Greenpeace : l'attribution illégale de nouvelles concessions forestières fait jaser

Mercredi 13 Juillet 2016 - 16:04

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’ONG dénonce, dans un rapport, l'octroi par le gouvernement de trois titres forestiers en violation du moratoire sur l'allocation de nouvelles concessions de forêts qui est toujours en vigueur.

« Nous exigeons du gouvernement congolais qu'il annule immédiatement les trois contrats au profit de deux sociétés à capitaux chinois délivrés dans le secret et dans l'illégalité ». C’est en ces termes que s’est exprimé, mardi lors d'un point de presse à Kinshasa, Irène Wabiba Betoko, responsable de la campagne Forêt à Greenpeace Afrique. Cette dernière ne faisait que renchérir sur une recommandation contenue dans le dernier rapport de son institution dans lequel il est formellement demandé au gouvernement congolais de renoncer à l’attribution de nouvelles concessions forestières au profit de  deux sociétés à capitaux chinois, en l’occurrence, la Millénaire Forestière SARL (Somifor) et Congo SARL (Fodeco). La première aurait ainsi obtenu deux titres dans les provinces de la Tshuapa et de l’Equateur tandis que la seconde s’en tire avec un titre forestier dans la province de la Tshopo.

En tout cas, pour Geenpeace, l’octroi par le gouvernement de ces trois titres forestiers s‘est négocié en violation du moratoire sur l'allocation de nouvelles concessions de forêts qui est toujours en vigueur. Selon l’ONG, ces trois contrats forestiers qui concernent au total 650.000 hectares de forêts, ont été conclus en toute opacité en août 2015 sous le mandat de l’ex-ministre de l’environnement, Bienvenu Liyota Ndjoli. Nonobstant son caractère illégal, Geenpeace s’est étonné du mutisme observé par son remplaçant Robert Bopolo qu’elle a vite soupçonné d'avoir « cautionné ces contrats illégaux » dans la perspective de la levée du moratoire.

Vers l’annulation des contrats polémiques

Réagissant aux accusations de Greenpeace et à la pression exercée sur sa personne à propos de ce dossier, l’actuel ministre de l’Environnement est à son tour monté au créneau pour stigmatiser le flou ayant entouré ce marché négocié en toute clandestinité sans que les dividendes générés ne soient canalisés vers le Trésor public. « Ces contrats n’existent pas physiquement. Il n’y a pas eu occupation de concessions forestières, il n’y a pas eu de flux financiers en direction du Trésor public. Donc, tout ce que nous avons à faire, c’est de constater que le forfait n’a pas réussi et de prendre des dispositions pour annuler quand même par un arrêté cette infraction », a-t-il déclaré lors d’un point de presse faisant suite aux accusations de Greenpeace. Le gouvernement, a-t-il ajouté, entrevoit d’ores et déjà la possibilité d’annuler lesdits contrats, le respect du moratoire étant pour lui, une priorité.                 

Conscient qu'il doit encore faire des efforts, notamment en termes d'aménagement des espaces forestiers, l’Exécutif national est préoccupé par la maitrise de la superficie forestière destinée à l’exploitation industrielle plutôt que par ces types de marchés tendant à menacer la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, entend-on dire dans les milieux concernés. L’on rapporte, en effet, que le Code forestier adopté en 2002 ainsi que le moratoire décrété la même année dans l'attribution de nouvelles licences d'exploitation forestière industrielle, ne visaient qu’à mettre de l’ordre dans le secteur forestier. Aujourd’hui donc, fait-on savoir, les conditions ne sont pas remplies pour lever ce moratoire qui fixe entre autres les modalités d'attribution de nouveaux titres d'exploitation forestière.

Pour rappel, la RDC abrite plus de 60% des forêts denses du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical de la planète après l'Amazonie, avec une biodiversité très riche. Le pays possède ainsi la deuxième forêt tropicale primaire de la planète, avec 86 millions d'hectares dont près de 60 potentiellement exploitables.

Alain Diasso

Notification: 

Non