Fosse commune de Maluku : le gouvernement dénonce une surenchère politique

Jeudi 9 Avril 2015 - 19:45

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À la suite de l’exécutif provincial qui avait récemment donné sa version des faits en rapport avec l’enterrement collectif effectué, le 19 mars, par les services compétents de l’Hôtel de ville à Maluku, c’était au tour du gouvernement de la République de réagir via son porte-parole.

S’exprimant dans le cadre d’un point de presse tenu le 9 avril, Lambert Mende estime, sans détours, que l’ampleur prise par ce dossier procède plutôt d’une « émotion politiquement motivée ». Les corps sans vie des indigents mais aussi des fœtus abandonnés (427 au total selon les dernières statistiques) recueillis à divers endroits par les services sociaux de la ville commis à cette tâche n’ont aucun lien avec les victimes des évènements de 19 et 20 janvier, a-t-il indiqué. Le bilan desdites manifestations faisait état de vingt-sept morts et lorsqu’on s’en tient à la capacité d’accueil limitée des différentes morgues de la ville, il y a de quoi crier à l’imposture.

La conviction de Lambert Mende se fonde notamment sur les listes disponibles à l’Hôtel de ville de Kinshasa des personnes ensevelies à Maluku reprenant leurs coordonnées. Quiconque peut les consulter. On y retrouve des cadavres enregistrés au dépôt à la morgue, des cops identifiés mais abandonnés, des fœtus ou des corps des bébés retrouvés dans des ruisseaux ou des marécages, etc. Il s’agit là, a-t-il  fait savoir, d’une activité de routine qui n’est pas nouveau à Kinshasa. Il a dénoncé la surenchère faite par des politiques autour de cette affaire jusqu’à pousser les Congolais de la diaspora à se livrer à des casses à l’ambassade de la RDC en France. Le porte-parole du gouvernement a plaidé pour le retour aux fondamentaux qui caractérisent les sociétés africaines par la promotion des valeurs de solidarité familiale. Il faudrait modifier l’esprit des familles en dissuadant notamment les jeunes filles de ne pas se débarrasser de leurs grossesses précoces. Répondant aux spéculations entretenues sur l’heure à laquelle cette opération a eu lieu (autour de 2 heures du matin), il a expliqué que cela relève d’un choix politique du gouvernement qui ne pourrait faire l’objet d’aucun jugement de valeur. En lieu et place d’une découverte macabre comme certaines langues l’ont voulu insinuer, Lambert Mende a précisé que c’est le gouvernement provincial via ses services de la morgue de l’hôpital de référence de Kinshasa qui a communiqué sur ce fait.

Et Lambert Mende d’ajouter que le ministre de la Justice n’a pas attendu une quelconque pression extérieure pour diligenter une enquête. Il s’agit, a-t-il déclaré, de confirmer ou non les faits tels que relatés et voir si cet enterrement est conforme à la loi relative à l‘inhumation et à la police de cimetière en RDC, laquelle police exige une sépulture digne à tout corps sans vie mise à terre. S’il s’avère que, pour des besoins d’enquête, les magistrats et les experts exigent que l’on procède à l’exhumation des corps, il n’y trouve aucun inconvénient aussi longtemps que cela peut concourir à la manifestation de la vérité.

Alain Diasso