Fraude café et cacao : les exportateurs congolais gagnent trois fois plus en commerçant avec l’Ouganda

Samedi 13 Mai 2017 - 15:15

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Le kilo du cacao se négocie actuellement à trois dollars américains USD dans le pays frontalier, contre un dollar en RDC. Face à une telle disparité des prix, les commerçants affluent vers le pays voisin, qui affiche un prix plus attractif. Mais le phénomène inquiétant est la sortie frauduleuse de milliers de tonnes chaque année à Beni, sous le regard impuissant de l’État congolais.

Au cours des 3 premiers mois de 2017, la société civile de Beni, au Nord-Kivu, a signalé la sortie frauduleuse de 1 300 tonnes de cacao à la frontière ougandaise. La situation est plus effrayante si l’on envisage la question sur une période plus longue. En se référant aux statistiques de la Fédération des entreprises du Congo (Fec), la société civile de Beni parle de plus de 7 000 tonnes de cacao et de café exportées frauduleusement vers l’Ouganda entre 2010 et 2017.

Par le passé, le patronat national s’est exprimé à plusieurs reprises sur ce dossier brûlant. Récemment, au cours d’une réunion à Beni avec l’Association des exportateurs du café-cacao, l’Office congolais du café, les autorités administratives et la Police des frontières, elle a exprimé ses préoccupations. Chaque année, une quantité importante sort du pays sans que des mesures adéquates soient prises pour stopper la fraude. Selon les estimations de la Fec, 3 287 tonnes de cacao sont passées frauduleusement en 2015, 3 200 tonnes en 2016 et 1 321 tonnes au premier trimestre 2017. Des chiffres qui sont loin de faire l’unanimité parmi les acteurs du secteur en raison de l’absence des « preuves tangibles », soutiennent les services affectés à la frontière.

Même si le débat sur la véracité des chiffres reste ouvert, une convergence de vues existe sur les causes de la fraude à la frontière. En dehors de l’offre plus alléchante de l’Ouganda, il y a aussi la difficulté à mettre en œuvre les mesures gouvernementales de lutte contre la fraude à la frontière et la multiplication des démarches administratives suite à la prolifération des services.

Tous les acteurs opérant dans les cultures d’exportation exigent au gouvernement et aux services de sécurité de démanteler les réseaux de contrebande responsables de cette sortie massive de produits, représentant un grave manque-à-gagner pour le Trésor public. Bien entendu, Kinshasa doit également se résoudre à créer les conditions plus attractives pour le commerce du café et du cacao localement. Par ailleurs, l’administration a un rôle important à jouer dans la lutte contre la fraude massive à la frontière. Il est indispensable que le parquet ouvre une enquête pour voir plus clair sur ce dossier, a conclu la société civile.

Laurent Essolomwa

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