Exploitation minière : les mines congolaises à l'épreuve de la traçabilité

Mardi 27 Août 2019 - 19:09

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 « La traçabilité des produits miniers en RDC a un fondement légal et réglementaire dans la législation minière congolaise ». Tel est le postulat défendu bec et ongles  par le Secrétaire général aux mines, le 13 septembre à Kolwezi 2018, lors de la troisième édition de la Conférence minière.

Cette thèse, il en fait son crédo et ne manque pas de le partager avec les tierces, notamment avec Le Courrier de Kinshasa qui en a épinglé quelques aspects après exploitation du rapport ayant sanctionné le forum susdit. « Tout doit être tracé dans le secteur minier », s'est convaincu d’emblée Joseph Ikoli Yombo Y’Apeke. Qu’il s’agisse des flux de matières que financiers pour renforcer la transparence et la bonne gouvernance ainsi que l’instauration des chaines d’approvisionnement responsables en minerais, rien ne peut échapper à la règle.

A ceux qui pensent que notre système de traçabilité documentaire mis en œuvre par les services compétents du ministère des Mines est sous l’emprise du diktat des occidentaux, Joseph Ikoli Yombo Y’Apeke voit les choses autrement. Tout en réfutant cette allégation, il indique que les minerais provenant de la région  des Grands lacs devraient clairement être tracés au risque d’être frappés d‘embargo. Ce qui, a-t-il ajouté, s’est malheureusement  réalisé pour les minerais des 3T et l’or de production artisanale. Entretemps, quatre minerais ont été retenus comme « minerais de conflits », à savoir la cassitérite, le coltan, le wolframite (le tungstène) et l’or pour avoir servi à financer les conflits armés récurrents dans la région des Grands lacs africains. Pour le secrétaire général aux mines, il est clair que cet état des choses ne pouvait que favoriser l’engouement de plusieurs prestataires des services de traçabilité ou de certification des minerais en RDC en vue d’offrir leurs services aux pays de la Cirgl.

C’est justement pour décriminaliser le secteur minier de l’est du pays que le ministère des Mines a dû accepter les services du premier prestataire qui s’est présenté avec son système « ITSCi », en l’occurrence, ITRI, a noté Joseph Ikoli. Et d’ajouter que le ministre des mines n’accorderait dorénavant aucun monopole à qui que ce soit dans ce domaine. Ce qui a donné lieu à la floraison des prestataires, chacun amenant sa technologie passée alors au crible par l’OCDE, la Cirgl et les utilisateurs finaux. « Il s’agit ici non pas d’un diktat, du néo-colonialisme économique, d’une imposition, mais de répondre aux exigences et aux attentes de l‘industrie de transformation de nos produits miniers », a-t-il argumenté.

Concernant le type des minerais susceptibles d’être tracés, Joseph Ikoli confirme qu’il s’agit de tous les minerais, sans exception. Des minerais d’exploitation industrielle à ceux d’exploitation artisanale, tous sont tenus à se plier à cette exigence qui leur évite de ne pas être éligibles sur le marché international. « C’est une exigence du commerce international des minerais. Nous avons les produits miniers mais nous n’avons pas le contrôle du marché international », a déclaré Joseph Ikoli. Opérant un distinguo entre les minerais exploités dans une zone de conflits ou une zone libre de conflits, ce responsable des mines congolaises trouve judicieux que le système de traçabilité à mettre en œuvre combine l’exercice du devoir de diligence et l’application du système de traçabilité documentaire existant. 

A tout prendre, pour le ministère des Mines, a-t-il dit, le cobalt de production artisanale doit être tracé, car les sites sont éparpillés. Ce qui, du point de vue du ministère, rend laborieuse la quête de la provenance ou l’origine dudit minerais. « La fibre nationaliste qui coule dans nos veines doit nous amener au pragmatisme ou au réalisme. Aucun lot des minerais de production artisanale ne pourra être accepté s’il n’a pas été tracé ou n‘ayant pas fait l’objet de l‘exercice du devoir de diligence », s’est enquis le secrétaire général aux mines. Il regrette cependant que le pays n’ait toujours pas le contrôle du marché international dont il ne maitrise pas les aléas et invite, par conséquent, au strict respect des exigences et attentes des consommateurs finaux. Le salut, pense-t-il, proviendrait « de la transformation de nos minerais sur place », dans la phase finale.

Alain Diasso

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