G20 : l’Allemagne veut attirer les investissements vers l’Afrique

Lundi 12 Juin 2017 - 13:38

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Le lundi 12 et mardi 13 juin, à moins d’un mois du G20 de Hambourg, la chancelière allemande reçoit à Berlin de nombreux dirigeants africains pour les assurer du soutien que l’Allemagne entend apporter à l’économie africaine afin d’endiguer les migrations vers l’Europe. Angela Merkel a donc saisi l’opportunité de la présidence allemande de l’organisation pour attirer les investissements vers le continent africain.

Pour la chancelière allemande, le point central pour espérer endiguer les flux migratoires est de s’attaquer aux causes de la migration en offrant des perspectives aux populations dans leurs pays. C’est pour cela que lors de sa tournée au Mali et au Niger, elle avait affirmé que « le bien-être de l’Afrique était dans l’intérêt de l’Allemagne »

Expliquant les raisons de cette priorité, une porte parole de la chancelière allemande a dit que « l’objectif est de renforcer la coopération pour le développement économique durable des Etats africains ». « Le développement économique doit suivre le rythme d’une croissance rapide et s’accélérant de la population, pour créer un futur convenable aux jeunes et ainsi réduire la pression migratoire », a-t-elle ajouté.

Même si le G20 n’entend pas évoquer en première ligne la question de nombreux migrants qui prennent la direction de l’Europe pour fuir la pauvreté et les conflits armés, l’Allemagne qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile essentiellement de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan ces dernières années, estime que ce sujet occupe une place centrale dans ses préoccupations. La question est d’autant plus pressante que l’Union européenne ne semble pas jusqu’ici en mesure de stopper l’afflux des migrants, pour beaucoup de sahariens, qui rejoignent les côtes italiennes depuis la Libye. 

À ce jour, il n’y a que l’Afrique du Sud qui fait partie du G20. Et jusqu’à présent, le développement économique du continent africain n’avait jamais été à l’agenda des pays riches. La priorité voulue par la chancelière allemande est donc « une opportunité d’attirer les investissements, les bénéfices et les emplois », selon un responsable du ministère allemand des finances. « Le soutien politique du G20 peut permettre de rendre ces pays plus attrayants pour les financements privés », a-t-il estimé.

En mars dernier, lors d’un sommet du G20 finances, les grands argentiers des principales économies du monde avaient convié leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie à se joindre à eux pour mettre sur pied ce partenariat baptisé « Compact with Africa ». Et cette fois-ci, dans une démarche qui se veut ouverte, à tous les pays africains, les dirigeants du Ghana, d’Ethiopie, du Niger, d’Egypte ou encore du Mali participent à ces deux jours de conférence, aux côtés des institutions financières internationales censées apporter un soutien aux Etats africains pour leurs réformes. Plus d’une centaine d’investisseurs prennent part à cette conférence.

L’ONG One estime que l’initiative allemande dans le cadre du G20 est à saluer, même si « les propositions actuellement sur la table sont insuffisantes » parce que trop tournées vers les Etats les plus solides et trop concentrées sur les investissements privés. « Pour offrir des perspectives d’avenir aux 450 millions de jeunes africains qui arriveront sur le marché du travail dans les 20 prochaines années, les Etats africains doivent certes faire des réformes et des investissements mais le G20 doit aussi augmenter ses aides publiques pour les secteurs clés comme l’éducation », souligne One. Selon le dernier rapport de cette ONG, d’ici 50 ans, l’Afrique comptera plus de jeunes que tous les pays du G20.

« L’Afrique n’est pas à vendre », clamait samedi environ un millier d’opposants à la mondialisation, qui défilait à Berlin, critiquant la rencontre de la capitale allemande comme une nouvelle tentative pour mettre la main sur les ressources africaines.  

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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