Evocation : Essous Jean Serge, une vie au service de la gaieté

Vendredi 28 Août 2020 - 13:24

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La ville de Mossendjo dans le département du Niari en pays kougni est une indication touristique dont le nom évoque Jean Serge Essous. La légende de la musique congolaise naquit dans cette ville qui vit les premiers pas de son enfance, avant que jeune adolescent, il se fraie la voie vers l’universel.

C’est en effet, très tôt, en 1953 à l’âge de 18 ans qu’Essous, orphelin de père est signalé dans une formation musicale – les Compagnons de Joie - où il  est clarinettiste. Cette première expérience déterminera la suite de sa vie qui se passera désormais sur les estrades musicales au service de la gaieté. Dans ses jeunes années apparaît un de ses traits de caractère : Jean Serge Essous est un meneur d’hommes avisé, inventif et coriace. Coup du destin, il rencontra dans ses débuts des copains avec lesquels il fera carrière toute sa vie comme Nino Malapet, Pandi et d’autres. Negro Jazz l’ancêtre des Bantous de la Capitale fut monté sous sa direction avec ces copains. Il était déjà connu depuis l’ école primaire sous le sobriquet de « 3 S ». Un de ses enseignants, Georges Ngolo, fut à l’origine de cette appellation pour le distinguer de deux camarades de classe portant le même nom « Essou » mais qui l’orthographiaient sans ajouter un « s » à la fin.

Pour Georges Ngolo, l’élève Jean Serge était l’ « Essous » qui s’écrivait avec trois « s » ou tout simplement Essous 3s. Le monde musical s’en emparera. Plus tard, dans une célèbre mélodie le légendaire Kallé Jeff évoquera le fils de mama Adèle, en déclamant «  Essous Jean Serge, tu es 3 s… »

Le dernier quinquennat des années 50 fut prospère et glorieux pour le jeune artiste balloté avec des copains sur les estrades des deux villes sœurs, Léo et Bea sur les deux rives du pool Malebo. Passant de l’Ok Bar de Léopoldville à Nganda Faignond de Brazzaville, Essous participera tour à tour à la création des orchestres mythiques comme l’Ok Jazz et les Bantous de la Capitale qu’il dirigera dans le dernier cas. Cet activisme contribuera à lancer, au début des années 60, la première génération des musiciens qui prendront définitivement le relais de Paul Kamba, Wendo Kolosoy et Antoine Moundanda.

Au milieu des 60, un jingle qui annonçait le Journal parlé en français popularisa dans tout le pays, la voix rocailleuse d’Essous. La chanson « tongo etani na mokili ya Congo » resta, en effet, longtemps le générique de l’actualité politique à Brazzaville alors qu’Essous s’était déjà envolé pour la France, en butte dans son pays à des persécutions.

Vers la fin des années 80, Essous se trouve dans les Caraïbes. Il joue en Martinique, en Guyane, au Venezuela, à Porto-Rico, chante en créole, se produit aux côtés des célébrités locales dont Gérard Lavini. Son célébrissime tube « Philosophie » date de cette période.

Le 26 novembre 2009, il plut au seigneur de rappeler Essous Jean Serge dans son royaume. Le chanteur et saxophoniste avait 50 ans de carrière derrière lui couronnés par des décorations nationales et internationales. Mais, aux yeux des mélomanes congolais, le plus grand mérite du gamin de Mossendjo aura été d’être à la suite de Paul Kamba et Antoine Moundanda, le père de la musique congolaise.

François-Ikkia Onday Akiera

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