Géostratégie : accord d’érection d’un pont sur la mer Rouge reliant l’Arabie Saoudite à l’Egypte

Lundi 18 Avril 2016 - 16:59

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Le roi Salmane d’Arabie Saoudite et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont signé un accord pour ériger un pont sur la mer Rouge. Ce pont va relier le continent africain et le continent asiatique.

C’est un projet « pharaonique », à visée économique, qui cache des enjeux géostratégiques majeurs. L’accord a été signé au Caire, lors de la visite du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud. Le pont qui mesurera 32 kilomètres, enjambera la mer Rouge et coûtera entre 2,7 et 3,5 milliards de dollars. L’investissement sera en grande partie assuré par l’Arabie Saoudite. « Les continents africain et asiatique, sont un saut   qualitatif [car] il va augmenter les échanges commerciaux entre les deux continents à des niveaux sans précédent », a déclaré le Roi Salmane.

Abdel Fattah al-Sissi a proposé que le pont porte le nom du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.  Les Îles de Tiran et Sanafir, situées en mer Rouge à la pointe du Sinaï, devraient servir d’appui pour le pont. En effet, ces deux îles rappellent la guerre des six jours qui a été déclenchée en 1967 lors de la fermeture du détroit de Tiran par le président Nasser. Israël les occupera jusqu’au traité de paix avec l’Egypte en 1979.  

L’un des objectifs de ce pont est la facilitation des échanges économiques et humains. L’autre objectif, non-dit, concerne la sécurité. Ryad est obsédée par le risque de déstabilisation de soulèvement  à l’intérieur du pays. Ce pont permet de créer des alliances, des connivences stratégiques. Le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud l’a d’ailleurs affirmé : « nous oeuvrons ensemble pour la création d’une force arabe conjointe ».

Ce pont  garantit une capacité de réaction immédiate des forces égyptiennes au cas où l’Arabie saoudite se sentirait menacée. Du côté égyptien, on a également besoin de soutien pour lutter efficacement contre l’Etat islamique, présent dans le Sinaï.

Ce pont  recompose les relations régionales faisant du Caire un allié stratégique pour Ryad à l’heure de graves tensions qui se profilent avec l’Iran, en lien avec les crises syriennes et yéménites. On vit un renversement d’alliance, un rapprochement géographique  entre Israël et l’Arabie Saoudite. On ne peut plus exclure une alliance Arabie Saoudite -Egypte-Israël. 

Noël Ndong

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