Évènements des 19 et 20 septembre : Kinshasa vexé par les « injonctions comminatoires » de François Hollande

Samedi 24 Septembre 2016 - 16:17

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le porte-parole du gouvernement estime que le président français avait fait preuve d'une « compassion" sélective » vis-à-vis des victimes de violences ayant fait plusieurs dizaines de morts en s’apitoyant uniquement sur le cas de l’incendie du siège de l’UDPS.

http://s2.lemde.fr/image/2016/09/19/768x0/5000166_7_f077_a-kinshasa-le-19-septembre-2016_c8408e067b7b5603aa6ca1dfee769af3.jpgDe manière solennelle et par voie d’un point de presse animé le 23 septembre par son porte-parole, le gouvernement de la RDC a réagi aux propos tenus la veille en rapport avec les évènements ayant secoué Kinshasa les 19 et 20 septembre par le président français en marge de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York. François Hollande, on s’en souvient, avait déclaré que les victimes, s’il y en avait, avaient « été provoquées par des exactions venant de l'État congolais lui-même » tout en s’apitoyant sur l’incendie du principal parti d’opposition dont le siège avait été brûlé.    

Le ton utilisé par le porte-parole du gouvernement en réaction à ces propos était ferme et le langage franc. Connu pour son bagout, Lambert Mende n’est pas allé par le dos de la cuillère pour dire ce que la RDC officielle pensait de François Hollande qui, d’après lui, « s'est permis de tirer à boulets rouges sur le gouvernement congolais auquel il impute la responsabilité de ces violences ». Lambert Mende stigmatise la « compassion sélective » dont aurait fait preuve le président français  qui n’aurait sélectionné que l‘incendie du siège de l’UDPS passant sous silence les incendies des partis de la majorité et les victimes des émeutiers « allant jusqu’à faire grief à nos forces de sécurité de réprimer des criminels ». Et l’orateur de renchérir en ces termes : «Nous, Congolais, ne pouvons continuer à admettre qu'un pays étranger fasse de notre pays ce qu’il est reproché à certains d’avoir fait de la jadis prospère Jamahiriya Libyenne qui n’existe pratiquement plus que de nom, pour des intérêts qui n’ont rien à voir avec les droits brandis de sa population ». 

Pour Lambert Mende, les propos de François Hollande frisent des « injonctions comminatoires » et il y perçoit une vaine tentative de se substituer à la fois au souverain primaire et à la Céni faisant ainsi référence à l’intransigeance de François Hollande sur les dates des élections en RDC. Et Lambert Mende de se demander« si la République démocratique du Congo était devenue un nouveau département d'outre-mer issu de nouvelles conquêtes de l'Hexagone ». Appuyant, par ailleurs, sur la volonté manifeste du peuple congolais « à exercer son droit inaliénable à l’autodétermination », il invite au nom du gouvernement la classe politique congolaise dans son ensemble à se retrouver autour de la table du Consensus dans l’intérêt supérieur de la nation et que l’on arrête de mettre le feu à la maison commune.
 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une bande de manifestants

Notification: 

Non