Gouvernance publique : Clément Mouamba propose des réformes rigoureuses

Vendredi 3 Juin 2016 - 20:18

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Premier ministre Clément Mouamba a présenté le programme d’action du gouvernement aux députés le 3 juin au Palais des congrès. Pendant près d’une heure et demie, le chef du gouvernement a détaillé la situation socio-politico-économique du Congo avant d’en proposer des mesures rigoureuses de redressement.

Après avoir passé en revue la situation socio-économique pendant la période 2010-2015 marquée par des avancées significatives dans presque tous les domaines d’activités de l’Etat, Clément Mouamba a déclaré que l’écroulement des prix du baril de pétrole, depuis fin 2015, a négativement influencé l’économie congolaise.

Ainsi, a dit Clément Mouamba, la bonne gouvernance est une exigence de gestion moderne qui « nous impose d’être prédictif et proactif et d’instituer des systèmes de veille et d’alerte. La fonction publique ne peut plus être le principal employeur dans notre pays. Des bassins d’emploi sont à créer, notamment dans l’agriculture, le secteur privé et l’auto-emploi (économie numérique, petits métiers, artisanat, etc) », a-t-il dit.

Le climat des affaires sera amélioré, a-t-il poursuivi, pour favoriser la promotion de l’investissement productif et, par voie de conséquence, la création d’emplois pour les jeunes. Pour ce faire, a-t-il renchéri, des mesures d’incitation spécifiques feront l’objet d’études par les services techniques compétents.

Afin de mettre un terme aux lenteurs administratives dans les administrations publiques, a dit Clément Mouamba, le gouvernement commettra à une équipe d’experts de produire un rapport sur la détermination de délais de traitement des dossiers des usagers applicables à tous et dans les mêmes conditions.

Abordant le point sur la condition des retraités, le Premier ministre a déclaré que « le passage de la vie active au statut de retraité ne sera plus le chemin de croix tant redouté par les concernés : l’automaticité de la prise en charge doit devenir effective pour l’intérêt des retraités d’aujourd’hui et de demain ».

En ce qui concerne le système éducatif, le Premier ministre a  annoncé que le gouvernement commandera un rapport sur le fonctionnement du système éducatif afin de prendre des mesures urgentes qui s’imposent. « Ce système souffre d’un déficit chronique en enseignants dans presque toutes les matières au niveau des établissements scolaires. Le contrôle des établissements privés à tous les niveaux se fera sans concession. Le gouvernement initiera une étude pour créer un corps d’enseignants itinérants, afin de pallier le déficit et s’attèlera à inventorier toutes les solutions qui permettront d’augmenter le parc de tables-bancs dans nos écoles. La sécurisation des écoles publiques sera systématisée », a-t-il dit.

Clément Mouamba a annoncé que le gouvernement étudiera la faisabilité d’un programme d’installation, dans les administrations publiques, des équipements de contrôle de l’assiduité au travail des agents de l’Etat. La mise en œuvre de ce programme donnera lieu à une réforme de la gestion administrative des agents de l’Etat réglée sur la performance.

« La masse salariale des agents de l’Etat dépassera, en fin 2016, avec la sauvegarde de l’augmentation du point d’indice annoncée par le président de la République, la somme de 400 milliards de FCFA. Le pays doit tirer bénéfice de cette lourde dépense publique. Ainsi, la fonction publique cessera d’être la colonie de vacances ou la cour de récréation des agents paresseux », a martelé Clément Mouamba.

Si le déficit d’éthique sociale a pu prospérer au Congo, a-t-il dit, en dépit des organes de contrôle, notamment l’Observatoire anti-corruption, la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude ou l’Agence nationale d’investigation financière dont l’objet est de lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, c’est aussi, a-t-il insisté, peut-être parce que trop segmentés, ces organes n’ont jamais eu assez d’autorité pour prévenir et empêcher la prolifération des actes de corruption, de concussion et de fraude.

                                  La situation économique difficile

Le Premier ministre a annoncé qu’en 2015, les revenus pétroliers ont chuté de 65% et les recettes publiques totales ont diminué d’environ 43% par rapport à 2014. « Cette situation budgétaire difficile, que reflétera le projet de loi de finances rectificative 2016, que le gouvernement soumettra incessamment à l’examen du Parlement, expose le pays à l’épuisement des réserves constituées, à l’augmentation des arriérés intérieurs et au risque de surendettement », a déclaré Clément Mouamba.

A l’évidence, a-t-il ajouté, la situation actuelle appelle une réaction hardie, tant sur le plan des réformes à consolider ou à engager que sur le plan de la culture générale de la conduite des politiques publiques.  « Je dois donc à la vérité le dire solennellement aux Congolaises et aux Congolais que si le pays ne prend pas le courage de s’ajuster par lui-même, il y sera contraint par la volonté des autres, ce que personne ne souhaite, au regard de l’expérience douloureuse d’un passé récent », a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, Clément Mouamba a indiqué que son gouvernement sera avant tout préoccupé par le rétablissement de la stabilité macro-économique et la viabilité budgétaire, qui conditionnent le succès de la « marche vers le développement ».

Sur le plan politique, le Premier ministre a annoncé l’envoi sous peu au Parlement pour examen le projet de loi sur le statut de l’opposition. Il a déclaré que son gouvernement place le dialogue comme moyen de résolution des différends politiques.

    

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

1-Clément Mouamba délivrant son discours 2-Une vue partielle de l'assistance

Notification: 

Non