Helmie Bellini : « Je me sens toujours investie de représenter mon pays au travers de ma culture, quel que soit l’endroit où je passe… »

Jeudi 8 Août 2013 - 3:29

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Artiste africaine jazz poète, Helmie Bellini, fière de ses origines, met en avant par sa voix noble les meilleurs mots glanés au détour de l’enrichissement de ses rencontres entre l’Afrique et l’Europe. Les spécialistes s’accordent pour apparenter son travail à « un voyage musical sans frontières »

Helmie Bellini, Africaine poète JazzwomanLes Dépêches de Brazzaville (LDB) : Comment expliquez-vous votre absence aux festivités de l’indépendance du Congo le 15 août à Djambala alors que l’essentiel de votre musique véhicule les valeurs du chef-lieu du département des Plateaux ?

Helmie Bellini (HB) : Effectivement, je suis actuellement et jusqu’au 16 août, au festival international de jazz de Marciac, en France, où le public acclame mon répertoire jazz comprenant des chansons en téké et lingala. Je pensais pouvoir être aux réjouissances de la municipalisation accélérée à Djambala, car je me sens toujours investie du désir de représenter la culture de ce département des Plateaux, quel que soit l’endroit où je passe. L’idée d’être absente lors dudit événement n’a de cesse de me chagriner. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir effectué les démarches en ce sens, car j’avais contacté les autorités compétentes pour motiver ma participation patriotique. Hélas, j’ai subi une fin de non recevoir par un silence administratif incompréhensible.

LDB : Est-ce que cette explication est la même pour votre non-participation à la neuvième édition du Fespam à Brazzaville ?

HB : Effectivement, j’ai été blessée du même comportement silencieux à mon égard de la part des autorités congolaises. À cette même période, je m’étais rendue au Congo l’an passé sur invitation de Jean-Luc Aka-Évy, directeur du ministère de la culture. Ce dernier avait pris la peine de venir auparavant m’auditionner sur scène à Paris et avait organisé ma venue à la neuvième édition du Fespam. Depuis cette initiative, je n’ai eu de cesse de me rapprocher des autorités compétentes en la matière sans plus de succès. Je ne pouvais pas présumer indéfiniment d’une réponse qui, hélas, se faisait décidément trop attendre. Ainsi, lorsque l’opportunité de me rendre en Italie puis de poursuivre par le festival de Marciac s’est présentée, j’ai dû accepter, au grand dam de ne pouvoir me rendre au Congo. Je profite des Dépêches de Brazzaville pour réitérer mon cri le plus ardent : « Je veux participer à la prochaine édition du Fespam. »

LDB : Quelle est la promotion culturelle à entreprendre afin que les artistes de la diaspora puissent être connus et invités aux rendez-vous culturels au Congo ?

HB : Le Congo est une terre de cultures. Nos autorités font d’énormes efforts pour la culture depuis l’accession à l’indépendance : la semaine culturelle et d’autres rendez-vous en sont la preuve. Mais, à mon humble avis, pour ne pas oublier ses talents dispersés dans le monde, le Congo devrait créer un pôle d’écoute, de rencontres et d’échanges au niveau du ministère de la Culture, mettre en place des antennes auprès des attachés culturels de nos ambassades les plus représentatives, recenser les artistes et leur donner les moyens de pouvoir s’exprimer, et constituer des délégations d’artistes capables de pouvoir défendre les couleurs du pays au niveau des manifestations internationales. Ce sont des initiatives susceptibles de maintenir en forme la vie artistique. Les Congolais de l’étranger sont à présent dotés d’un département auprès de la présidence de la République : il devrait être à même de gérer ce genre de structure !

LDB : Après la période des festivals, où poserez-vous vos instruments ?Visuel du CD "Il était une voix" de Helmie Bellini

HB : Ma voix étant mon principal instrument, c’est à juste titre que je me reposerai dès la fin du festival international Jazz in Marciac. Par la suite, à la rentrée, je continuerai mon cycle d’études entamé depuis deux ans à l’Imep, ex-American School of Modern Music de Paris pour aller encore plus loin dans la compréhension de mes propres compositions musicales et des musiques de genres différents ! Car j’estime que mon projet « Il était une voix », entamé en 2005, est une continuité de perfectionnement d’imbrications de sonorités depuis l’origine jusqu’aux temps modernes.

Deux premières strophes du poème écrit par Helmie Bellini pour le Congo

Congo
Il me faut laisser au temps
le pouvoir de te faire grandir
Tu seras ma forêt
Arbres aux feuillages bruissant
que seules mes mains impatientes
dévêtiront.
Il me faut laisser au temps
le pouvoir de te faire grossir
Tu seras mon fleuve
Cascades et rapides puissants
Qui seuls ardemment mes reins
dévaleront

Marie-Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Helmie Bellini. (© Fabrice Boutleux) Photo 2 : Le CD « Il était une voix » de Helmie Bellini. (© Linda Drouet)