Evasion à la prison centrale de Makala : l’Asadho et la FBCP appellent à la réforme du système carcéral congolais

Samedi 20 Mai 2017 - 16:30

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Ces organisations qui décrient les tares rongeant le système carcéral congolais font, en outre, constater que ce système qualifié de congodernier est encore en contradiction avec la Constitution et les instruments juridiques internationaux relatifs au traitement des prisonniers.

L’Association africaine de défense des droits de l’Homme (Asadho), et la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP), se sont dit vivement préoccupées par l’évasion et la mort de plusieurs détenus à la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Pour ces deux ONG, cette évasion interpelle et appelle à reformer le système carcéral congolais « qui est marqué par une grande corruption, la détention de plusieurs personnes sans dossiers judiciaires, des délais de présentation de certains prisonniers devant leur juge naturel de plus en plus longs, la présence de plusieurs véhicules appartenant à des particuliers gardés dans l’enceinte de la prison et le non-respect des droits fondamentaux des personnes détenues ».

Asadho et FBCP ont, en effet, relevé, dans un communiqué conjoint du 19 mai 2017, que, la prison de Makala est aussi le lieu où les injustices judiciaires ou politiques sont vécues par plusieurs Congolais. « Plusieurs leaders politiques de l’opposition ou d’opinion y sont détenus à la suite des procédures judiciaires qui ne répondent à aucune règle d’un procès juste et équitable. Plusieurs personnes bénéficiaires des lois d’amnistie sont gardées dans cette prison illégalement alors qu’elles devaient être déjà libérées », ont-elles noté.

Ces organisations disent, par ailleurs, constater que le système carcéral congolais est encore en contradiction avec la Constitution et les instruments juridiques internationaux relatifs au traitement des prisonniers. Elles estiment que tant que ce système ne sera pas réformé, les évasions des criminels dangereux se produiront toujours. « Ce système carcéral comporte en lui-même des facteurs qui favorisent l’évasion des prisonniers », ont appuyé ces ONG.

Le diagnostic posé amène ces deux organisations à exhorter le ministre de la Justice à convoquer les états généraux des prisons afin que les experts de plusieurs disciplines réfléchissent sur l’état et l’avenir des prisons en RDC ; à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la corruption et trafic d’influence au sein des prisons et à faire libérer tous les prisonniers en détention pour des faits bénins ou qui n’ont pas de dossiers judiciaires. Ces ONG attendent également du ministre en charge de la Justice, d’élaborer un projet de loi devant aligner la gestion des prisons et le traitement des prisonniers sur les normes internationales ; de diligenter des enquêtes sérieuses sur l’évasion du 17 mai 2017 afin d’identifier tous les auteurs et les commanditaires de cet évènement ; et d’interdire tout gardiennage des véhicules appartenant à des particuliers dans l’enceinte des prisons.

Le ministre en charge de l’Intérieur a été, lui, appelé à interdire aux policiers déployés sur la ville de Kinshasa pour traquer les évadés, toute tracasserie ou tout abus à l’égard des paisibles Congolais ; à instruire les policiers pour qu’ils respectent les droits fondamentaux des évadés rattrapés et qu’ils les traitent avec dignité et humanité, et à renforcer les mesures de sécurité pour que la ville de Kinshasa et ses environs soient protégés contre les bandits dangereux évadés.

Ces ONG ont, en effet, rappelé que le 17 mai 2017, environ 4191 sur  8074 détenus se sont évadés de la prison de Makala. Plus de 80 personnes ont été tuées, 20 véhicules appartenant à des particuliers et à l’administration pénitentiaire, sans oublier le bureau de la prison, ont été incendiés, à la suite de l’attaque organisée par des individus non encore identifiés à ce jour. Il s’en est suivi, ont-elles dit, la traque des évadés par la Police nationale congolaise et les Forces armées de la RDC, qui a déjà donné lieu à l’arrestation de plus de deux cents détenus. Mais, signalent ces organisations cette traque donne déjà lieu à des abus en ce sens que certaines personnes innocentes qui ne sont pas en possession de leurs pièces d’identité, surtout les conducteurs des taxi-motos, sont arrêtées par les agents de l’ordre et assimilés aux évadés.

Lucien Dianzenza

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