopiens arrivés du Tigré.

Le Premier ministre éthiopien a déclaré que le délai octroyé quelques jours plus tôt aux soldats des forces du TPLF pour faire défection au profit de l'armée fédérale avait expiré, ouvrant la voie à la phase « finale » de son opération militaire. Par ailleurs, le gouvernement éthiopien a publié un communiqué dans lequel il affirme contrôler plusieurs villes du sud du Tigré et que ses forces sont en train « d'avancer vers Mekele », la capitale régionale, et se trouvent à Mehoni, à cent vingt-six kilomètres plus au sud.

Les présidents ougandais Yoweri Museveni et kényan Uhuru Kenyatta ont ainsi appelé à la paix et au dialogue en recevant le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen, venu défendre l'action du gouvernement.

Pour Addis-Abeba, aucune médiation n'aura lieu avant que les leaders tigréens ne soient désarmés et traduits en justice.

Les tensions entre Abiy Ahmed et le Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), qui contrôla durant presque trente ans l'appareil politique et sécuritaire éthiopien, ont culminé avec l'organisation au Tigré en septembre d'un scrutin régional qualifié « d'illégitime » par le gouvernement.

Le 4 novembre, Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale à l'assaut du Tigré, dans le nord du pays, après des mois de tensions avec les autorités régionales du TPLF.

Yvette Reine Nzaba

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