Forum Chine-Afrique : la communauté de destin au cœur de l’action

Le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) a planté le décor d’une nouvelle vision dans la poursuite de l’action menée par la Chine sur le continent africain. Au terme des deux jours, le sommet a publié la déclaration de Beijing qui vise à mettre en œuvre l’ambition de construire une communauté de destin encore plus solide. Dans cet élan, un plan d’actions de Beijing a été initié. Celui-ci fixe la priorité de mettre en œuvre huit initiatives majeures dans les trois ans à venir, en vue de renforcer, sur tous les plans, la coopération « pragmatique » sino-africaine.

Maintenir le cap du développement dynamique offre des opportunités importantes aux deux parties qui ont affiché leur volonté d’avancer sur la voie de la coopération stratégique globale. La marque d’un nouveau départ entre le plus grand pays en développement et un continent prometteur vient d’être déposée.

A l’unanimité…

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont parlé d’une seule voix au cours de cette grand-messe où ils ont exploré de nouvelles opportunités de coopération mutuellement bénéfique, afin de redynamiser les plans visant la construction conjointe d'un avenir meilleur. « L'évolution vers un monde multipolaire et la mondialisation économique gagnent en profondeur. Les destins des différents peuples n'ont jamais été aussi étroitement liés. Dans le même temps, le monde est confronté à de grandes instabilités et incertitudes et l'humanité fait face à de nombreux défis communs », a déclaré le chef de l'Etat chinois, Xi Jinping, à la conférence de presse avec ses homologues africains, tenue en marge du FCSA.

Pour relever ce défi, les chefs d’Etat présents à ce sommet ont convenu de travailler de concert afin de bâtir une communauté de destin Chine-Afrique marquée par le partage des responsabilités, la coopération gagnant-gagnant, le bonheur pour tous, la prospérité culturelle, la sécurité commune et l'harmonie entre l'homme et la nature.

Pour le dirigeant chinois, l’épreuve du temps et des aléas internationaux ont permis aux relations sino-africaines de se « frayer un chemin de coopération gagnant-gagnant aux caractéristiques spécifiques et sont aujourd'hui entrées dans la meilleure période de leur histoire ». Et d’ajouter : « Nous allons mettre en œuvre, en priorité, les huit initiatives majeures concernant la promotion industrielle, l'interconnexion des infrastructures, la facilitation du commerce, le développement vert, le renforcement des capacités, la santé, les échanges humains et culturels ainsi que la paix et la sécurité, pour fournir davantage d'opportunités et une plus grande force motrice à la coopération sino-africaine ».

Pour un avenir meilleur

La coopération sino-africaine a porté des résultats fructueux ces dernières années. Les dirigeants des deux camps disent s'attendre à davantage de réussites futures, contrairement à certaines allégations.

Le commerce bilatéral a enregistré une croissance rapide. La Chine est devenue le plus grand partenaire commercial de l'Afrique sur neuf années consécutives. Les échanges entre la Chine et l'Afrique ont été multipliés par 17, en volume entre 2000 et 2017. L’an dernier, le volume des échanges a augmenté de 14% en glissement annuel pour atteindre cent soixante-dix milliards de dollars. Au premier semestre de 2018, ce chiffre a augmenté de 16% à presque cent milliards de dollars.

Le président chinois a promis des investissements de soixante milliards de dollars supplémentaires au profit du développement économique des pays africains, outre les huit initiatives pour renforcer la coopération bilatérale sur trois ans.

Un nouveau jalon dans la coopération Sud-Sud vient d’être posé à Beijing. « Je suis convaincu que grâce à nos efforts conjugués et au soutien agissant des plus de 2,6 milliards de Chinois et d'Africains, nous réaliserons sûrement notre objectif de construire une communauté de destin Chine-Afrique encore plus solide et que les relations sino-africaines auront un avenir plus radieux », a espéré le président chinois.

Main dans la main

Depuis l'établissement du FCSA en 2000, la Chine et plusieurs pays africains développent leurs relations sur la base de l'égalité et du respect mutuel. Le sommet de cette année est le troisième en son genre dans l'histoire du FCSA, les deux précédents ayant été organisés à Beijing en 2006 et à Johannesburg en 2015. Le Sénégal sera le prochain pays à abriter ce forum de haut-niveau.

Pour conforter ses relations, la Chine suit l’approche des « cinq non » dans ses rapports avec les pays africains : non-ingérence dans les voies de développement des pays; non-ingérence dans leurs affaires intérieures; non-imposition de la volonté chinoise; non-imposition de contrepartie politique en échange de l'assistance; non-recherche de gains politiques dans les investissements et la coopération financière. « La Chine a pour principes de donner plus et prendre moins, donner avant de recevoir et donner sans rien demander en retour », a assuré Xi Jinping, qui se dit disposé à renforcer la coopération globale avec les pays africains afin de construire une voie de développement de haute qualité, adaptée aux conditions nationales individuelles, inclusive et bénéfique à tous. « Nous allons œuvrer ensemble pour mieux préserver les intérêts communs de la Chine et de l'Afrique et renforcer le poids des pays en développement, de sorte à construire un monde meilleur et plus équilibré et à établir un bel exemple pour la construction d'une communauté de destin pour l'humanité », a-t-il poursuivi.

Le président rwandais, Paul Kagame, président en exercice de l'Union africaine, a, pour sa part, indiqué que l'engagement de la Chine en Afrique était « profondément transformationnel sur le plan intérieur comme dans le respect de la position globale de l'Afrique ». « L'Afrique considère la Chine comme un partenaire qui croit en la capacité du continent à sortir son peuple de la pauvreté et à parvenir à l'indépendance économique et à l'autosuffisance », a affirmé pour sa part le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, s’exprimant au nom de l’Afrique de l’est lors du dialogue d'affaires.

Créé il y a dix-huit ans, le FCSA est devenu un symbole de la coopération internationale avec l'Afrique et de la coopération Sud-Sud. Le succès du sommet de Beijing marque un nouveau point de départ et inaugure une nouvelle marche historique pour le partenariat de coopération stratégique global sino-africain. Le pari reste encore à gagner, même si toutes les bases ont été posées.