Euro-2016 : France contre Portugal, Griezmann contre Ronaldo: une finale, deux derbies

Vendredi 8 Juillet 2016 - 21:57

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La finale France-Portugal opposera dimanche soir deux pays aux liens très forts. Un match dans un match, le duel à distance entre Griezmann et Ronaldo sentira bon le derby entre l’Atlético Madrid et le Real Madrid.

Il y a seize ans, presque jour pour jour, la France de Zidane remportait la Coupe du monde 98 en battant le Brésil 3-0 sur la pelouse du Stade de France. Dimanche soir, dans l’enceinte de la ville de Saint-Denis, les Bleus de Griezmann et Pogba essaieront de marcher dans les traces de leurs ainés face au Portugal de Cristiano Ronaldo.

Le trait d'union entre 1998 et aujourd'hui, c'est Deschamps. Il était le capitaine des Bleus champions du monde en 1998 et d'Europe en 2000. Il peut maintenant être champion d'Europe des nations une nouvelle fois, mais comme coach, à 47 ans.

Sa supposée chance insolente est en ce moment un sujet à la fois de plaisanterie et d'admiration pour les supporters français. La preuve de cette bonne étoile ? Un tableau facile (Roumanie, Albanie, Suisse au premier tour, Eire en huitièmes puis Islande en quarts) et, en demi-finale, une victoire qui a commencé à se dessiner grâce à un pénalty inattendu juste avant la mi-temps, alors que l'Allemagne dominait outrageusement. Mais aussi des choix critiqués mais payants, comme le prouve l'excellent Euro de Moussa Sissoko, impressionnant contre l'Allemagne.

Parfois ballotés, mais globalement plus consistants en seconde période, les Bleus vont finalement vaincre la malédiction allemande, qui voulait qu’en match officiel, jamais les Bleus n’avaient battu la Mannschaft depuis le Mondial 58 (victoire dans la petite finale, 6-3, avec un quadruplé de Just Fontaine). C’est désormais chose faite, dans la sueur et la douleur.

Mais si la France retrouve le goût festif de 98, après un début d’Euro marqué par les violences des hooligans, un adversaire de taille compte bien gâcher la fête : le Portugal.

Qualifiée pour la deuxième finale de son histoire, le Portugal est un miraculé. Décevante en poules (3 matchs nuls), la Seleçao da Quinas termine troisième derrière l’Islande et la Hongrie. En 8e de finale, il leur faut aller au bout des prolongations pour écarter la séduisante équipe de Croatie (1-0). En quart, ce sont les tirs au but qui les départagent de la Pologne (1-1, puis 5-3).

Mais, comptant sur un trio Ronaldo-Nani-Quaresma et sur une assise solide, les Portugais passent à la vitesse supérieure en demi-finale. Contre le Pays de Galles, la sensation du tournoi, la Seleçao maitrise son sujet. Et son adversaire (2-0).

Relativement préservé, comme la France, le Portugal est donc monté en puissance au fil de la compétition et arrive en finale en pleine confiance, grâce à la capacité d’adaptation de son entraîneur, Fernando Santos. Adepte du 4-3-3, il n’a pas hésité à recourir au 4-4-2 (proche d’un 4-1-3-2) dans cet Euro pour optimiser les qualités de son équipe, dont est sorti le Monégasque Moutinho. Le duel de technicien face à Didier Deschamps sera donc une des clés du match.

Le match du douzième homme sera aussi important. Et à ce jeu-là, la rencontre se jouera presque sur terrain neutre, comme une finale de Ligue des champions. Car le Portugal jouera presque à domicile puisqu'une communauté portugaise très importante vit en France, estimée à plus de 750.000 personnes (sans compter les Français d'origine portugaise) depuis la vague d'immigration amorcée à la fin des années 1950. Là aussi, la ferveur populaire derrière la Selecçao sera impressionnante.

Mais dans ce match entre deux collectifs forts à défaut d’être brillants, un duel d’homme retiendra l’attention des observateurs. Nouvelle coqueluche du public français, Antoine Griezmman s’est affirmé comme le fer de lance des Bleus. Meilleur buteur du tournoi avec 6 buts, l’attaquant de poche, recalé par les clubs français en raison de sa petite taille lorsqu’il était adolescent, le Colchonero semble, comme Giroud, libéré par l’absence de Benzema. Et assume les responsabilités comme un vieux grognard.

Mais face à lui, comme lors des derbys madrilènes, se dressera Cristiano Ronaldo. Encore blessé par la défaite du Portugal face à la Grèce lors de la finale de l’Euro 2004, le triple Ballon d’or sait qu’il ne doit pas et ne peut pas laisser passer la chance de remporter, enfin, un trophée en sélection. Et offrir sa première coupe majeure au Portugal. La natif de Madère devine aussi qu'un succès dimanche soir lui offrirait à coup sûr son 4e Ballon d'or, alors que Messi s'est incliné en finale de la Copa America.

Ces retrouvailles auront un goût de revanche pour le Français. La dernière fois que les deux joueurs se sont croisés, le 28 mai en finale de la Ligue des champions, le Portugais l'avait emporté avec le Real Madrid face à l'Atletico Madrid du Français. Là encore, une histoire de derby.

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Match dans le match, le duel entre Griezmann et Ronaldo aura des airs de revanche de la dernière finale de Ligue des champions (FRANCK FIFE / AFP) Pragmatiques, Fernando Santos et Didier Deschamps ont su tirer le meilleur de leur groupe respectif pour arriver en finale: l'opposition tactique sera l'une des clés du match (FRANCK FIFE / AFP)

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