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Fils de leurs pères

Samedi 30 Mai 2015 - 13:30

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Chez nous, au Congo, comme ailleurs, dans le monde, le tabou qui consistait à voir d’un mauvais œil un fils, ou une fille, succéder à son père, à la tête du parti que ce dernier a créé est devenu caduc. L'exemple le plus emblématique, lorsqu'on fait référence au pays de démocratie qu'est la France est donné par le Parti national. Fondé par Jean-Marie le Pen, il est dirigé actuelement par sa fille, Marine le Pen. Mais, charité bien ordonnée commençant par soi-même, observons, pour le cas de notre pays, la montée en puissance, chacun son itinéraire, de trois jeunes hommes, fils de leurs pères, actifs dans cet univers plutôt très complexe de la politique. Citons, sans préférence de préséance, Jean Marc Thystère Tchicaya, Guy-Brice Parfait Kolélas et Denis Christel Sassou N'Guesso.

Le 23 mai dernier, à Pointe-Noire, ville où il semble le plus implanté, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS) a vu son congrès, commencé la veille, élire à sa tête Jean Marc Thystère Tchicaya, le propre fils de Jean Pierre Thystère Tchicaya, fondateur de celui-ci. Député de la première circonscription électorale de Mvou-Mvou que garda son père de longues années durant, le fiston est presque sur ses pas, même si, en termes de chemin à parcourir, avant de fusionner beaucoup de monde autour de lui, le sien reste encore bien long. « Faire la politique autrement », tel était le thème du congrès d’où Jean Marc Thystère Tchicaya et les instances renouvelées de son parti tirent leur légitimité. Il lui restera à mettre en œuvre les engagements qu’il a pris, le premier étant celui de « revitaliser » le RDPS. À lui de voir si ses compagnons de route lui apporteront l’appui qu’il faut pour atteindre cet objectif.

Avant les changements intervenus à la tête du RDPS, le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), fondé par Bernard Kolélas, était parvenu au même résultat. Mise à part, en effet, la brouille survenue au sein de ce parti, consécutive à la désignation de fait de Guy Brice Parfait Kolélas, en qualité de secrétaire général du mouvement, à l’issue d’une Convention tenue à la fin de l’année 2012  à Kinkala, dans le Pool, et contestée par certains dirigeants du MCDDI, tout est à présent rentré dans l’ordre. Le 4 avril, le fils du fondateur du MCDDI a été légitimé à la tête de celui-ci à l’issue du premier congrès extraordinaire, l’unique de son histoire, réuni à Brazzaville. Et Guy-Brice parfait Kolélas en a profité pour annoncer les couleurs, notamment son intention de se porter candidat à la présidentielle de 2016, au même titre, d’ailleurs, en apparence, que l’actuel numéro un du RDPS.

« Mwana Ndéya » : ainsi l’appellent les admirateurs de Denis Christel Sassou N’Guesso, le fils du président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Traduisons cette expression tirée de la langue Mbochi, en « l’Enfant de l'espoir ». Denis Christel a fondé le Pôle des jeunes républicains, son parti politique qui s'est fondu, ensuite, dans le Parti congolais du travail (PCT) lors du congrès dit d'ouverture organisé en 2011. Ayant ensuite gravi les échelons du PCT pour en devenir membre du bureau politique, il se projette en avant, avec sans doute, l’ambition de jouer un rôle majeur le moment venu. Certes, à la différence des deux premiers "fils" cités plus haut, il n’est pas à la tête du PCT, mais comme eux, il a la légitimité des urnes en tant que député. C’est bien l’échelon de base d'envergure nationale où l’on se façonne en politique au contact des électeurs locaux. L’homme s’appuie fortement sur son association « Perspectives d’avenir » dont l’investissement en milieu juvénile pourrait, à terme, fédérer autour de lui une attention plus grande de cette couche agissante de la population congolaise.

Les trois sont jeunes mais, tous presque pour l’instant, coincés dans leurs fiefs respectifs. Pour devenir des leaders nationaux, ils devront aller prester ailleurs, vendre leur image, convaincre de leur capacité à dépasser ces fameux fiefs et mobiliser bien au-delà. S’ils ne le peuvent pas, s’ils ne s’y préparent pas, ils pourront difficilement rallier à leur cause ces Congolais de tous horizons, qui les regardent s’avancer à pas feutrés ou à pas de géants, animés par l’ambition de briguer des mandats plus étoffés que ceux qu’ils exercent aujourd’hui. À leur façon de faire s’incrustera à coup sûr une question dont la réponse ne sera pas donnée ici, à savoir : qu’ont-ils, au fond, Jean Marc, Guy-Brice Parfait et Denis Christel, hérité de leurs pères ? Politiquement parlant, bien sûr. Nous y reviendrons.

Gankama N'Siah

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