Fespam : préserver l’âme africaine de l'évènement

Mercredi 17 Juillet 2013 - 15:30

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Les pays de l’Union africaine (UA) doivent non seulement s’assurer de la pérennisation du projet dans sa dimension régionale mais aussi participer à son organisation.

Les participants au symposium international, réunis durant quatre jours au Palais des congrès, en sont arrivés à cette conclusion à l’issue d’échanges sincères sur le chemin parcouru depuis la première édition, en 2003. Au départ, l’objectif de l’UA était d’organiser des festivals thématiques pour promouvoir les musiques africaines et le patrimoine culturel de la région. L’UA se préoccupait du sort des langues africaines. Ainsi les musiques africaines, comme le thème de la neuvième édition l’indique, constituent à n’en point douter un vecteur d’authenticité et, à ce titre, elles nous renvoient notre propre image. Par la même occasion, la promotion des musiques africaines devait aussi donner un espace d’expression à la jeunesse.

À travers le Fespam, l’Afrique apporte au monde quelque chose qui représente le fruit de ses riches traditions. « Mais l’UA n’est pas un bailleur de fonds. Les pays doivent participer. Beaucoup de problèmes se posent, il y en aura toujours. La plupart des pays membres ne s’acquittent même pas de leurs cotisations à l’UA », a expliqué le commissaire général du Fespam, Dieudonné Moyongo. Certes, des faiblesses peuvent être observées dans l’organisation du festival, mais elles ne devraient pas, à en croire certains participants, susciter le débat, mais interpeller davantage les pays de l’UA. Pour autant, à la lecture du programme, cette neuvième édition a bien connu la présence des délégations officielles de quatorze pays africains.

Cette nécessité de recadrer les choses est partie d’une observation. Dans son exposé, un intervenant a jeté le pavé dans la mare en déplorant le peu d’intérêt accordé aux musiques traditionnelles, en violation de la principale mission dévolue au Fespam. Selon lui, le festival risque de perdre de sa substance. Réagissant à cette observation, le directeur scientifique du Fespam, Paul Nzeté, a pris acte de la requête tout en rappelant à l’auditoire les efforts en cours pour mieux valoriser les chansons et la musique traditionnelles. « Il y a très peu de choses sur le traditionnel, nous réfléchissons là-dessus. Il n’a jamais été question de privilégier l’un en défaveur de l’autre, mais nous prenons en charge les deux : le moderne et le traditionnel », a-t-il indiqué.

Ce débat a aussi conduit à se poser des questions légitimes sur les institutions capables d’influencer durablement le Fespam et, à travers lui, les musiques africaines. Pour Dieudonné Mayongo, l’appui de l’Unesco est indispensable dans la campagne de sensibilisation de tous les gouvernants africains membres de l’UA. À côté, il y a aussi l’élite africaine. « L’université doit se sentir interpellée par le contenu des chansons. Il faut mettre en place des mécanismes. Il n’y a pas que le secteur de la musique, mais tous les secteurs de la culture des pays africains. Il revient à l’Unesco de s’impliquer dans le travail de sensibilisation des décideurs afin que les pays africains appliquent les conventions internationales. »

Les prochains défis à relever seront certainement de continuer à améliorer l’organisation de cette grande fête de la musique tout en restant dans la pure tradition africaine.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Concert de jazz congolais à l'Institut français