Exploitation forestière : 75% de la production de bois d’Afrique exporté en Chine, selon l’ONG Greenpeace

Mardi 29 Mars 2016 - 11:45

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Dans une enquête qu’il vient de rendre publique, Greenpeace indique que le bois qui part pour la Chine, en fait  la troisième matière première africaine la plus importée par l’empire du milieu à côté d’autres comme les minerais, le pétrole, la faune et la flore.

Malgré cette importante quantité de l'or vert qui traduit l’excellence de la coopération sino-africaine sur le plan commercial, l’ONG Greenpeace déplore le fait que l’exportation de bois brut africain vers la Chine où il est transformé avant d’être réexporté essentiellement vers l’Europe, se fasse dans des « conditions souvent opaques ». Des pays comme le Cameroun, le Gabon, le Mozambique et la République du Congo seraient en première ligne.

Dans son enquête l’ONG s’est appesantie singulièrement sur la société Camerounaise CCT (compagnie de commerce et de transport) qui n’est autre que le plus grand exportateur de grumes du pays. Elle remonte la filière des forêts du Cameroun jusqu’au port chinois de Zhangjiagang, à l’est de la Chine, et souligne que les importateurs profitent d’une législation particulièrement permissive pour ce genre d’activités. Cette zone de libre-échange construite en 1992 se trouve non loin de la ville de Shangai.

Evoquant le cas du bois en provenance du Bassin du Congo, notamment du Cameroun et du Congo, Greenpeace rappelle qu’avec plus de 250 millions d’hectares, cet espace qui abrite la deuxième plus grande forêt du monde fait vivre plus de 75 millions de personnes. Tous ces gens en dépendent pour leur subsistance ainsi que des espèces animales menacées comme les gorilles et les chimpanzés. Dans le bassin du Congo existent  plus de 10 000 espèces de bois tropicaux dont un tiers est endémique à la région.

L’enquête de Greenpeace va plus loin pour indiquer que sur les quelque trois cents entreprises identifiées qui importent du bois d’Afrique, une trentaine concentre 80% des volumes transportés. Il s’agit entre autres de Jiu Li Timber Industry, World Wood Trade, Allwin ou Huilong Group. Ces entreprises se trouvent essentiellement dans quatre provinces du Sud-Est de la Chine : Guangdong, Zhejiang, Shanghai et Jiangsu où se trouve le port de Zhangjiagang. L’essentiel de l’industrie chinoise du bois se concentre dans cette partie située sur les rives du Yangtze. Quant au chiffre d’affaires des industriels du bois dans la région, il est estimé au total à 6 milliards de dollars.

Greenpeace n’apprécie pas le commerce d’essences protégées

Si le commerce entre la Chine et l’Afrique, de manière générale est à encourager pour l’intérêt des deux parties, Greenpeace n’apprécie pas pour autant l’exploitation illégale du bois et surtout le commerce d’essences protégées, comme le bois de rose en provenance de Madagascar. Ce type de bois est utilisé dans la fabrication de meubles pour une clientèle aisée.

Greenpeace note qu’entre 2000 et 2013, près de neuf millions d’hectares de forêts ont disparu : une catastrophe pour la biodiversité en dépit des efforts consentis par les Etats de la région pour combattre l’exploitation forestière illégale. Le Congo et le Gabon, par exemple,  ne ménagent aucun effort en la matière. Etant l’un des principaux exportateurs de Kevazingo, une essence précieuse et rare d’Afrique centrale avec près de 18 mètres cube exportés chaque année, le Gabon réprime sévèrement l’exploitation illégale du bois. Le Kevanzino est un bois qui sert à fabriquer des meubles massifs, des parquets et moulures ou encore des instruments de musique.

Selon Luc Mathot responsable de l’ONG Conservation Justice, qui a publié un rapport sur l’exploitation des forêts d’Afrique, la demande de Kevazingo a explosé ces dernières années, faisant flamber son prix. Le mètre cube varie actuellement entre 1500 et 3000 euros une fois sur le territoire chinois.

Malgré la grande quantité de bois importés en Chine, l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) estime que ce pays n’a pas renforcé sa législation en matière d’importation du bois, contrairement à l’Union européenne et aux Etats-Unis. Eu égard à cela, et pour prévenir une déforestation sauvage, l’IIED a mis en place, il y a deux ans, un observatoire, qui réunit les autorités africaines, chinoises et les principaux forestiers du continent. Ceci pour  conduire la Chine à adopter un code de bonne conduite dans l’importation du bois d’Afrique. Les pays du continent devront profiter de cette opportunité pour mettre en place une industrie responsable du bois, qui profiterait véritablement à leurs économies.  

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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