Facilitation au dialogue : controverse autour de la désignation d’Edem Kodjo

Lundi 18 Janvier 2016 - 18:23

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Tout en jetant son dévolu sur l’ex-Premier ministre togolais, la Commission de l’Union africaine demande aux partis politiques de la majorité et de l'opposition ainsi qu’à la société civile de participer au dialogue pour trouver un consensus afin de consolider le processus démocratique en RDC.

Alors que les Nations unies continuent de tergiverser dans le choix du facilitateur chargé d’amener les Congolais sur la table des discussions dans le cadre du dialogue national, la Commission de l’Union africaine (UA) que dirige Nkosazana Dlamini-Zuma a finalement décidé de prendre les choses à son compte.  Dans un communiqué publié le 14 janvier, l’UA a jeté son dévolu sur son ancien secrétaire général et membre du groupe des sages au sein de l'organisation panafricaine, Edem Kodjo. Ce dernier a la lourde tache de faciliter le dialogue entre le pouvoir et l’opposition dans un climat politique tendu où les intérêts de deux camps sont difficilement conciliables. L’ex Premier ministre togolais a été prié par Nkosazana Dlamini-Zuma de se rendre de toute urgence à Kinshasa pour mener les consultations nécessaires pour le lancement du dialogue. La présidente de la commission de l’UA qui soutient fortement cette initiative « comme le seul moyen de relever les nombreux défis auxquels est confronté le pays », demande aux partis politiques de la majorité et de l'opposition ainsi qu’à la société civile « de participer au dialogue pour trouver un consensus afin de consolider le processus démocratique en RDC », peut-on lire dans le communiqué.

D’une manière générale, la classe politique congolaise salue la désignation d’Edem Kodjo d’autant plus que ce dernier a déjà fait ses preuves notamment dans la résolution de la crise burkinabè, après la démission de Blaise Compaoré. Il bénéficie, d’ores et déjà, d’une présomption d’efficacité étant entendu qu’il connaît l’Afrique et la RDC. Au sein de la majorité, cette désignation est perçue comme l’élément détonateur censé impulser la dynamique du dialogue empêtrée dans les méandres des tergiversations. « Il faut croire maintenant qu’il est désigné, nous ne pouvons plus faire la fine bouche. Et il est temps que nous allions au dialogue, avec la présence de ce facilitateur qui est africain et qui aime le Congo», a déclaré, pour sa part, le porte-parole de majorité présidentielle, André-Alain Atundu Liongo. D’autres cadres de la plate-forme présidentielle abondent dans le même sens à l’instar d’Emmanuel Shadari Ramazani (porte-parole du PPRD) qui ne voit aucun inconvénient à cette désignation. Ce qui compte à ses yeux, c’est que les Congolais se parlent et qu’ils trouvent des solutions idoines pour un processus électoral apaisé et transparent, relativisant ainsi le débat sur le profil du facilitateur.

Par contre dans l’opposition, la personne d’Edem Kodjo ne passe pas, particulièrement dans les milieux du « Front citoyen 2016 » et de la Dynamique de l’opposition. Dans ces regroupements politiques de l‘opposition, on est convaincu que l’ancien secrétaire général de l’UA viendrait en RDC pour faciliter le glissement et préparer un troisième mandat de Joseph Kabila au mépris de la Constitution. « Nous n’attendons pas de facilitateur, ni de Nations unies ni de l’Union africaine. Nous n’avons pas demandé un dialogue. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est le respect de la Constitution. Nous n’acceptons pas Edem Kodjo et nous ne le verrons pas », dixit Martin Fayulu (président de l’Ecidé). Il estime que ce n’est pas le dialogue qui intéresse les Congolais maintenant mais plutôt les élections de 2016.

À l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), on estime qu’il est trop tôt d’émettre un quelconque jugement sur le facilitateur sans avoir réuni au préalable tous les éléments ayant prévalu à sa désignation. Tout en saluant ce choix, une autre frange de l’opposition dite « nationaliste » réputée moins radicale regrette tout de même que ce soit un étranger qui vienne rassembler les Congolais, alors que ces derniers pouvaient transcender leurs divergences en se mettant ensemble pour le dialogue.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Edem Kodjo

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