Gabon : l’opposant Jean Ping fait monter la pression, Ali Bongo l'accuse d'avoir créé la violence

Samedi 10 Septembre 2016 - 15:19

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 L'opposant Jean Ping a mis en garde vendredi la plus haute juridiction du Gabon après le recours qu'il a déposé contre la réélection d'Ali Bongo Ondimba, alors que le pays commence à battre le compte à rebours du verdict attendu d'ici deux semaines au plus.

Pour sa part, le président sortant Ali Bongo Ondimba a déclaré en fin de journée qu'il n'avait "pas exercé ni déclenché la violence" post-électorale dans son pays, mettant en cause son rival Jean Ping, dans un entretien à l'AFP.

 « Je n'ai pas exercé ni déclenché la violence », a déclaré M. Bongo, affirmant que les émeutes meurtrières et les pillages massifs étaient dus à "un climat" que l'opposant Jean Ping "a créé lui-même" après "une campagne violente, de mensonges, de dénigrement".

 « Président élu je le suis », a répété de son côté M. Ping, donné perdant d'une courte tête par les résultats officiels provisoires au profit du président sortant.

 "Le président sorti", a-t-il ironisé, vêtu d'un costume sombre et d'une chemise bleu ciel, sous les vivats de 200 à 300 partisans réunis dans la cour de son QG de campagne de Libreville qui porte encore les traces de l'assaut des forces de sécurité il y a dix jours.

 M. Ping demande à la Cour constitutionnelle un nouveau comptage des voix bureau de vote par bureau de vote dans la province du Haut-Ogooué (sud-est), qui a assuré la victoire de M. Bongo avec plus de 95% des suffrages et plus de 99% de participation.

 L'opposant a mis en garde les neuf juges - nommés par le chef de l'Etat et les présidents de l'Assemblée nationale ainsi que du Sénat -, dont la décision sera sans appel. « Il ne fait aucun doute qu’en cas de non-respect de la réalité du vote des Gabonais par la Cour constitutionnelle, le peuple, qui n’aurait dans ce cas plus rien à perdre (...) prendra son destin en mains », a lancé M. Ping.

 La Cour dispose d'un délai de quinze jours pour rendre son verdict. Le pays vit dans un calme tendu depuis l'éruption de violences meurtrières qui a suivi l'annonce le 31 août de la réélection d'Ali Bongo (manifestations, déploiement sécuritaire, émeutes, pillages...).

Tour de Pise

 M. Ping a reconnu qu'il avait saisi avec des "appréhensions légitimes" la Cour "que les Gabonais appellent désormais la Tour de Pise, parce qu’elle penche toujours du côté du pouvoir. "Mais je suis républicain", a-t-il ajouté.

 Pour le président Bongo, c'est un « climat que M. Ping a créé lui-même par rapport à la campagne qui a été la sienne. Une campagne violente, une campagne de mensonges, de dénigrement qui n'a pas fait honneur au pays, donc je ne m'inscris pas dans ce registre du tout ».

Reconnaissant qu’aucun dialogue direct n’a pas été entamé avec Jean Ping, le président sortant a affirmé : « Ce n’est pas de ma faute ». « Moi je n’ai jamais refusé de discuter », a-t-il dit. « J'ai voulu des élections démocratiques, j'ai voulu des élections transparentes, j'ai voulu un scrutin qui soit juste, je ne suis pas rentré en fraudes ».

 La France, qui souhaitait la saisine de la Cour constitutionnelle, a prévenu que les contestations devaient être « examinées avec transparence et impartialité », selon son ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. « La France demeure attentive à la situation de plusieurs de ses compatriotes en faveur desquels elle souhaite exercer la protection consulaire prévue par la convention de Vienne. Elle appelle à la pleine coopération des autorités gabonaises ».

 Quelque 10.000 Français sont inscrits dans les consulats de France de Libreville et de Port-Gentil, la capitale économique. Plusieurs milliers d'autres vivent au Gabon sans être enregistrés dans les consulats.

 Un navire de guerre français se trouve dans le golfe de Guinée entre Pointe-Noire et Malabo, a indiqué de son côté sur RFI un porte-parole de l'état-major de l'armée française.

 Pour sa part, Le Maroc a appelé vendredi "à la retenue et à la sagesse" au Gabon, en pleine crise post-électorale, dénonçant "les appels à la violence lancés par certains candidats", selon le ministère des Affaires étrangères.

 Signe de tension au Gabon, un journaliste de la télévision publique très proche du pouvoir, Gabon Télévision, a été bousculé et insulté vendredi dès son arrivée au QG de Jean Ping, avant la déclaration de l'opposant.

 Insulté "collabo", "enfoiré", le journaliste, Jean-Raoul Mbadinga, a été raccompagné sous escorte à l'extérieur de l'enceinte.

 Les partisans de M. Ping accusent Gabon Télévision et sa chaîne d'information continue Gabon 24 de mentir ou de ne rien dire sur le "vrai bilan" des violences.

 Ces troubles ont fait trois morts, selon le ministre de l'Intérieur, un chiffre contesté par M. Ping, pour qui "les morts s'ajoutent aux morts".

"D’ores et déjà, nous exigeons l’ouverture d’une enquête internationale, qui ferait toute la lumière sur les violences de ces derniers jours et particulièrement sur ces morts dont le nombre devient effrayant", a affirmé le rival d'Ali Bongo, sans avancer de preuve.

Source : AFP

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